Pour la centrale de messagerie internationale SWIFT, la connexion des différents systèmes de paiements en continu et en temps réel est une manière de prolonger son initiative en faveur d’une plus grande transparence et d’une plus grande rapidité dans les virements cross-border SWIFT gpi. Entretien avec la responsable des initiatives de paiement EMEA chez SWIFT, Isabelle Olivier.

– Comment la centrale de messagerie financière internationale SWIFT perçoit-elle le développement des systèmes de paiements instantanés dans le monde ?

– Nous sommes convaincus que l’instantanéité représente l’avenir des paiements. Notre réseau de communication bancaire permet déjà de communiquer en une fraction de seconde, mais l’avènement de l’instantanéité relève bien au-delà le niveau des exigences fixées à chaque infrastructure de paiement. Les systèmes devront être accessibles 7 jours sur 7 et 24 heures sur 24.

Dans ce contexte, nous participons à la construction de ce monde des paiements instantanés de deux manières. Nous développons des rampes d’accès aux systèmes de paiement en temps réel pour les utilisateurs bancaires. Et à plus long terme, nous avons pour ambition de connecter entre eux les différents systèmes de paiements en temps réel dans le monde, à travers et pour les intermédiaires bancaires.

À ce jour, nous avons accompagné la création du système de paiement instantané en Australie, en développant, entre autres, une interface client utilisée au quotidien depuis plus d’un an. Nous avons réutilisé cette expérience pour développer en Europe une solution permettant aux banques d’accéder au système RT1 opéré par EBA Clearing et à celui de la chambre de compensation de l’Eurosystème, TIPS (Target Instant Payment Settlement).

Après cela, nous avons cherché à innover en combinant les avantages du monde de l’Instant Payment à ceux des paiements gpi. Pour rappel, gpi est une initiative mondiale de SWIFT visant à apporter une visibilité accrue sur les virements internationaux. L’an passé, nous avons mené un « proof of concept » sur l’acheminement d’un paiement australien intercepté par une banque en France en pleine nuit, avant d’être redirigé à travers la plateforme TIPS vers une banque espagnole. Le règlement était instantané.

Ce faisant, nous cherchons à réaliser des paiements cross-border instantanés, là où les initiatives de paiements instantanés sont essentiellement domestiques ou à l’échelle d’une zone monétaire.

 

– Quel système acheminait la transaction cross-border instantanée ? Le système australien New Payments Platform (NPP) ?

– J’ai donné l’Australie en exemple, mais nous avons testé également des paiements en provenance de Singapour et des États-Unis. À chaque fois, la première partie de la transaction était acheminée sur le réseau FIN de SWIFT, traditionnellement utilisé pour les transactions internationales. La banque française a ensuite transformé ce virement en un paiement SCT Inst, avant de le renvoyer sur le réseau SWIFT à TIPS, qui a déclenché l’ordre vers la banque espagnole du destinataire. Sans intervention manuelle et de nuit, le paiement cross-border a été traité en moins d’une minute.

Des tests semblables ont été réalisés avec la plateforme de paiement instantané en Australie et à Singapour. Nous en réaliserons d’autres très bientôt, notamment avec le système Faster Payments en Angleterre.

 

– Quel est l’intérêt de ce « proof of concept » ?

– L’intérêt réside dans la démonstration de la capacité à traiter des ordres de paiement à toute heure et n’importe quel jour, même durant les heures de fermeture des systèmes traditionnels. Concernant la rapidité, nous avons gagné quelques secondes, mais ce n’est pas le principal intérêt. Notre ambition est, à terme, de pouvoir connecter entre eux les systèmes instantanés dans le monde. Maintenant, il faut étudier les besoins et recenser les complexités de l’entreprise. À ce stade, nous avons démontré que techniquement, cela pouvait fonctionner.

 

– Le fait que tous les systèmes de paiements instantanés n’utilisent pas des formats récents de message ISO 20022 constitue-t-il un obstacle à votre ambition de les connecter entre eux ?

– En effet, dans le cadre de notre « proof of concept », nous avons passé beaucoup de temps sur ces aspects d’interopérabilité entre les formats FIN/MT et la version standard utilisée par les plateformes européennes de paiement instantané telles que TIPS. Nous avons pris la décision de créer un groupe de travail chargé de définir la meilleure pratique de marché pour l’utilisation du standard ISO 20022 appliqué au monde des paiements instantanés cross border.

 

– Dans le « proof of concept », comment avez-vous intégré la problématique de change ?

– C’est l’une des banques partie prenante à la chaîne de transaction, qui fera l’opération de change. Nous avons à ce stade exclu la complexité de la problématique de change. L’idée est de garantir aux banques leur fonction actuelle, tout en utilisant des systèmes qui sont plus modernes, plus rapides et disponibles plus longtemps. L’opération de change restera dans le champ d’action d’une des banques impliquées dans la chaîne de paiement.


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La nouvelle revue des moyens de paiements de Redbridge donne la parole aux responsables monétique en entreprise, aux prestataires de services de paiements, aux éditeurs et aux banquiers. Leurs témoignages sont complétés par l’analyse de nos consultants en trésorerie pour saisir l’ensemble des enjeux et des tendances du monde de la monétique.

Paiements innovants, paiements instantanés, e-commerce, fraude, sécurité, schéma directeur des paiements… Sur tous ces sujets, notre nouvelle publication présente le positionnement des acteurs de l’industrie des paiements et fournit un guide sur qui peut faire quoi dans la réussite de votre projet monétique.

A retrouver dans notre ouvrage :

  • Le point de vue de Jean-Michel Chanavas, délégué général de Mercatel
  • Analyse – L’avenir des paiements
  • Analyse – E-commerce, une stratégie pour maximiser ses ventes et lutter contre la fraude
  • Observatoire 2020 du virement instantané – Enquête auprès des banques, des éditeurs et des PSP

 

Ainsi que nos entretiens avec :

  • Michel Yvon, Décathlon
  • Charles Lutran, Critéo
  • Isabelle Olivier, SWIFT…

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Les corporates du SBF120 ayant recours à des opérations déconsolidantes dans le cadre de programmes d’affacturage établis et récurrents, ou d’opérations « spot » en fin d’année ou de semestre gagnent en moyenne 0,3 x de levier, rappellent nos experts Hugo Thomas et Olivier Talvard.

 

Le marché de l’affacturage a connu un recul d’activité historique au 1er semestre 2020. Dans son rapport semestriel, l’Association Française des Sociétés Financières (ASF) chiffre à -10,2% la contraction de l’activité des factors. D’importantes disparités sont observées entre la facturation domestique (-13,4%) et celle à l’international (-3,0%), qui représente désormais le tiers de la production du marché. Notons que ces chiffres quantifient les baisses de volumes de factures cédées aux factors et non pas le niveau global de financement ainsi octroyé par ces derniers. Ce dernier indicateur, pourtant essentiel, n’est malheureusement jamais publié.

Les anticipations d’un recours croissant à l’affacturage pour financer la reprise d’activité après l’été ne se sont pas produites. Les grandes sociétés d’affacturage en France notent que le nombre de nouvelles opérations est resté limité, notamment sur le segment de la clientèle TPE/PME. L’explication réside dans l’efficacité des mesures publiques de soutien à l’économie, au premier rang desquelles les PGE, qui ont permis de soulager, pour un temps au moins, la liquidité des entreprises. Une autre explication est sans doute à rechercher dans la position des assureurs-crédit qui ont réduit rapidement et parfois drastiquement, leurs approbations, conduisant mécaniquement à une moindre vitalité de l’industrie qui en est pour partie dépendante.

 

Amélioration du levier

Le dynamisme du marché est néanmoins soutenu par la demande émanant d’ETI et de grands groupes, désireux de déconsolider pour partie leur poste client afin de piloter leur atterrissage, dans un contexte de dégradation généralisée des ratios financiers. Le ratio de levier, qui est fréquemment utilisé comme covenant ou pour déterminer la marge d’un crédit bancaire, peut-être alors ajusté du ratio Montant Déconsolidé / EBITDA, pour limiter les impacts d’une performance financière dégradée. Selon une étude Redbridge, les corporates du SBF120 ayant recours à ces opérations déconsolidantes (dans le cadre de programmes d’affacturage établis et récurrents, ou d’opérations « spot » en fin d’année ou de semestre) gagnent en moyenne 0,3 x de levier.

La forte proportion de demandes d’opérations ponctuelles de cessions de créances commerciales sans recours en vue de la clôture intermédiaire de juin dernier, et en cette fin d’année, traduisent un besoin accru de maîtrise des ratios financiers pour l’exercice 2020. Il est certain qu’un emprunteur aura souvent tout intérêt à bonifier ses ratios en recourant à la déconsolidation d’une partie de ses créances, plutôt que de solliciter dans le cadre d’un waiver ses prêteurs ou investisseurs obligataires, pour qui la demande n’a rien d’automatique !

Les opérations dites ‘spots’ obéissent aux mêmes grands principes que les opérations récurrentes (programmes d’affacturage) en matière de déconsolidation en IFRS : la quasi-totalité des risques et avantages liés à ces créances doivent être transférés au factor pour que les créances soient sorties du bilan de l’entreprise cédante. L’absence de recours du factor envers le cédant est au cœur de la structure : le risque de crédit est transféré à l’assureur-crédit ou, plus rarement, supporté directement par le factor sur « ses fonds propres ». Les cessionnaires (factors, banques…) se prémunissent du risque de dilution (non-paiements liés à des litiges, compensations, erreurs de facturation et autres non valeurs) en mettant en place un fonds de garantie. Le risque de portage et de retard de paiement est traité en augmentant la durée de calcul des commissions de financement précomptées (DSO + jours de sécurité).

Du point de vue d’un factor, une cession spot déconsolidante en IFRS est plus risquée qu’une cession dans le cadre d’un programme : à titre d’exemple, l’absence de compte dédié aux encaissements des factures cédées (qui est la règle dans les opérations ponctuelles car l’organisation des encaissements pour une période de quelques semaines ne saurait être changée) créé un risque de commingling sur le cédant ; aussi l’impossibilité d’ajuster par la suite la durée de calcul des intérêts précomptés augmente le risque de retard de paiement. En conséquence, l’appétit des factors est moindre et concentré dans ce cas sur des cédants au profil de crédit solide (car en effet, malgré l’absence de recours envers le cédant, le factor reste sensible dans son analyse à sa qualité de crédit !).

Le prix est également plus élevé, jusqu’à deux fois – toutes choses égales par ailleurs – celui d’un programme d’affacturage. Cependant, l’économie qu’une telle opération peut permettre de réaliser sur d’autres instruments financiers fait relativiser son coût. La possibilité de signer une cession spot en quelques semaines avant une clôture, malgré la nécessaire validation du montage par les commissaires aux comptes, en fait un outil particulièrement souple au profit du cédant.

Cette recrudescence actuelle des opérations d’affacturage déconsolidant, assez légitime au regard de la crise, conduira certainement les commissaires aux comptes, à suivre avec une stricte minutie le cadre des contraintes IFRS permettant de qualifier comme décomptabilisant un montage. C’est sûrement à avoir à l’esprit pour les opérations de fin 2020 et de 2021. Dans ce contexte, une base documentaire simple et lisible (convention de cession ou contrat d’affacturage), des débiteurs cédés bon payeurs et des quantums recherchés raisonnables sont d’autres facteurs clés de succès à avoir à l’esprit.

Fin 2015, le groupe SMCP – Sandro, Maje, Claudie Pierlot et De Fursac – prenait la décision de migrer ses plateformes e-commerce vers une solution PSP « full service ». Dans un entretien à Redbridge, Olivier Brou, directeur financements et monétique de SMCP, expose les fondements de la stratégie monétique unifiée du groupe et de ses enjeux pour demain.

 

– Pouvez-vous nous décrire brièvement l’organisation et les enjeux de la monétique au sein du groupe SMCP ?

