Dans le cadre de notre série d’articles consacrés à l’optimisation de la fonction finance pour les sociétés de négoce, Malik Dahmoune, fondateur de la société Finelia, expose les enjeux du suivi automatisé des opérations de trade finance et les perspectives de modernisation de l’activité ouvertes par la révolution digitale. Pour approfondir le sujet après la lecture de cet entretien, téléchargez notre nouvelle étude (en anglais) en complétant le formulaire en bas de page.

– Quels sont les enjeux de la digitalisation pour les sociétés de négoce ?

– L’activité de négoce nécessite une vision consolidée de l’ensemble des opérations traitées à chaque instant et dans les différents points du globe. L’enjeu est de suivre finement l’exposition au risque de la société, d’être en mesure de calculer la rentabilité de chaque opération, indépendamment du type d’instrument qui la finance, et de gérer les lignes de crédit.

Actuellement, ces processus sont rarement automatisés et, quand ils le sont, ce n’est le plus souvent que partiellement. Une majorité de négociants suit encore aujourd’hui les opérations de trade finance dans un tableur excel, qu’il faut alimenter manuellement, avec des risques naturels d’erreurs. Un crédit documentaire est une opération qui évolue dans le temps, avec une cadence d’évènements inadaptée à un enregistrement purement matriciel.

Il existe bien des plateformes de suivi des instruments de trade finance. Celles-ci échouent toutefois à donner pleinement satisfaction. Trop régionales, elles peinent à trouver leur public. Plus verticales, elles ne ciblent que les entreprises monosectorielles et ne couvrent qu’une partie des besoins des grandes sociétés de négoce, actives sur divers secteurs. Enfin, les fonctionnalités sommaires des marketplaces ne permettent ni de centraliser, ni de piloter efficacement les crédits et encaissements documentaires, les garanties et les effets de commerce.

– Le secteur va-t-il passer à côté de la révolution digitale ?

– Non. Une modernisation de l’activité de négoce semble permise par le progrès technologique, à travers une dématérialisation accrue des documents, du suivi des marchandises et des aspects de conformité. La blockchain fait le lien entre tous les acteurs impliqués dans une transaction. Dans un contexte où les documents seront totalement dématérialisés, cette technologie permettra grâce aux smart contracts une réduction des durées de traitement, des coûts et des risques associés. Au niveau de la supply chain, l’internet des objets (IoT) promet de faciliter le suivi et la traçabilité des marchandises, pour un meilleur contrôle. Tout cela va prendre du temps. La gouvernance et le cadre juridique sont deux sujets critiques à adresser. Actuellement, chaque catégorie d’intervenants (importateurs, exportateurs, banques, compagnie maritimes, autorités portuaires, compagnies d’assurances, gouvernements, etc.) cherche encore à imposer sa plateforme et/ou son propre système comme nouvelle norme à adopter !

– Que peuvent faire les sociétés de négoce dans ce contexte ?

– Sans attendre, chaque entreprise de négoce peut dès à présent se mettre en ordre de marche pour échanger avec ses partenaires, notamment bancaires, des fichiers structurés de façon à collecter et centraliser les informations. Cette évolution représente un pas non négligeable vers l’unification des processus de gestion des données (data management), essentiels au pilotage de la liquidité, à la prévision des cash flows et à la gestion des risques (risque de contrepartie, change, taux, cash-at-risk,etc.)

Communiquer efficacement avec l’ensemble de ses banques facilite les tâches du quotidien telles que les demandes d’ouvertures de crédit documentaire (LC), la prise en compte des relâches de stocks (dans le cadre des opérations de pledge), ou encore les émissions de garanties.

A ce jour, le mouvement d’automatisation du traitement des crédits documentaires et des garanties bancaires est porté par la centrale de messagerie financière internationale SWIFT. Les messages SWIFT relatifs au Trade Finance sont de type 7XX. Le message MT 700 par exemple, contient les termes et conditions d’un crédit documentaire. Sur le modèle du format allemand DTA, SWIFT a pris l’initiative d’étendre l’utilisation de son format de messagerie pour permettre aux entreprises de dialoguer directement avec leurs banques. Cette communication se fait par le biais de requêtes spécifiques FileAct ou via des messages FIN structurés qui sont transportés dans des enveloppes dites MT 798.

– Quel est le canal privilégié pour ces échanges de messages ?

– Le transport des messages s’effectue nativement via le canal Swiftnet. Néanmoins, une entreprise et sa banque peuvent tout à fait convenir d’un autre canal (Ebics, Host to Host, SFTP, etc.). Les échanges entre la banque et l’entreprise prennent la forme d’un lot de messages MT 798, dont chaque type représente un événement précis, comme une demande d’ouverture, un avis d’irrégularités, etc. Un lot est composé d’un premier message d’index, suivi d’un message de détail et d’un éventuel message d’extension. Il existe en tout 48 types de messages.

Le sujet « MT 798 » gagne en notoriété au sein des banques, y compris au sein des banques régionales, qui ont pour la plupart démarré les développements ou a minima lancé des études de faisabilité. Près de 50 groupes bancaires sont aujourd’hui opérationnels sur le MT 798, selon SWIFT, dont une majorité de banques européennes.

Le négociant peut ainsi communiquer avec l’ensemble de ses banques via un canal unique. Pour ce faire, l’entreprise devra au choix adapter son outil informatique à ce nouveau protocole, ou utiliser un logiciel qui traite l’ensemble des messages SWIFT MT 798. L’éditeur Finelia propose ainsi une solution multi-banques de traitement et de suivi dédiée au Trade, intégrant la possibilité d’échanger avec les banques des messages MT 798, via Swiftnet ou Ebics. En s’interfaçant avec le système d’information du client, ce nouvel outil permet l’ouverture automatisée d’une L/C, d’une garantie ou remise documentaire à partir des détails d’un contrat dès sa validation.

A l’export, les documents requis dans le crédit documentaire sont édités automatiquement. Le service exécution peut ainsi envoyer ses instructions (consignes de rédaction des documents) à partir des champs figurant dans le message MT 700, éliminant de facto tout risque d’erreur de saisie, une des principales causes d’irrégularités relevées par les banques. Ces mêmes documents peuvent également être scannés et envoyés à la banque via FileAct. Certaines banques acceptent désormais la pré-vérification des documents au format électronique, ce qui constitue une avancée majeure vers la digitalisation du Trade Finance.


Les sociétés de négoce international font face à de nombreux risques qui peuvent ébranler des années de développement patient

Compte tenu des nombreux défis auxquels les sociétés de négoce sont aujourd’hui confrontées, l’équipe de Redbridge a jugé utile de partager avec les responsables financiers ses réflexions sur un large éventail de sujets tels que les relations bancaires, l’optimisation de la trésorerie et les évolutions des modes de financement du secteur.

Au sommaire de cette nouvelle publication (en anglais)

  • Les sociétés de négoce et les banques : qui a peur de qui ?
  • Qu’est-ce qui motive l’appétit des banques à financer les activités de négoce ?
  • Pourquoi les borrowing bases ont-elles de l’avenir ?
  • Les fonds de trade finance sont-ils une source de financement alternative intéressante ?
  • Comment disposer d’une vision consolidée sur chaque opération de trading en temps réel ?

Ainsi que le point de vue des responsables financiers de :

  • Trafigura
  • Louis Dreyfus
  • Alvean

Pour accéder à notre étude (en anglais), merci de compléter le formulaire ci-dessous

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