– SMCP est un leader mondial du marché du luxe accessible avec un portefeuille de quatre marques parisiennes uniques : Sandro, Maje, Claudie Pierlot et De Fursac. Présent dans 41 pays, SMCP est un groupe à forte croissance qui a franchi le seuil du milliard de chiffre d’affaires en 2018, pour atteindre 1,135 milliard d’euros en 2019. Le groupe comprend un réseau de plus de 1 500 magasins dans le monde et une présence digitale forte, sur l’ensemble de ses marchés-clés. Sandro et Maje, ont été fondées respectivement en 1984 et en 1998 et Claudie Pierlot et De Fursac ont été acquises par SMCP respectivement en 2009 et 2019.

La monétique est un sujet important pour un groupe de distribution tel que SCMP, qui opère et donc encaisse directement dans la grande majorité de ses points de vente et ses sites e-commerces. Les encaissements par carte représentent plus de 84 % de nos ventes dans les pays où la culture cash est encore présente, comme chez nos voisins allemands, et montent jusqu’à presque 100 % dans des pays comme la Chine.

Au sein du département Financements, Trésorerie et Monétique, deux personnes sont en charge de ce sujet monétique. Construire une offre de moyen de paiement adaptée aux attentes et aux pratiques de la clientèle en divers endroits du globe nécessite d’être à la fois spécialisé et polyvalent dans son approche. Nous avons un enjeu d’harmonisation de l’offre, pour des raisons évidentes de coûts, et un équilibre à trouver pour que le parcours client reste fluide au moment du règlement. Sur les ventes en ligne, notamment, l’offre de moyen de paiement se construit avec le département Digital, avec une double problématique d’intégration des solutions à nos plate-forme de e-commerce et de lutte contre la fraude, tout en répondant aux attentes de nos clients en tous lieux et cela en tenant compte des devises utilisées.

 

– Quel est votre schéma directeur des moyens de paiement dans vos magasins (Brick and Mortar) ?

– Le choix de SMCP concernant la gestion des encaissements a toujours été de se tourner vers des solutions de services globales fournies par les Prestataires de Services de Paiements (PSP). Nous considérons que le cœur de nos opérations n’est pas de négocier la mise en place de tel ou tel moyen de paiement avec tel ou tel organisme, mais de servir nos clients et de leur proposer des parcours et des expériences qui soient les plus simples et fluides possibles et ainsi multiplier leurs expériences de paiements.

La particularité du PSP est qu’il prend non seulement en charge les aspects contractuels avec les acquéreurs, et cela pour tous les pays où nous souhaitons opérer, mais aussi qu’il s’assure des aspects techniques. Il fournit au commerçant l’accès à une plateforme pour gérer l’intégralité de son environnement, de la création de ses comptes marchands, la hiérarchie des comptes et la gestion des données de reporting comptable et transactionnels en passant par la gestion à distance du parc de terminaux de paiements.

Notre prestataire a été sélectionné à l’issue d’un appel d’offres. Nous avons rencontré des acteurs globaux, d’autres qui étaient plutôt régionaux, voire purement nationaux. Nous avions besoin d’un acteur régional a minima, capable d’interfacer facilement sa solution avec nos plateformes e-commerce et nos outils comptables. Nous recherchions également des gains de temps et une simplification. Notre objectif de simplifier et centraliser la gestion de notre parc de TPE a été très facilement atteint.

Très vite, et cela au regard de notre vitesse de déploiement hors de France, nous avons fait le choix d’une architecture monétique centralisée en mode « Full Service » il y a trois années. Nous avons depuis déployé celle-ci en France et en Europe (14 pays), aux Etats-Unis, au Canada, et avons débuté l’Asie par Singapour et prochainement la ville de Hong Kong. En 2021 viendra le déploiement de notre solution en Malaisie.

En définitive, les seuls pays qui ne seront pas déployés sont ceux où la régulation locale rend impossible de telles architectures d’encaissements, notamment en Chine continentale pour le moment. Nous pouvons ainsi au travers de notre plateforme, avoir toute la souplesse attendue pour proposer et activer à distance les moyens de paiements globaux ou locaux attendus par nos clients.

Notre socle de moyens de paiement se fonde toujours sur les grands réseaux de cartes. En France et en Europe, les schemes Carte Bancaire, Visa, Mastercard, American Express, WechatPay et Alipay sont les éléments de base. S’y ajoutent selon les attentes de nos clients et selon les pays d’autres moyens qui restent locaux. Tout récemment, la crise sanitaire de la COVID-19 a accéléré la nécessité d’offrir des solutions de paiement de paiement de type Wallet ou Pay By Link, qui ne nécessitent pas de contacts entre personnes.

 

– Comment se présente le schéma directeur des paiements pour la vente en ligne ?

– La migration de nos plateformes e-commerce vers une solution PSP « full service » a ainsi consisté à évaluer la capacité de chaque opérateur à nous accompagner dans la durée et à se montrer réactif à nos demandes, en tenant compte des géographies où SMCP était présent et allait se développer. Nous avions à ce titre une idée très précise de nos besoins en termes de moyens de paiements. Nous avons donc consacré nos efforts sur la recherche d’une interface back office qui soit la plus intuitive possible et nous permette de piloter une activité qui représente près de 15% de nos ventes en 2019.

Une fois le partenaire retenu, le déploiement s’est fait pays par pays, et cela assez rapidement. Il est plus simple d’intégrer directement une zone à la plate-forme en gérant un seul go-live, que d’opérer un basculement d’une plate-forme à une autre. Il est à noter qu’en e-commerce la migration d’une solution vers une autre est un projet complexe, qui comprend de nombreux flux et pour lequel le Go Live doit être parfait dès le premier jour.

 

– Comment gérez-vous la problématique de fraude sur les ventes en magasin ?

Nous avons en première instance des procédures éprouvées en magasin : authentification forte avec saisie du code PIN pour les encaissements par cartes, contrôle d’identité si nécessaire et demande d’autorisation systématique.

 

– Comment gérez-vous la problématique de fraude sur les ventes en ligne ?

– Le particularisme de la fraude on-line est géré via le moteur de gestion des risques de notre PSP qui est paramétré et ajusté en permanence par nos équipes. C’est par exemple le cas au travers de l’analyse de thématiques diverses, portant notamment sur le comportement de notre clientèle.

Cela peut être la fréquence d’achat d’un client, les lieux d’achats via la localisation des adresses IP et leur cohérence avec les lieux de livraisons, la connaissance que nous avons du client quant au contenu du panier, le montant de l’achat. Nous pouvons aussi, en fonction des produits sélectionnés dans le panier, moduler le scoring et ainsi activer des contrôles supplémentaires

Ces différents éléments vont alimenter un scoring qui va ou pas déclencher l’authentification forte de type 3D-Secure.

 

– Quels sont les KPIs que vous suivez régulièrement pour évaluer la performance de vos moyens de paiements ?

– Nous regardons plusieurs indicateurs, qui vont du suivi de la fraude et des chargebacks à l’analyse des transactions par l’utilisation des moyens de paiements. Un des points d’attention reste le suivi des chargebacks (ndlr : les demandes de remboursements une fois la marchandise reçue). Cela reste un des principaux cas de fraude. Nous analysons également le panachage des moyens de paiement dans les différentes zones géographiques. Cette analyse est pertinente dans la mesure où le panier moyen reste très cohérent d’un marché à l’autre.

Globalement, nous considérons que les screenings automatiques effectués par les prestataires de services de paiement fonctionnent bien. Il est toujours possible de dire qu’un paiement n’est pas allé au bout en raison d’une gestion trop stricte de la fraude, mais dans l’immense majorité des cas, c’est plutôt parce que les barrières de protection activées se sont révélées efficaces.

 

– Avez-vous commencé à travailler sur le 3DS V2 et les demandes d’exemptions ? Pensez-vous que ça permettra d’améliorer le taux d’acceptation de façon significative ?

– L’authentification 3D Secure est quelque chose qui a apporté énormément dans la lutte contre la fraude. Je n’imagine pas une seconde un client qui abandonne un achat pour ne pas souhaiter entrer son code 3DS. Si la personne n’a pas sa carte de crédit en main, elle a au moins son smartphone.

Dès 2019 SMCP a adapté ses sites e-commerce à l’évolution de la norme DSP 2 et le 3 DS V2. Nous sommes prêts à l’appliquer pour le début de l’année 2021. Nous serons néanmoins très vigilants en 2021, sur les incidents de transactions afin de les corréler au monitoring de la fraude en vue d’éviter l’augmentation des faux positifs, c’est–à-dire des transactions qui sont finalement refusées à d’authentiques clients.

 

– Quels sont les autres grands projets monétiques actuels chez SMCP ?

– Nous allons continuer le déploiement de notre plate-forme monétique et nous avançons actuellement sur une offre de paiements fractionnés. Ce projet soulève des questions d’organisation liées à la gestion du processus en magasin, mais aussi à celle du workflow sur notre plate-forme et nos interfaces back-office. Quelques fintechs se sont opportunément positionnées sur ce marché qui n’avait pas énormément changé depuis quelque temps. En effet, les paiements fractionnés sont des opérations de crédit assez contraignantes pour les commerçants et les clients, mais la législation ayant évoluée, les fintechs se trouvent ainsi en bonne position pour présenter des solutions qui soient simples et rapides à implémenter.

Plus généralement, nous allons en cette fin d’année déployer les premières briques de notre plateforme de Commerce Unifiée, en vue de faciliter grandement le service à nos clients et maximiser nos opportunités de satisfaire nos clients.

Les freins au lancement des offres de paiement par virement instantané demeurent, faute d’harmonisation et de standardisation au niveau européen sur la question des APIs (Application Programming Interfaces, interfaces de programmation d’application) bancaires. Malgré tout, les PSP se veulent innovants et développent une large palette de solutions pour couvrir les besoins de leur clientèle, estime Manon Balette-pape, director chez Redbridge.

 

Une grande variété de solutions disponibles

Les solutions basées sur le paiement instantané sont très différentes d’un PSP à un autre, que ce soit au niveau de la typologie de clientèle, i.e. entreprise, commerçant, particulier ou même bancaire, ou au niveau du type de solution proposée.

Prenons le cas d’ACI Worlwide, par exemple. Ce PSP a pris le parti d’accompagner les banques et les institutions financières dans le développement de leur offre sur le paiement instantané. Il propose ainsi « une solution unique pouvant se connecter à plusieurs systèmes de paiement instantané dans le monde entier, tels que EBA RT1, ECB TIPS, STET, Equens (NL), Faster Payments (UK), Giro HCT Inst (HU), TCH (US), Zelle (US), UPI India, Singapore FAST, Australia NPP, Malaysia RPP ». Mais son offre ne se limite pas à une simple connectivité à ces systèmes ; elle propose une série de fonctionnalités additionnelles, comme un module de gestion de la liquidité pour assurer le contrôle et le reporting de la position de liquidité de la banque avec le système, un module de business intelligence pour effectuer des requêtes en temps réel sur les paiements et produire des reportings détaillés, ou encore un module de gestion des exceptions (annulations, retours, saisies manuelles, etc.). On notera également qu’ACI propose « une solution d’acceptation à la fois pour le commerce de proximité et le commerce électronique destinée aux commerçants et aux autres PSP ».

D’autres acteurs comme Ingenico, Market Pay, Bridge créé par Bankin’, Oxlin (anciennement Linxo) ou encore Fintecture disposent d’une licence de prestataire de services d’initiation de paiement (PISP) et souhaitent offrir à terme aux commerçants la combinaison d’un SCT Inst et d’une initiation de paiement. Ingenico rappelle que « le paiement en ligne sera ciblé dans un premier temps, car c’est le scénario le plus facile à implémenter pour le moment compte tenu des contraintes de SCA (authentification forte) ». Le paiement de proximité arrivera rapidement ensuite, mais avec sans doute des limitations liées au fait que toutes les banques ne supportent pas encore le SCT Inst, que certaines le font payer à leurs clients, et que l’authentification forte n’est pas toujours possible dans un contexte de proximité.

L’instantanéité des paiements représente également un défi pour les entreprises. À cet égard, Market Pay propose à ses clients « deux modalités de financement adaptées à la stratégie de chaque commerçant. Par souci de trésorerie ou de pilotage, certains souhaitent être financés au fil de l’eau, quand d’autres privilégient un versement des fonds en une fois, accompagné du rapport de réconciliation comptable. Dans tous les cas, Market Pay envoie une notification instantanée au commerçant dès que le paiement est effectué par un client. Cela lui permet ainsi de lancer la préparation de la commande sans délais ».

Enfin, certains acteurs ont souhaité s’inscrire dans une démarche différente et fédèrent par exemple l’ensemble des méthodes de paiement de compte à compte : prélèvement, virement et virement instantané. SAFEDEBIT, la solution développée par Score & Secure Payment, appartient à cette dernière catégorie. Elle est d’ores et déjà utilisable en ligne et en proximité, et SSP précise les parcours clients envisagés : « En proximité, le marchand/entreprise a la possibilité d’associer notre système de paiement par transfert bancaire à un support physique d’identification, comme une carte enseigne. La carte de paiement dite privative est une carte co-brandée qui permet au client de régler ses achats dans le réseau de l’enseigne qui la lui a délivrée. Cette carte donne la possibilité de lancer un paiement couplé à de l’Instant Payment. En ligne, l’internaute choisit SAFEDEBIT au moment du règlement. Il se verra présenter une liste de banques parmi lesquelles il sélectionnera la sienne. Il sera ensuite directement redirigé vers son espace banque en ligne, s’identifiera puis validera la transaction à l’aide du dispositif d’authentification retenu par sa banque. » De son côté, Serrala travaille sur la demande de paiement (Request-to-Pay) à la suite de l’acquisition récente de AcceptEasy, une fintech néerlandaise spécialisée dans le domaine. Envoyé à partir d’un ERP (progiciel de gestion intégré), ou encore d’outils CRM (applications de base de données adaptées pour la gestion de la relation client), le Request-to-Pay doit permettre d’indiquer à l’expéditeur en temps réel si et quand le paiement a été effectué. L’expéditeur pourra alors immédiatement expédier ses marchandises, activer une police d’assurance voyage de dernière minute ou encore empêcher une sommation injustifiée. « La confirmation en temps réel est essentielle », précise Serrala.

 

Les APIs sont essentielles au développement de l’initiation de paiement

Face à ces développements, un frein demeure. « Les APIs bancaires sont le gros point de difficulté actuellement. Peu d’entre elles sont réellement utilisables pour l’initiation de paiement, bien qu’on constate des améliorations ces derniers temps. Les standards n’en ont que le nom, tellement les banques ont interprété de façons différentes les règles de la directive sur les services de paiement (DSP2) et les spécifications afférentes », fait valoir Ingenico. Oxlin abonde également dans ce sens et précise que « l’absence de gouvernance autour de la mise en place des différents formats d’API (interprétations disparates, processus et règles d’enrôlement distinctes, contours fonctionnels divergents…) fait qu’il est difficile de les voir comme un moyen de normaliser la connexion ». Pour rappel, la DSP2 oblige les banques à fournir des APIs afin de permettre aux prestataires de services de paiement de se connecter à leurs systèmes. Sauf que le législateur n’a pas spécifié de standard au niveau européen. Les PSP sont donc contraints par le développement de ces APIs et par l’avancée des discussions sur leur normalisation.

On observe aujourd’hui une fragmentation des standards, et il existe une multitude d’initiatives en Europe : l’Open Banking Standard, le NextGenPSD2 du Berlin Group, l’API DSP2 du STET, le PolishAPI standard, auxquelles il faut ajouter les spécificités techniques de chaque acteur bancaire et certaines APIs propriétaires.

Fintecture indique avoir dû « intégrer plus de 2 000 APIs de banques européennes ». Ce travail titanesque lui permet d’évaluer la qualité des APIs proposées, et bien qu’opérationnelles, elles restent perfectibles. Fintecture précise notamment que « STET a l’un des meilleurs standards en Europe ».

Ces incertitudes impactent fortement les PSP, et certains acteurs comme Verifone sont encore indécis sur le développement de leur solution. D’autres rappellent que faute de disponibilité de ces APIs, ils n’ont à ce jour toujours pas lancé de paiements. Certains encore, à l’instar de SSP, ont pris la décision de recourir à un acteur expert dans ce domaine, et ont noué un partenariat avec une entreprise qui leur met à disposition une plateforme d’open-banking.

 

Observer les marchés plus matures pour mieux maîtriser la fraude

En ce qui concerne la fraude liée à l’initiation de paiement, les PSP indiquent ne pas avoir observé de cas majeurs à la suite de la mise en place du SCT Inst, « mais les volumes restent encore modérés », comme le souligne Bridge, créé par Bankin’. Cependant, l’expérience d’autres marchés suggère qu’un service de paiement instantané peut être une cible facile pour la fraude, et des mesures appropriées, telles que la surveillance et la détection de la fraude en temps réel, doivent nécessairement être déployées.

ACI indique ainsi avoir « relevé plusieurs types d’attaques frauduleuses liées aux paiements instantanés dans le monde », et que « l’une des évolutions les plus récentes et en forte croissance est la fraude par un “Authorised Push Payment (APP)”, qui consiste pour les fraudeurs à tromper leurs victimes en leur faisant effectuer volontairement un virement bancaire instantané sur un compte du fraudeur ».

En tirant les leçons de marchés plus matures pour les paiements en temps réel, comme le Royaume-Uni, les données montrent que les fraudeurs réagissent rapidement aux mesures de lutte. Les données de UK Finance illustrent le changement de comportement. Les premières attaques combinaient des techniques de phishing, avec l’exploitation de procédures d’authentification relativement faibles pour accéder à des comptes bancaires en ligne. Les attaques de phishing ont atteint leur point culminant au Royaume-Uni en 2012, les banques britanniques ayant mis en œuvre des stratégies d’authentification plus solides et plus efficaces. À partir de 2012, les attaques frauduleuses ont rapidement évolué vers la fraude APP et des stratégies d’ingénierie sociale plus sophistiquées, exploitant les vulnérabilités de tous les canaux. Toutefois, 90 % des fraudes sont commises par le biais de canaux numériques, 93 % des virements frauduleux passant par le réseau britannique Faster Payments.

 

Une solution impliquant de lourds investissements

Pour les PSP, les investissements dans une solution de paiement instantané peuvent se structurer selon trois grandes catégories. D’abord, la mise en conformité avec la directive européenne DSP2. Préalablement au démarrage des activités, il est nécessaire d’obtenir un agrément auprès du superviseur bancaire (l’ACPR – l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution – en France) afin de pouvoir exécuter les services de paiement. Ensuite, la connexion aux systèmes interbancaires. La solution doit être connectée à une infrastructure de compensation en temps réel et/ou à une plateforme d’open-banking. Enfin, le développement des applicatifs monétiques en magasin et en ligne. Il faut prévoir l’intégration aux applicatifs monétiques du marchand/entreprise, en magasin (TPE, logiciel caisses…) et en ligne (CMS, PSP…). Bridge souligne que ces investissements peuvent « représenter plusieurs dizaines de millions d’euros ».

 

En conclusion, tous les PSPs s’accordent pour dire que pour obtenir l’adhésion du grand public, il est indispensable que le coût de l’initiation de paiement repose demain sur le commerçant, et non sur le particulier. Or, certaines banques facturent ce service à leurs clients particuliers entre 0,50 € et 1 €, ce qui constitue encore un frein supplémentaire au développement du virement instantané.


Pour en savoir plus, lisez vite notre nouvelle enquête !

La nouvelle revue des moyens de paiements de Redbridge donne la parole aux responsables monétique en entreprise, aux prestataires de services de paiements, aux éditeurs et aux banquiers. Leurs témoignages sont complétés par l’analyse de nos consultants en trésorerie pour saisir l’ensemble des enjeux et des tendances du monde de la monétique.

Paiements innovants, paiements instantanés, e-commerce, fraude, sécurité, schéma directeur des paiements… Sur tous ces sujets, notre nouvelle publication présente le positionnement des acteurs de l’industrie des paiements et fournit un guide sur qui peut faire quoi dans la réussite de votre projet monétique.

A retrouver dans notre ouvrage :

  • Le point de vue de Jean-Michel Chanavas, délégué général de Mercatel
  • Analyse – L’avenir des paiements
  • Analyse – E-commerce, une stratégie pour maximiser ses ventes et lutter contre la fraude
  • Observatoire 2020 du virement instantané – Enquête auprès des banques, des éditeurs et des PSP

Ainsi que nos entretiens avec :

  • Michel Yvon, Décathlon
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Redbridge a interrogé 7 éditeurs sur la manière dont leurs systèmes de paiement se doivent d’évoluer afin de d’intégrer le virement instantané. Solenn Le Lay, director chez Redbridge, fait le point sur les défis de mise à disposition d’un nouveau moyen de paiement pour les entreprises.

Incontestablement, le virement instantané présente un intérêt pour la trésorerie, par sa capacité à remplacer les virements autrefois dits « urgents » ou sensibles. Avec le SCT Inst, fini le stress du cut-off time des banques, les pénalités de retard associées à un paiement mal exécuté ou les complaintes des bénéficiaires dans l’embarras de ne pas avoir reçu leur paiement… Depuis que le plafond de l’Instant Payment est passé à 100 K€ début juillet 2020, il attire davantage le monde des entreprises. Mais comment le mettre en place d’un point de vue pratique ?

Émettre un paiement instantané, mais les outils de communication bancaire sont-ils prêts ?

Les portails Internet des banques sont globalement prêts pour vous permettre d’émettre des virements instantanés online, mais qu’en est-il des systèmes de gestion de trésorerie (TMS) par lesquels passe l’essentiel de vos instructions de paiement ?

Dans le cadre de notre enquête de cette année, nous avons interrogé 7 éditeurs sur la manière dont leurs systèmes de paiement se doivent d’évoluer.

À l’instar des banques il y a un an, les éditeurs ne sont pas tous au même stade de développement : en début d’année, 3 sur 7 travaillaient avec des clients pilotes pour mettre en place l’émission de virements instantanés depuis leurs plateformes. Certains, comme DataLog Finance ou Bellin, l’ont développée en test « dans le cadre d’une montée de version en tant que fonctionnalité standard », d’autres comme NEOFI, Diapason ou FIS attendent les demandes de leurs clients pour intégrer l’émission d’Instant Payments à leur offre, et misent sur le fait que « la mise en œuvre sera très rapide (un investissement de quelques jours tout au plus), puisque ce nouveau moyen de paiement reste basé sur le format SCT existant ».

Néanmoins, pour ceux qui ont commencé à l’expérimenter, la mise en place du SCT Inst n’est pas si simple.

Internet permet le traitement d’une opération en temps réel. Tous les éditeurs ont développé de nouvelles interfaces Web, voire des applications mobiles pour la saisie de virements instantanés unitaires, avec un process de validation relativement simple et rapide. Néanmoins, comme le souligne DataLog Finance, ce process « ne peut être utilisé pour des milliers de virements sur un intervalle de temps court, à cause de la lenteur de traitement de ce type de connexion. »

« Pour des envois de masse, il est recommandé d’envoyer des fichiers », ajoute DataLog Finance. Mais comment les transmettre pour en obtenir l’exécution en temps réel ? Seules les APIs permettent une communication directe avec les banques, et malheureusement, pour l’instant, il n’y a aucune harmonisation des APIs entre banques. Chacune d’entre elles a développé son application, ce qui fait que les éditeurs doivent développer autant d’APIs que leurs clients ont de banques émettrices.

En attendant un mouvement d’harmonisation, par exemple selon le modèle proposé par STET, les éditeurs s’adaptent. Certains, comme Sage et DataLog Finance, ont choisi de nouer des partenariats et d’organiser des ateliers avec les principales banques de la place, quitte à développer une très large bibliothèque d’APIs, même si elle « pose des difficultés d’homogénéité et de coût, et rallonge les temps de déploiement ». D’autres, comme ACA, essaient « de travailler en collaboration avec leurs clients communs dans un trio entreprise-banque-éditeur ». D’autres, comme FIS et NEOFI, déploient sur demande, au fur et à mesure que les APIs sont en place et que les clients souscrivent aux bons services.

Sage anticipe que ces APIs bancaires seront appelées via un système d’authentification forte, mais déplore un process de remise et de validation encore très flou.

Pour encourager l’expansion de ce nouveau moyen de paiement sans attendre la mise en place de ces APIs, plusieurs éditeurs militent pour que les virements instantanés puissent être envoyés sous les protocoles d’échange classiques EBICS, SWIFTNet et SFTP, sous forme de fichiers SCT classiques, « avec un tag dans le fichier ou fileinfo ou requesttype spécifiant que le virement est un SCT Inst ». Là encore, malheureusement, chaque banque risque de définir ses propres règles, différentes de celles de ses consœurs, ce qui va compliquer les paramétrages et la constitution des fichiers de virements instantanés pour les trésoriers.

Une autre approche conseillée par FIS est « d’utiliser SWIFT gpi. Cette technologie, jusqu’ici surtout employée par les grandes entreprises pour un traitement rapide et un suivi très détaillé de leurs virements internationaux, peut tout à fait l’être pour l’émission des virements que l’on souhaite instantanés. »

Pour l’instant, les seules règles sur lesquelles tous les acteurs s’accordent sont d’une part, que les remises de fichiers de SCT Inst devront être bien distinctes des autres remises de SCT classiques et d’autre part, que les remises devront être monobanques (une remise par banque).

 

Suivi des ordres

Pour les saisies manuelles via des portails Web ou des applications mobiles, la vérification de la bonne exécution des opérations est facile, puisqu’Internet permet un rafraîchissement des informations en temps réel. « La récupération du statut du SCT Inst se fait soit durant l’appel du même Web service que l’envoi, sinon par appel d’un autre Web service de récupération du statut », « ce qui fait que l’utilisateur ayant saisi le virement est immédiatement alerté en cas de rejet », confirme DataLog Finance.

« SWIFT gpi permet d’avoir une visibilité complète sur la chaîne de traitement d’un paiement, et donc de bien suivre l’exécution d’un SCT Inst ; il faut néanmoins accepter que l’instantanéité soit de quelques dizaines de minutes et non de quelques secondes », comme le souligne FIS.

Pour les fichiers de masse envoyés via les APIs ou les protocoles de communication plus classiques, le suivi sera plus compliqué, car il dépendra du type d’informations transmises par la banque exécutante et du moment où il sera transmis. Les Payments Status Reports habituels resteront vraisemblablement le meilleur support pour suivre le statut des paiements, mais comme le souligne Sage, ils devront très certainement être étoffés de « nouveaux statuts » plus adaptés au temps réel. Ces fichiers de retour devraient pouvoir être intégrés aux outils, comme aujourd’hui, et permettre de confirmer la bonne exécution des opérations, de bout en bout, comme le rappelle Bellin.

Diapason prévoit de retranscrire les statuts directement sur le tableau de bord mis à la disposition de ses clients, ACA d’utiliser le moniteur de suivi des instructions en temps réel développé dans le cadre du Tracker GPI et FIS de développer un « middleware API (appelé « code connect ») pour permettre de faciliter les connexions APIs en s’affranchissant de la diversité des standards développés par chaque système ».

Quant au rapprochement bancaire de ces opérations de SCT Inst, il pourrait se faire grâce à une nouvelle catégorie de rapprochement, automatique comme pour tous les autres types d’opérations, « un pour un, sur n’importe quel compte, qu’il soit réservé aux SCT Inst ou pas » confirme DataLog Finance.

Si le trésorier souhaite gérer ses comptes en temps réel, il pourra s’appuyer sur les relevés de comptes intradays (MT942) qu’il reçoit peut-être déjà aujourd’hui, mais dans la mesure où son travail reste basé sur des prévisions, NEOFI recommande « de gérer les retours de SCT Inst en intraday et d’attendre le lendemain pour les rapprocher. Le trésorier a-t-il en effet vraiment besoin d’avoir un état de sa trésorerie en temps réel ? » Vrai sujet qui ouvre la question de la vie du trésorier demain…

La moitié des éditeurs de la place interrogés par Redbridge indique avoir adapté ses outils pour permettre aux entreprises de tester leurs premières émissions de virements instantanés. L’autre moitié se déclare prête à accompagner ses clients sur demande. Dans chaque cas, le nouveau module serait proposé sans surcoût par rapport au contrat.

Le trésorier prudent mènera toutefois ses tests sur des virements unitaires, et avec certaines banques d’abord. Le virement instantané n’est pour l’instant opérationnel qu’avec 4 à 5 banques en France et avec quelques banques de flux de dimension internationale des pays voisins…

Enfin, en amont, il conviendra de bien négocier avec ses banques le prix du virement instantané, car l’émission de ces nouvelles opérations pourrait vite devenir un poste de coût significatif !


Pour en savoir plus sur les nouveaux moyens de paiement, lisez vite notre nouvelle enquête !

La nouvelle revue des moyens de paiements de Redbridge donne la parole aux responsables monétique en entreprise, aux prestataires de services de paiements, aux éditeurs et aux banquiers. Leurs témoignages sont complétés par l’analyse de nos consultants en trésorerie pour saisir l’ensemble des enjeux et des tendances du monde de la monétique.

Paiements innovants, paiements instantanés, e-commerce, fraude, sécurité, schéma directeur des paiements… Sur tous ces sujets, notre nouvelle publication présente le positionnement des acteurs de l’industrie des paiements et fournit un guide sur qui peut faire quoi dans la réussite de votre projet monétique.

A retrouver dans notre ouvrage :

  • Le point de vue de Jean-Michel Chanavas, délégué général de Mercatel
  • Analyse – L’avenir des paiements
  • Analyse – E-commerce, une stratégie pour maximiser ses ventes et lutter contre la fraude
  • Observatoire 2020 du virement instantané – Enquête auprès des banques, des éditeurs et des PSP

 

Ainsi que nos entretiens avec :

  • Michel Yvon, Décathlon
  • Charles Lutran, Critéo
  • Isabelle Olivier, SWIFT…

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Entretien avec Charles Lutran, trésorier groupe chez Criteo

– Pouvez-vous décrire, en quelques mots, l’organisation et les enjeux de la monétique au sein de Criteo ?

– Criteo est une entreprise française de technologie proposant des solutions de marketing et de publicité en ligne. Fondée en 2005 à Paris, elle a connu un déploiement international très rapide ces dix dernières années. Nous avons des opérations dans plus d’une centaine de pays à travers nos 25 filiales. Notre organisation de trésorerie est très centralisée, et l’équipe, basée entièrement à Paris, est chargée de l’offre de moyens de paiement proposée à nos clients partout dans le monde. Notre clientèle historique de grands comptes règle nos services par virement domestique ou international (SCT, Fedwire, ACH et virements locaux en Asie). L’élargissement de la clientèle du groupe à des entreprises de taille plus modeste, avec une moyenne de dépenses mensuelles proche de 10 000 dollars, change la matrice de nos réflexions relatives aux moyens de paiement. Nos flux de paiement se multiplient, sur des montants moyens plus réduits, tout en conservant les exigences d’un environnement B2B, à savoir la sécurité et la traçabilité nécessaires à la réconciliation comptable.

 

– En votre qualité d’entreprise B2B, quelles sont les innovations en matière de paiement qui vous intéressent ?

Jusqu’à présent, une grande partie des innovations monétiques est concentrée sur l’expérience utilisateur, peu applicable à l’environnement B2B. Cependant, le déploiement international de plus en plus large des prestataires de services de paiement permettant de mettre en place des solutions globales homogènes multimoyens de paiement ainsi que l’acquisition en direct par certains d’entre eux, sont des tendances de grand intérêt. Les grands réseaux de cartes restent cependant des éléments essentiels de la tuyauterie, qui n’ont encore que peu bougé.

 

– Suivez-vous, dans les différentes zones géographiques, une stratégie spécifique ou un schéma directeur pour intégrer de nouveaux moyens de paiement ?

– Nous analysons les innovations en matière de paiement selon trois critères. Le premier est l’acceptabilité et la capacité de la solution à être rapidement déployée dans les différentes zones géographiques où nous sommes présents. Le deuxième critère est la fiabilité, dans la mesure où nos encaissements portent sur des montants nettement plus significatifs que les paiements par carte de particuliers, et sont par conséquent exposés à un risque de rejet plus élevé (manque de fonds, plafonds atteints, etc.). Le dernier critère est la capacité de la solution à identifier facilement chaque flux de paiement, dans une optique de traitement « end to end ».

Le moyen de paiement idéal est, de notre point de vue, l’équivalent du prélèvement SEPA, qui nous permet de maîtriser le timing (Days sales outstanding, DSO), de savoir quelle facture nous allons collecter (fiabilité). Le prélèvement est également efficient en termes de coût et de temps d’exécution. Notre jugement est que les paiements par carte sont chers, associés à des délais de réception des fonds souvent conséquents (4 à 5 jours sur certains paiements aux États-Unis) et connaissent des taux de succès moins importants.

Mais culturellement, le prélèvement n’est pas toujours aussi bien accepté qu’en Europe, par exemple aux États-Unis dans le cadre d’une relation B2B. C’est pourquoi nous nous reposons sur un schéma de monétique avec initiation de paiement (Merchant Initiated Transaction), à échéance de la facture, sur la base du numéro de carte bancaire enregistré par notre client sur son profil. Nous transmettons des fichiers électroniques de masse à notre prestataire de services de paiement (PSP), en charge de débiter les cartes du montant des factures dues, pour chaque zone géographique. En étant à l’initiative du paiement, nous savons ce que nous allons chercher comme facture échue.

Pour traiter les rejets liés à des raisons techniques (gestions de l’échéance et du plafond de la carte), nous avons mis en place un processus permettant un contact immédiat avec le client afin que celui-ci se connecte à une plate-forme Criteo et émette son paiement lui-même. L’objectif est de régler rapidement les problèmes pour éviter toute suspension de notre service.

Nous déplorons toutefois des difficultés à analyser les codes rejet. Il en existe une vingtaine dans le monde, mais toutes les banques ne les appliquent pas de la même manière, et nous n’avons pas, à ce jour, trouvé un prestataire en services de paiement capable de nous accompagner sur ce problème.

 

– Quelles sont les alternatives ?

– Le Request-to-Pay fait partie de nos réflexions actuelles, mais il n’apportera toutefois un vrai plus que s’il permet de lier paiements et factures dues. Par ailleurs, le Request-to-Pay nécessite de trouver un système efficace, où chaque client peut être à l’aise avec ses procédures de sécurité internes de lutte contre la fraude sur émission de paiements. Une plate-forme toute simple de Request-to-Pay ne nous permet pas aujourd’hui de réconcilier les factures, ni d’autoriser l’intervention de deux acteurs distincts côté client pour libérer le paiement. Un QR Code pourrait se révéler intéressant, car cela permet une identification directe du client et de la facture, mais cette solution présente le désavantage de multiplier les paiements du client.

 

– Quel intérêt portez-vous au paiement instantané ?

– L’instantanéité présente un intérêt dans le cadre d’un processus de collectes spécifiques. Nous pouvons réactiver immédiatement des programmes de clients suspendus pour défaut de paiement. Dès qu’un rejet est identifié, nous contactons le client et le dirigeons vers une plate-forme de paiement en Request-to-Pay pour qu’il régularise. Une fois la transaction complétée, le compte est immédiatement débloqué.

Le SCT Inst présente également un intérêt pour nos campagnes de règlement fournisseur, mais le plafond actuel de 100 000 euros s’avère trop faible. À terme, si les plafonds sont relevés, nous pourrons utiliser ce moyen de paiement en attendant l’échéance ultime pour régler. Cela évitera de mobiliser marginalement du cash sur 24 à 72 heures dans les systèmes de règlement pour payer nos fournisseurs, avant que notre collecte clients ne se matérialise.


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La nouvelle revue des moyens de paiements de Redbridge donne la parole aux responsables monétique en entreprise, aux prestataires de services de paiements, aux éditeurs et aux banquiers. Leurs témoignages sont complétés par l’analyse de nos consultants en trésorerie pour saisir l’ensemble des enjeux et des tendances du monde de la monétique.

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A retrouver dans notre ouvrage :

  • Le point de vue de Jean-Michel Chanavas, délégué général de Mercatel
  • Analyse – L’avenir des paiements
  • Analyse – E-commerce, une stratégie pour maximiser ses ventes et lutter contre la fraude
  • Observatoire 2020 du virement instantané – Enquête auprès des banques, des éditeurs et des PSP

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En Europe, plusieurs entreprises « pure players » développent une stratégie visant à intégrer le cash comme moyen de paiement pour les transactions en ligne. Revue de portefeuille de ces solutions par Gabriel Lucas, associate director chez Redbridge.

 

Malgré de multiples innovations en matière de paiement, la majorité des transactions en Europe continuent d’être réglées majoritairement en espèces, essentiellement pour des achats de faibles montants. Sur la base d’une enquête réalisée auprès des ménages en 2016, l’Eurosystème avait publié fin 2017 un rapport sur les habitudes de paiement des particuliers dans la zone euro. Les résultats de cette étude, intitulée « Study on the Use of Cash by Households in the euro area » (SUCH), montrait que les espèces étaient l’instrument de paiement le plus utilisé dans la zone euro : 79% des achats réalisés en magasin et 54% des paiements. Pour leur part, les cartes bancaires étaient utilisées dans 19 % des transactions, représentant 39 % de la valeur totale des paiements.

Les Allemands comptaient parmi les plus attachés à l’utilisation du cash en Europe, avec environ 70 % de leurs transactions réglées en liquide. À l’opposé se trouvent les pays nordiques, qui voient depuis plusieurs années émerger une tendance vers une société « cashless ». La France est dans une position intermédiaire, avec environ 68 % des transactions effectuées en espèces et a connu une baisse de 5 % dans l’utilisation de billets au cours des cinq dernières années.

Utilisation du cash

Parmi les raisons qui justifient l’utilisation des billets, nous retrouvons notamment l’instantanéité de la transaction, l’absence d’intermédiaires, la notion d’anonymat, la thésaurisation et la possibilité d’accéder aux moyens de paiement pour les plus vulnérables d’entre nous.

En termes de panier moyen, l’utilisation du cash est de plus en plus cantonnées aux paiements de très petits montants, après l’arrivée du paiement par carte sans contact et des eWallet (Apple Pay, Google Pay, etc.), qui permettent de régler très facilement des paiements à faible montant.

Réglementation

Avec une bonne partie des paiements toujours effectuée en espèces, et malgré le risque lié au cash, les arguments pour conserver ce moyen de paiement sont nombreux.

À titre d’exemple, la Suède vient d’adopter une loi, qui entrera en vigueur le 1er janvier 2021, visant à conserver le cash. Les banques, avec un volume de dépôts supérieur à 70 milliards de couronnes suédoises, seront obligées de proposer des services de retrait de cash aux consommateurs, et de retrait et de dépôt aux entreprises. Des pénalités sont prévues en cas de non-respect.

De son côté, le Royaume-Uni prévoit aussi une loi (pas de date précise) pour réguler la disponibilité de cash. Cette tendance ne s’observe pas qu’en Europe. Aux États-Unis, New York vient d’interdire aux commerçants de refuser le paiement en espèces.

La France se montre particulièrement exigeante par rapport à l’acceptation du cash. Elle oblige les commerçants à accepter le paiement en espèces, qui est le seul moyen de paiement obligatoire. Le Défenseur des droits insiste sur le fait que « refuser le paiement en espèces représente une discrimination qui a pour effet de priver de nombreuses personnes de l’accès aux produits de première nécessité : les majeurs protégés (régimes de tutelle, de curatelle, ou de sauvegarde de justice), les personnes en situation de vulnérabilité économique, comme certaines personnes âgées, les personnes percevant les minima sociaux, les personnes sans abri, ou encore les mineurs non accompagnés et les demandeurs d’asile ne disposant pas de cartes de paiement ».

Le cash dans les transactions online

Selon l’IFOP, 96 % des Français ont fait au moins un achat sur Internet. Et même si la carte reste le moyen de paiement privilégié, plus de la moitié des Français confirment être intéressés par la possibilité de régler en cash leurs achats en ligne si cette possibilité leur était proposée.

L’Espagne et l’Italie se montrent aussi très favorables à cette pratique. En effet, 78 % des Espagnols et 74 % des Italiens interrogés déclarent souhaiter avoir recours au paiement en espèces lors d’un achat sur Internet si l’option était proposée. Autre signe de conviction à l’égard du paiement en proximité en Espagne et en Italie : respectivement 60 % des Italiens et 54 % des Espagnols interrogés seraient prêts à payer leurs factures courantes en espèces dans un commerce à proximité de leur domicile ou de leur lieu de travail, contre 42 % en Angleterre et 36 % en France.

Parmi les principales raisons d’utiliser le cash pour des transactions déclenchées en ligne, citons le risque de fraude (50 %) et le refus du paiement par carte bancaire (24 %, dont 70 % confirment abandonner un achat online à la suite du refus de paiement). De plus, le contexte actuel de la crise de la Covid-19 a fait augmenter considérablement les chiffres du e-commerce pour les biens de première nécessité. Concrètement, l’achat de ce type de biens aurait augmenté de 48 % depuis le début de la crise, et cela reste assez stable, même après le déconfinement (Source : Signifyd).

Bien que cette pratique soit encore relativement peu connue sur le continent européen, le paiement « phygital » est une pratique très courante dans d’autres régions, notamment en Afrique et en Amérique latine. Dans ces régions, les faibles taux de bancarisation, l’attachement historique au cash et les nombreuses transactions effectuées depuis l’étranger (paiement de factures et transfert d’argent notamment) font de cette méthode de paiement un must-have pour les transactions online.

Cas d’usage

En Europe, plusieurs entreprises « pure players » ont déjà développé une stratégie visant à intégrer le cash comme moyen de paiement pour les transactions initiées online.

C’est le cas notamment d’Amazon, un des premiers à prendre en compte ce besoin exprimé par ses clients. En 2017, Amazon a lancé en Europe « Amazon Cash », appelé « Amazon Recharge » en France. Ce service permet aux utilisateurs d’Amazon de créditer leur compte en espèces dans un point de vente de proximité. Il suffit de se rendre dans un des points de vente partenaires et soit faire scanner un code-barres par le commerçant, soit demander un code recharge qui sera imprimé sur un reçu et qui pourra être ajouté manuellement au compte Amazon. Une fois le paiement validé, le compte Amazon est crédité en temps réel et sans frais. Le montant à créditer est limité à une somme comprise entre 5 et 500 € par recharge.

Uber vient également de se lancer sur cette démarche en proposant deux façons de payer en espèces. La première est tout simplement de proposer aux consommateurs la possibilité de payer la course en espèces, comme pour les taxis classiques. Pour cela, il faut sélectionner ce mode de paiement avant de commander la course, car ce service n’est proposé que dans certaines villes et que par certains chauffeurs. La deuxième possibilité est de payer via le service Uber Cash. Ce service permet aux utilisateurs d’ajouter des fonds sur leur compte Uber avant la course. Parmi les principaux avantages de ce dernier, Uber met en avant notamment le fait de planifier ses dépenses et d’être sûr de pouvoir payer à tout moment dans l’écosystème Uber, sans avoir à se soucier des problèmes de carte expirée, de dépassement du découvert autorisé, de fonds insuffisants, etc.

Parmi ceux qui ont voulu intégrer la proximité dans le monde du numérique, nous retrouvons aussi des néobanques. Par exemple, N26 a lancé ses services uniquement en ligne et propose maintenant à ses clients de recharger leur compte courant en espèces dans des points de proximité.

Un cas d’usage permettant à la plupart des marchands d’optimiser le parcours de vente en ligne, et donc de générer du revenu additionnel, consiste à proposer le paiement de proximité à la suite d’un échec de paiement par carte bancaire. D’après l’IFOP et de nombreuses études menées par différents PSPs et autres experts en la matière, plus d’un client sur deux qui rencontre un échec de paiement lors d’un achat online ne renouvelle pas l’opération et choisit un concurrent. Grâce au paiement de proximité comme solution alternative en cas d’échec, les marchands peuvent donner une autre chance aux clients de pouvoir régler le paiement dans un magasin en espèces ou même par carte bancaire. De plus, ce paiement est garanti pour le marchand, car il est non répudiable.

Les services facturiers ont aussi un fort intérêt à intégrer le cash dans leur stratégie, quel que soit le type d’activité : fournisseurs d’énergie, sociétés de logement, administration publique, télécommunications, etc. Via un code-barres ou un QR Code présent sur la facture, les clients peuvent se rendre directement en point de vente et régler en espèces ou par tout autre moyen de paiement accepté par le commerçant (carte bancaire, etc.). De cette façon, les facturiers peuvent décharger considérablement la charge de travail de leurs services client tout en améliorant l’expérience client, compte tenu notamment du nombre de points de vente disponibles et de leurs horaires d’ouverture.

Enfin, un autre avantage important du paiement de proximité est le recouvrement. Afin d’augmenter les chances de pouvoir obtenir le paiement d’un client, le fait de proposer le paiement de proximité permet aux clients de payer même s’ils n’ont pas d’argent sur leur compte ou s’ils ne souhaitent pas utiliser leurs cartes bancaires sur Internet. Cela peut aider non seulement à optimiser le recouvrement, mais aussi à réduire le nombre de paiements réalisés par téléphone, par envoi de chèque, etc.


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  • Le point de vue de Jean-Michel Chanavas, délégué général de Mercatel
  • Analyse – L’avenir des paiements
  • Analyse – E-commerce, une stratégie pour maximiser ses ventes et lutter contre la fraude
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Entretien avec Michel Yvon, responsable monétique, Décathlon International

– Quels sont les enjeux de la monétique au sein du groupe Décathlon ?

– Décathlon est une enseigne de distribution d’articles de sport et de loisirs, qui réalise un chiffre d’affaires annuel mondial de l’ordre de 13 milliards d’euros, à travers ses 1 500 magasins répartis dans 60 pays et la vente en ligne. Notre monétique est organisée selon une approche omnicanale et notre mission, à la trésorerie, est de fournir des briques de paiement adaptées à la manière dont nos clients achètent nos produits.

Les besoins sont très divers. Un même client peut suivre des parcours d’achat complètement différents selon les moments. Par exemple, pour l’achat d’un article textile dans un magasin en centre-ville, une caisse en libre-service sera la solution privilégiée. Pas besoin de conseil ici. En revanche, sur un achat important, comme dans le cas d’une famille qui viendrait s’équiper entièrement en matériel de randonnée pour ses prochaines vacances, une solution de paiement en trois ou quatre fois proposée en caisse sera appréciée. D’autres parcours s’envisagent sous l’angle de la mobilité, comme une commande de matériel lourd – un banc de musculation ou un tapis de course – que le client souhaitera retirer en mode drive

Pour répondre à ces besoins, nous déployons en central une architecture et des solutions de paiement mutualisables à l’international. À l’échelle locale, des équipes interviennent également pour adapter l’offre de moyens de paiement aux besoins des magasins et aux habitudes de la clientèle.

 

– Sur quelle base se décide le déploiement d’une solution de paiement à l’échelle du groupe ?

– Nous sommes attentifs à la création de valeur apportée par chaque solution de paiement. Répond-elle au besoin d’un client qui, sinon, ne viendrait pas en magasin ? Est-ce que la solution est plus efficiente, en termes de geste de paiement ou bien en termes économiques, comme c’est le cas avec le déliassage ?

Notre schéma directeur des paiements cible les tendances d’avenir sans imposer un parcours client encadré. C’est sur cette base que nous avons travaillé sur l’acquisition transfrontière, ou encore que nous avons mené il y a dix ans nos premiers tests en matière de paiement sans contact. Il arrive également que nous retenions des idées portées par nos opérationnels en magasins. Par exemple, à la demande d’un responsable rayon running, qui souhaitait un argument supplémentaire pour convaincre des clients dubitatifs sur le choix d’une paire de chaussures de course, nous avons proposé une solution baptisée Test Produit, fondée sur les fonctionnalités du mPOS. Une simple empreinte de carte permet de conclure la vente. Si le client est satisfait et ne rapporte pas son achat, il sera débité !

Notre schéma directeur répond à un besoin humain et intègre également les solutions qui fluidifient le paiement : caisses en libre-service, technologie RFID pour une capture instantanée du panier en caisse et solutions mobiles.

À la base, la technologie RFID a été introduite dans nos produits il y a une dizaine d’années pour permettre à chaque magasin de gérer facilement ses inventaires, avec l’aide d’une raquette RFID. L’utilisation dans le cadre du paiement s’est faite progressivement, en passant l’objet au-dessus de la caisse. Ensuite, nous avons créé le bac qui calcule instantanément le coût du panier. Depuis un an, cette solution est généralisée.

Enfin, en matière de paiement mobile, nos spécialistes en rayon sont équipés de tablettes sur lesquelles nous avons déployé des applications permettant de simuler des caisses ou gérer une thématique particulière. C’est un support utile pour notre formule Test Produit.

 

– Avez-vous revu l’organisation de votre monétique dans le cadre de la crise de la Covid-19 ?
– La crise a confirmé la justesse de nos choix en matière de monétique. Nous sommes organisés sans faire de distinctions entre le Web et nos points de vente. Nous avions développé des applications qui se sont révélées utiles pour mettre en place facilement la collecte en magasin des commandes Internet. Le paiement était généré à partir d’une URL. Par ailleurs, nos caisses en magasin sont mobiles. Nous avons pu les déplacer facilement pour respecter les distances de sécurité et laisser le client régler ses achats en toute autonomie.

Enfin, notre architecture centralisée, totalement hébergée, nous a permis de bénéficier au premier jour de la hausse du plafond de paiement sans contact.

 

– Avez-vous des projets pour intégrer le paiement instantané ?
– Ce n’est pas un sujet chez nous, dans la mesure où nous n’avons pas identifié un besoin chez le client de régler immédiatement. En revanche, la technologie qui permet d’échanger des informations de manière instantanée sans forcément débiter le client est intéressante.

 

– Avez-vous étudié la possibilité d’offrir un paiement en cryptomonnaie ?
– Techniquement, ce ne serait pas très compliqué, mais éthiquement parlant, nous ne sommes pas prêts. Les touristes ne représentent pas une clientèle importante pour Décathlon, et nous traitons peu de paiements en devises, via du change dynamique (DCC). Nous proposons cette option localement, notamment dans quelques magasins frontaliers avec la Suisse.

Le Bitcoin, devise ultravolatile, concerne une population très ciblée de geeks ou de personnes qui ne veulent pas être tracées. Dans un but purement publicitaire, nous avons proposé, à l’ouverture d’un magasin au Canada, un programme de cashback dont le paiement était en Bitcoin. Mais intégrer la cryptomonnaie à notre gamme de moyens de paiement ne figure clairement pas à notre agenda, même si, comme sur l’instant payment, la technologie d’utilisation de la blockchain est intéressante.


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La pandémie a démontré l’intérêt des solutions de paiement mobiles pour limiter les risques de transmission des virus en point de vente. Pour Mélina Le Sauze, director chez Redbridge, l’enjeu pour chaque commerçant n’est plus de savoir s’il faut ou non accepter des solutions de paiement mobiles, mais de déterminer sans attendre lesquelles sont les plus adaptées à son activité, aux besoins de sa clientèle et à l’impératif de continuité d’activité dans un contexte de crise sanitaire.

Demain, la majorité des moyens de paiement seront numériques et mobiles, à base de QR Code ou de technologie NFC, et proposeront des services à valeur ajoutée comme des offres promotionnelles, des cartes multidevises, des dépôts ou encore des prêts approuvés instantanément.

Le panorama des solutions innovantes en matière de paiement qui suit esquisse la vision de l’avenir des paiements.

Les paiements mobiles comme alternatives à la carte

Ces dix dernières années se sont développés les paiements via mobile au travers de différentes technologies, permettant de transformer nos smartphones en moyens de paiement, que ce soit pour des transactions en magasins ou en ligne. Des portefeuilles électroniques sont apparus pour effectuer des paiements sans contact sur la base de différentes technologies : la NFC pour une grande partie de l’Europe et de l’Amérique du Nord ou la lecture d’un QR Code, notamment en Chine.

Le nombre d’utilisateurs de portefeuilles électroniques (wallets) dans le monde a dépassé le milliard en 2019. Plus des deux tiers de ces utilisateurs vivent dans la région Asie-Pacifique, la Chine représentant à elle seule près de 50 %, avec les solutions Alipay et WeChat. Dans ce pays, le portefeuille numérique est le premier choix national parmi les solutions de paiement. La plupart des transactions en e-commerce et en magasins reposent sur ces applications plutôt que sur les cartes, offrant même au porteur un large éventail de services associés (offres promotionnelles, placements, assurance, réservation de voyage, etc.). Cette même tendance semble se dessiner dans des pays voisins, comme à Singapour, en Inde, etc.

Les solutions américaines utilisables partout dans le monde telles qu’Apple Pay, Google Pay ou encore Amazon Pay représentent plus de 5 % des paiements par cartes, avec Apple Pay en leader. Les perspectives d’évolution de ce dernier sont fortes, avec des prévisions allant jusqu’à 10 % des paiements par cartes d’ici à 2024, en pénétrant davantage les marchés européen et asiatique.

En Europe, les paiements mobiles sont utilisés quotidiennement par des millions de personnes au travers d’un choix abondant. Au-delà des solutions internationales, comme Apple Pay, Google Pay et Samsung Pay, il existe un nombre considérable d’initiatives locales disponibles en Europe, comme Payconiq (Allemagne, Belgique, Pays-Bas), Bluecode (Allemagne), Paylib et Lyf Pay (France), Yoyo Wallet (Royaume-Uni), Jiffy (Italie), etc. Dans les pays nordiques, près de 50 % de la population a recours à un wallet, grâce notamment aux solutions MobilePay, lancée par la Danske Bank au Danemark, Vipps de DNB en Norvège, et Swish développée grâce à l’effort conjoint des banques suédoises ; elles ont ainsi réussi à acquérir 13 millions d’utilisateurs parmi les 27 millions d’habitants des pays nordiques.

Le succès des wallets est tel en Asie ou encore dans les pays nordiques que, progressivement, leur utilisation s’ouvre au-delà de leurs frontières, à l’image du géant chinois Alipay qui a déployé sa solution de paiement dans 110 pays, ou encore la solution iDEAL, qui est utilisée par plus de la moitié de la population néerlandaise, où trois grands marchands asiatiques ont décidé d’attirer davantage d’acheteurs bataves sur leurs sites d’e-commerce en proposant iDEAL comme option de paiement. Après cela, leurs commandes en provenance des Pays-Bas ont augmenté de près de 80 % (source Stripe’s report “The state of European checkouts in 2020”).

Extrait des portefeuilles électroniques existant dans le monde

 

Les freins au développement des wallets

À ce jour, dans certains pays européens, les utilisateurs d’iPhone ne peuvent pas utiliser leur portefeuille pour payer, car la majorité des banques nationales n’ont pas mis en œuvre Apple Pay, notamment en Belgique où un seul des grands établissements financiers, BNP Paribas Fortis, le propose. En France, la couverture du marché n’est pas totale, 90 % des banques seulement ont un accord avec ce géant américain.

Les portefeuilles électroniques prenant en charge les QR Codes présentent une faiblesse pour pénétrer davantage le marché en Europe : le manque d’équipement dans les points de vente. À l’exception des caisses intégrées de type supermarché ayant des douchettes pouvant lire les QR Codes, le commerçant doit investir dans un équipement adapté (TPE) pour scanner ou générer un QR Code pouvant être 20 % plus cher que les modèles de terminaux sans cette technologie.

Pour des paiements sans contact en point de vente, il est nécessaire d’avoir le parc de TPE acceptant cette fonctionnalité. En France, cette méthode de paiement est plus que plébiscitée de nos jours. Elle représentait 20 % des achats avant la Covid-19, mais n’est proposée que par 70 % des commerçants de proximité, selon le Groupement des Cartes Bancaires.

Enfin, seuls 70 % des sites e-commerce sont en mesure d’accepter des paiements via les wallets. L’ensemble des marchands n’ont pas des solutions flexibles pouvant onboarder toutes les solutions de paiement et doivent ainsi revoir leurs partenariats avec leur plateforme de paiement permettant d’accepter les wallets appropriés.

 

Les changements de parcours clients

Avec la fermeture de nombreux points de vente durant la Covid-19 et les problématiques actuelles de distanciation en magasin, les habitudes de consommation ont profondément été bouleversées et ce contexte va accélérer l’évolution du parcours d’achat. Les commerçants et leurs prestataires ont dû repenser les expériences pour faire face à ces contraintes. L’e-commerce, le drive ou encore le click & collect furent largement plébiscités, mais ces solutions digitales n’ont pas été les seules à être prisées par les commerçants.

La solution de paiement Paybylink (paiement par lien), historiquement utilisée par les centres d’appels et appréciée par les maisons de luxe pour une saisie en toute sécurité des données de paiement par le client lui-même, s’est développée ces derniers mois pour répondre au nombre limité de points de contact en magasin et à l’inexistence d’un site Internet pour certains commerçants. Avec ce dispositif, le magasin ou le centre d’appels peut créer très simplement une page de paiement en ligne après avoir pris la commande et envoyer automatiquement le lien par courriel, SMS, QR Code… pour le règlement. La mise à disposition des produits varie ensuite, avec retrait en magasin ou livraison de proximité. De nombreux acteurs se positionnent sur ce sujet (Adyen, Stripe, SSP, Paytweak, Wordline…).

L’acceptation des espèces étant plus limitée, les commerçants ont équipé rapidement de terminaux mobiles (mPOS) de nombreux points de vente ou des employés dans le cas de livraison. Ce produit est en plein essor depuis quelques années et évolue peu à peu vers les technologies acceptant d’intégrer une application sur un mobile permettant de devenir le terminal de paiement (TapOnPhone). De nombreux Proof Of Concepts sont en cours en attendant que le PCI Council publie le cahier des charges de sa certification dans les prochains mois.

Dans cette mouvance de recherche d’innovations sur les paiements en ligne, les quatre géants des cartes de crédit – Visa, Mastercard, American Express et Discover – se sont associés en 2019 pour créer une option « Click to Pay » pour les sites d’achat en ligne. L’objectif est de proposer un moyen plus pratique de régler ses achats en ligne sans avoir à saisir les informations relatives à sa carte de crédit, tout en sécurisant la transaction. Ce système vise à réduire la fraude dans l’environnement du commerce électronique, comme le fait la puce EMV au point de vente physique. L’expérience est très similaire au processus de paiement via PayPal ; le consommateur ne saisit qu’une seule fois ses coordonnées via ce système et peut ainsi se connecter à son compte de paiement lorsque le logo « Click to Pay » apparaît, puis choisit sa carte de paiement stockée.

 

Quel avenir pour la carte bancaire dans le monde ?

Malgré la percée importante des portefeuilles électroniques, la carte reste le moyen de paiement préféré des consommateurs. Ainsi, les établissements bancaires investissent dans le développement de nouvelles générations de cartes.

La première à se lancer dans les tests de cartes de crédit sécurisées grâce à la biométrie, par reconnaissance de l’empreinte digitale, fut NatWest, l’année passée. Grâce à un capteur biométrique, le porteur de la carte pourra ainsi payer en validant son achat avec son empreinte digitale, et sans limite de plafond. L’appétence pour cette technologie était forte avant la COVID-19 et aura certainement beaucoup de succès dès sa disponibilité sur le marché. En France, BNP Paribas, Crédit Agricole et Société Générale prévoient le lancement de cartes biométriques d’ici à la fin de l’année, après les avoir testées ces derniers mois auprès de leurs employés.

BNP Paribas parle également d’une carte avec capteur d’empreintes prévue pour fin 2020, permettant de réduire les risques des porteurs de cartes du piratage via un système « anti sans-contact » pour rassurer les réfractaires au paiement sans contact.

Dans un esprit de digitalisation , les demandes de cartes virtuelles sont en hausse pour des usages personnels et professionnels. L’avantage de ce mode de paiement est d’être délivré instantanément aux clients à distance et sans procédure administrative ennuyeuse. Une telle carte peut être liée à la fois au portefeuille domestique et aux principaux portefeuilles mobiles. En France, Société Générale a lancé la carte digitale instantanée (CDI), issue d’un partenariat avec Apple et disponible pour les versions Android d’ici à la fin de l’année. Cette carte, totalement virtuelle, permet à tout client ayant fait opposition sur sa carte de disposer d’une version digitalisée de sa future carte sur son mobile, pouvant être utilisée immédiatement…

À l’image du portefeuille Alipay, les banques accélèrent leur numérisation et proposent des offres plus attrayantes en combinant les technologies de cartes et de paiement avec, en plus, des services à valeur ajoutée – tels que les prêts en ligne instantanés, les dépôts et les opérations multidevises.

Le nombre de transactions cross-border est en forte progression. En France, 61 % des sites leaders vendent désormais à l’international et 27 % ont une présence sur les market places présentes à l’international, d’après les dernières statistiques de la Fédération d’e-commerce et de la vente à distance (Fevad). Proposées principalement par les banques en ligne ou les néobanques telles que Revolut ou N26, les cartes multidevises permettent aux porteurs la réalisation de très grosses économies sur les opérations faites à l’étranger. Le principe est de lier à la même carte plusieurs comptes dans différentes devises. Ces derniers sont alimentés par transfert d’argent. Ce produit augmente la transparence des paiements transfrontaliers en communiquant au titulaire de la carte les taux de change appliqués au moment du paiement. La banque tire ses revenus de la conversion des devises qu’elle achète directement en Bourse ou en ligne par l’intermédiaire d’un partenaire.


Pour en savoir plus, lisez vite notre nouvelle enquête !

La nouvelle revue des moyens de paiements de Redbridge donne la parole aux responsables monétique en entreprise, aux prestataires de services de paiements, aux éditeurs et aux banquiers. Leurs témoignages sont complétés par l’analyse de nos consultants en trésorerie pour saisir l’ensemble des enjeux et des tendances du monde de la monétique.

Paiements innovants, paiements instantanés, e-commerce, fraude, sécurité, schéma directeur des paiements… Sur tous ces sujets, notre nouvelle publication présente le positionnement des acteurs de l’industrie des paiements et fournit un guide sur qui peut faire quoi dans la réussite de votre projet monétique.

A retrouver dans notre ouvrage :

  • Le point de vue de Jean-Michel Chanavas, délégué général de Mercatel
  • Analyse – L’avenir des paiements
  • Analyse – E-commerce, une stratégie pour maximiser ses ventes et lutter contre la fraude
  • Observatoire 2020 du virement instantané – Enquête auprès des banques, des éditeurs et des PSP

Ainsi que nos entretiens avec :

  • Michel Yvon, Décathlon
  • Charles Lutran, Critéo
  • Isabelle Olivier, SWIFT…

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Le spécialiste du conseil en financement-trésorerie Redbridge et l’expert des solutions IA prédictives Verteego collaborent à améliorer la visibilité des directions financières.

Paris, le 9 octobre 2020 – Redbridge et Verteego annoncent une collaboration pour développer auprès des entreprises l’utilisation de l’intelligence artificielle dans les processus de prévision de trésorerie.

Les deux sociétés entendent exploiter la technologie pour automatiser des processus de trésorerie récurrents et améliorer la fiabilité des prévisions à court ou moyen terme. Le gain attendu ? Accroître la visibilité de l’entreprise sur sa situation de liquidité et renforcer sa capacité à agir en amont sur sa stratégie financière.

– La rencontre entre Data Scientists et experts de la trésorerie

La collaboration entre Redbridge et Verteego regroupe deux expertises métiers –  la finance et le machine learning – formant une compétence de bout-en-bout, unique sur le marché, au service de chaque projet financier structuré autour de l’intelligence artificielle.

  • Connaissance approfondie des modèles de prévisions de trésorerie et des variables clés de cash-flows
  • Projet piloté par des experts métier de la trésorerie
  • Technologie tout autant prête à l’emploi que personnalisable
  • Interopérabilité avec les systèmes d’information de l’entreprise (ERP, TMS, etc.)
  • Automatisation des tâches récurrentes et perfectionnement (AutoML) dans le temps des modèles de prévisions

Les équipes de Redbridge et Verteego travaillent conjointement avec les équipes trésorerie et IT des entreprises clientes de la solution. Après une phase exploratoire et analytique des données de l’entreprise, la solution est testée dans les systèmes de l’entreprise pour s’assurer de la valeur apportée. La technologie développée par Verteego renforce l’aide à la décision en fournissant des projections à court et moyen terme sur la situation de liquidité du groupe. Elle établit des scénarios, notamment basés sur les ventes et leurs évolutions, en fonction d’événements exceptionnels tels que des catastrophes naturelles, des crises sanitaires, des problématiques de santé publique…

« La crise de la COVID démontre avec force la nécessité pour les entreprises de disposer rapidement de prévisions de trésorerie fiables afin d’anticiper les besoins de liquidité et fixer sa stratégie de financement. La finance et la trésorerie constituent un territoire propice à l’application de la technologie d’intelligence artificielle. Nous ne sommes qu’au seuil des possibilités de notre partenariat avec Verteego », déclare Guillaume Roudeau, senior director, conseil en trésorerie et responsable de l’offre IA chez Redbridge.

« A partir du moment où une entreprise souhaite mieux prévoir, elle peut améliorer son activité et sa rentabilité. L’intelligence artificielle répond aux attentes de chaque entreprise ou organisation en étant très opérationnelle (2 à 3 mois pour livrer notre solution). Grâce à cette collaboration avec Redbridge, notre outil va prédire, anticiper des flux stratégiques et accompagner les entreprises dans la prise de décision. C’est un véritable outil de création de valeur au service de la trésorerie », ajoute Rupert Schiessl, CEO et co-fondateur de Verteego.


A propos de Redbridge

Fondé en 1999, Redbridge Debt & Treasury Advisory est le partenaire international de référence des directions financières. Ses équipes, situées à Paris, Genève, Londres, New York et Houston, ont mené plus de 400 missions sur les dix dernières années pour aider les entreprises à optimiser leurs financements et leur trésorerie, de la conception stratégique des solutions à leur mise en œuvre opérationnelle.

A propos de Verteego

Fondé en 2008, Verteego est un éditeur d’une solution d’intelligence artificielle, qui s’adresse aux organisations souhaitant améliorer la précision de leurs prévisions. Experts de la data science et éditeur d’une plateforme propriétaire distribuée dans le Cloud, Verteego est un acteur dédié aux usages de l’intelligence artificielle et met à disposition de ses clients un catalogue de solutions métiers intelligentes, prêtes à l’emploi, permettant de transformer positivement les processus.

Que ce soit pour le secteur de la distribution, de l’industrie, de l’immobilier, des services, Verteego se concentre sur la valeur générée par l’intelligence artificielle et sur un triple bénéfice sociétal, environnemental & économique.

Située entre Paris et Nantes, Verteego emploie 30 salariés, dont 95 % d’ingénieurs (data scientists, développeurs, chefs de projet et des experts UX…), de docteurs et d’anciens de la recherche scientifique.

www.verteego.com


Contacts Presse

SHAN

Laetitia Hottinguer – + 33 1 44 50 58 78

laetitia.hottinguer@shan.fr

Le délégué général de Mercatel, Jean-Michel Chanavas,  passe pour Redbridge en revue l’actualité de rentrée du monde des paiements. Conséquences de la crise sanitaire, initiative EPI, nouveaux moyens de paiements, virement instantané. Pour lui, une forte mobilisation s’impose pour concrétiser prochainement l’évidence du temps réel dans les paiements !

Cette rentrée est marquée par les conséquences de la crise sanitaire.

À plusieurs titres, le passage au plafond de 50 euros pour le paiement sans contact par carte est emblématique de la séquence Covid-19. D’une part, il confirme l’engouement pour les paiements électroniques et, en particulier, pour des versions modernisées comme le paiement sans contact. D’autre part, il démontre le caractère évolutif du monde des paiements, dès lors que les clients des établissements bancaires, payeurs et payés, trouvent un fort intérêt aux évolutions proposées.

Enfin, une nouvelle preuve est apportée de la capacité de l’écosystème français et des établissements bancaires à apporter des réponses rapides et efficaces, en lien avec le Groupement CB et l’autorité publique. La forte croissance du paiement sans contact par carte et, en parallèle, la baisse de l’utilisation des espèces s’accompagnent d’une augmentation générale des paiements électroniques tirée par les différents modes de vente à distance. Elles contribuent à une prise de conscience des entreprises de l’importance, voire du niveau stratégique du sujet de ces paiements, qu’il s’agisse de leur coût, du niveau de la fraude ou de leur nécessaire résilience.

À cet égard, le plan de migration de la Place visant à la mise en conformité avec la DSP2, et plus précisément avec les règles définissant les modalités d’application de l’authentification forte, constitue un point essentiel. Retardée par la crise, cette migration implique l’ensemble des acteurs :  Commerçants, PATs, acquéreurs, réseaux de paiement et émetteurs qui, chacun de leur côté, doivent faire évoluer les outils dont ils ont la responsabilité. La charge de travail qui y est associée va nécessiter une forte mobilisation afin que cette migration soit achevée d’ici à l’été 2021.

Les commerçants y sont d’autant plus sensibles que leur volume d’affaires devient particulièrement dépendant du niveau de performance des outils qui sont utilisés. Ils seront particulièrement attentifs aux solutions qui seront proposées permettant de maintenir, quelles que soient les circonstances, une continuité d’activité.

Modernité, intérêt commun, coopération, c’est sous ce triple signe que nous aimerions que soit placée l’initiative EPI, confirmée cet été par 16 banques européennes – dont les six plus importantes en France – et qui pourrait être un projet majeur.

  • La modernité est, en l’occurrence, de faire d’abord du virement instantané et du temps réel les composants de base de ce nouveau et premier moyen de paiement européen.
  • L’intérêt commun commande une forte implication des autorités publiques européennes qui sont pour partie à l’origine de cette initiative placée sous le sceau de la nécessité d’une indépendance (ou moindre dépendance) en matière de paiement, dans un contexte géopolitique marqué par la confrontation entre les États-Unis et la Chine. L’élaboration en cours d’une stratégie européenne des paiements semble démontrer cette implication qui devra se doubler d’un engagement des autorités et des structures nationales, tant il sera compliqué de tendre vers un objectif unique à partir de situations de départ extrêmement diverses.
  • La coopération sera une des clés de la réussite : la prise en compte des avis et intérêts de l’ensemble des parties, commerçants au sens large aussi bien que consommateurs, est une des conditions de la réussite, en particulier sous l’angle économique.

En statuant, à ce stade, sur une stabilisation des conditions d’interchange arrêtées par le règlement sur les marchés d’instruments financiers (MIF), la Commission semble envoyer aux banques un signal de compréhension du besoin de trouver là une partie des ressources nécessaires à la construction de l’European Payments Initiative (EPI), conçu comme un schéma à 4 coins, ce qui n’allait pas de soi dans le cadre de l’utilisation du virement.

Les commerçants, quant à eux, sont particulièrement attachés à la poursuite d’une baisse tendancielle du coût relatif des paiements électroniques au fur et à mesure de leur progression en termes de part de marché.

En outre, le planning annoncé pour ce projet, avec un démarrage en 2022, suppose une forte mobilisation de l’ensemble des parties, et singulièrement de la demande, pour disposer d’un parc d’acceptation à la mesure des ambitions. Cela ne va pas de soi quand on connaît, par exemple, les difficultés rencontrées aujourd’hui pour faire évoluer dans son intégralité le parc de terminaux afin de le rendre conforme aux obligations déjà anciennes en matière de choix de la marque.

Enfin, il faudra également convaincre les consommateurs, et plus généralement les payeurs, d’utiliser ce nouveau moyen de paiement européen. Cela impliquera un effort considérable en matière de communication.

En ce qui concerne le paiement en temps réel et le virement instantané, le bilan de l’année écoulée est mitigé. D’une part, le volume de ces paiements reste faible en France et son niveau de notoriété demeure modeste. D’autre part, certaines avancées, de nouvelles briques, rendent possible un décollage à relativement court terme. Le relèvement du plafond à 100 000 € permet d’élargir le potentiel d’utilisation au monde des entreprises. Les interfaces de communication sécurisées (APIs) d’initiation de paiement commencent à fonctionner et une offre, notamment tirée par les nouveaux acteurs que sont les prestataires de services tiers (TPP), voit le jour et rencontre un intérêt manifeste, en particulier du côté des grands marchands.

Un « scheme » européen de « Request to Pay » (solutions consistant à transmettre au payeur une demande de paiement que celui-ci doit approuver), basé sur le virement, devrait voir le jour avant la fin de l’année, ouvrant la voie à de nombreux usages tout en favorisant la convergence des solutions grâce à l’adoption de règles communes. Il pourrait s’adresser tout particulièrement à des structures de taille moyenne – PME et TPE, artisans – en offrant une alternative séduisante au chèque. Enfin, des solutions généralisées entre particuliers, comme Paylib entre amis, devraient permettre d’étendre le champ de l’utilisation et surtout de l’adoption par un grand nombre.

Grâce à ces éléments, l’évidence du temps réel dans les paiements pourrait enfin trouver sa concrétisation et – qui sait ? – contribuer, finalement, au succès de l’EPI.

 

Jean-Michel Chanavas, délégué général Mercatel


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La nouvelle revue des moyens de paiements de Redbridge donne la parole aux responsables monétique en entreprise, aux prestataires de services de paiements, aux éditeurs et aux banquiers. Leurs témoignages sont complétés par l’analyse de nos consultants en trésorerie pour saisir l’ensemble des enjeux et des tendances du monde de la monétique.

Paiements innovants, paiements instantanés, e-commerce, fraude, sécurité, schéma directeur des paiements… Sur tous ces sujets, notre nouvelle publication présente le positionnement des acteurs de l’industrie des paiements et fournit un guide sur qui peut faire quoi dans la réussite de votre projet monétique.

A retrouver dans notre ouvrage :

  • Le point de vue de Jean-Michel Chanavas, délégué général de Mercatel
  • Analyse – L’avenir des paiements
  • Analyse – E-commerce, une stratégie pour maximiser ses ventes et lutter contre la fraude
  • Observatoire 2020 du virement instantané – Enquête auprès des banques, des éditeurs et des PSP

 

Ainsi que nos entretiens avec :

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L’étude annuelle de Redbridge sur le financement des corporates du SBF 120 révèle que le profil de crédit des principales sociétés cotées françaises est passé en l’espace de 18 mois de la catégorie « A » à la catégorie « BBB ». L’apparition de tensions dans les négociations avec les prêteurs bancaires et obligataires privés invite les directions financières à se préparer pour affronter cet environnement plus stressé. Analyse

La mise en application de la norme IFRS 16 et la crise du COVID-19 ont bouleversé le profil d’endettement des principales sociétés cotées françaises

Principaux agrégats financiers des sociétés non financières du SBF 120 à fin juin 2020*

  • Le profil de crédit moyen des principales sociétés cotées françaises, illustré par l’évolution du ratio nominal dette nette / EBITDA, est passé en l’espace de 18 mois de la catégorie A à la catégorie BBB.
  • Le niveau de levier moyen à fin 2019, après l’entrée en application de la norme IFRS 16 sur les contrats de location et avant la crise du COVID, ressortait au plus haut jamais observé ces dix dernières années (à 2,0 vs 1,7 fin 2012).
  • En 2019, les ratios de crédit relativement stables ont été dégradés par l’application de IFRS 16, l’impact sur le levier net ressortant en moyenne à 0,3x.
  • L’accélération de la dégradation des profils de crédit des entreprises sur la première moitié de l’année et le prolongement des incertitudes relatives à l’évolution de l’activité économique modifient les relations entre l’entreprise et ses prêteurs.

 

Au premier semestre 2020, la dette brute des principaux corporates cotés français a bondi de 13 %

Principaux agrégats financiers des sociétés non financières du SBF 120 à fin juin 2020*

  • En recentrant notre étude sur un échantillon de 84 corporates ayant publié leurs résultats semestriels avant le 7 septembre 2020, la baisse du chiffre d’affaires à fin juin ressort à 10,7 % en glissement annuel.
  • L’EBITDA est lui aussi en fort recul : -15 %.
  • La dette brute des 84 entreprises du panel s’est accrue de 94 milliards d’euros, à 829 milliards d’euros (+12,7%) au cours du premier semestre 2020.
  • La trésorerie a également augmenté, passant de 283 milliards d’euros à fin 2019 à 306 milliards d’euros (+8,1%). Elle représente 37 % de la dette brute.
  • Au final, l’endettement net progresse de 71 milliards d’euros, à 523 milliards (+15,6%).

(*) Analyse réalisée sur un panel de 84 Corporates. Les impacts IFRS 16 sont pris en compte pour les années 2019 et 2020.

 

Les évolutions observées au premier semestre présentent une grande disparité de situations et préfigurent un scénario de reprise en K de l’économie

  • Si la tendance au premier semestre fut celle d’une brusque augmentation du levier moyen d’endettement des entreprises cotées françaises, trois grands groupes de sociétés se distinguent selon l’impact de la crise du COVID sur l’activité.

 

La principale priorité des entreprises est de renforcer la liquidité

 

  • 23% des entreprises sondées ont mis en place un PGE.
  • Environ un quart des répondants (26%) ont renégocié leurs covenants.
  • Au sein du panel, 26% des entreprises n’ont adopté aucune mesure complémentaire à leur stratégie de financement initiale.
  • L’accès à de nouvelles sources de financement est la priorité de près d’un tiers (31%) des répondants.

 

Selon les corporates, la relation bancaire reste bonne

  • 71% des répondants estiment que les banques sont ouvertes à discussion.
  • Toutefois, 25% des ETI sondées estiment que leurs banques sont en retrait à l’heure actuelle.
  • De même, plus du quart (27%) des ETI interrogées estiment que leur relation avec les prêteurs obligataires se tend.

Pour les corporates avec une structure de financement solide, l’accès au financement de la croissance reste la principale priorité

Situation des répondants n’ayant pas adopté de mesures complémentaires à leur structure de financement initiale

  • La principale priorité des entreprises n’ayant eu recours à aucune mesure complémentaire post-crise est de garantir l’accès au financement afin de financer des acquisitions (38%) et des CAPEX (25%).
  • Il est intéressant de constater que 19% des répondants n’ayant eu recours à aucune mesure complémentaire à leur stratégie initiale estiment que la relation bancaire est tendue à l’heure actuelle .

 

 

Au moins 43% des répondants ayant bénéficié d’un PGE souhaitent le rembourser à court terme

Situation des répondants ayant mis en place un PGE et/ou d’autres financements bénéficiant d’une garantie par l’Etat

  • 29 % des corporates ayant opté pour un PGE jugent sa mise en place plus complexe qu’un financement bancaire classique.
  • Près de la moitié (43%) des répondants bénéficiaires d’un PGE estiment que la relation bancaire se tend actuellement.
  • Environ 30% des répondants souhaitent prolonger leur PGE.
  • Un quart des emprunteurs PGE n’ont pas encore pris leur décision.

 

Les banques centrales et les Etats vont continuer de jouer un rôle clé de stabilisateur des marchés du crédit bancaire

Marché bancaire

  • La forte augmentation de l’endettement des entreprises du SBF 120 se confirme dans les chiffres au niveau national : la crise sanitaire n’a pas entraîné de credit crunch.
  • PGE
  • Lignes de liquidité additionnelles de crise à 1 ou 2 ans
  • Waivers / Covenant Holidays
  • Si les opérations de soutien en trésorerie entre mars et cet été se sont déroulées sans trop de tension de la part des banques, la rentrée est marquée par un net repricing des spreads pouvant atteindre 50 bps, notamment pour les sociétés les plus leveragées.
  • Malgré les injections massives de liquidité, le coût de refinancement des banques s’est stabilisé ~15 bps au dessus de son niveau moyen d’avant crise, après avoir flambé en mars/ avril, tandis que le coût du risque explose.
  • La forte hausse des dépôts a également facilité le développement du crédit.

 

Les Corporates ont massivement émis de la dette obligataire, dans un contexte où la surabondance de liquidités a conduit à la contraction des primes de risque

Marché obligataire

  • En plus du marché bancaire, les entreprises se sont tournées massivement vers les marchés obligataires pour sécuriser des coussins de liquidité.
  • Le marché primaire connait une année record, après une année 2019 elle-même déjà record. Les émissions corporates YTD (380 Mds€) sont environ 20% au-dessus du niveau de 2019.
  • Appétit élevé des investisseurs (taux de sursouscription élevés, NIP faibles).
  • En dépit des incertitudes macroéconomiques, les politiques des banques centrales continueront d’être accommodantes (baisse attendue du taux de dépôt BCE, Fed quid taux négatifs en 2021 ?), stimulant les marchés obligataires.
  • Jusqu’à quel point les banques centrales tiendront les marchés de financement, dans un contexte de montée généralisée des risques à horizon fin d’année ?

Conclusions

  • L’équilibre offre / demande sur le crédit bancaire change et les conditions se renchérissent.
  • Pour les profils de crédit les plus complexes, l’encadrement des documentations se tend.
  • Sur la dette désintermédiée, le segment des placements privés perd de son attractivité en comparaison des marchés publics.

 

  • Les sociétés les plus fragiles (secteur compliqué, levier élevé, problème de liquidité) sont les plus affectées, mais même les crédits Investment Grade sont pénalisés par le manque de visibilité sur le scénario macro.
  • Arbitrage PGE / autre source de financement : Les sociétés ayant bénéficié d’un PGE doivent prendre en compte le renchérissement du crédit dans leur processus de décision s’ils envisagent de rembourser ce prêt.
  • Les entreprises ne doivent pas sous-estimer la flexibilité apportée par les solutions BFR.

 

  • Dans ce contexte particulièrement complexe, nos conseils du début de crise restent d’actualité : communication transparente sur le profil de crédit, basée sur une information fiable et détaillée (notamment prévisions de trésorerie dans le cadre d’un scénario d’une deuxième vague), sécurisation de la liquidité et allongement des maturités.

L’étude annuelle de Redbridge sur le financement des corporates du SBF 120 révèle que le profil de crédit des principales sociétés cotées françaises est passé en l’espace de 18 mois de la catégorie « A » à la catégorie « BBB ». L’apparition de tensions dans les négociations avec les prêteurs bancaires et obligataires privés invite les directions financières à se préparer pour affronter cet environnement plus stressé.

Paris, le 23 septembre 2020 – Les principales conclusions de la dixième étude Redbridge sur le financement des 102 corporates du SBF 120 sont les suivantes :

La mise en application de la norme IFRS 16 et la crise du COVID-19 ont bouleversé le profil d’endettement des principales sociétés cotées françaises.

 

  • La norme comptable IFRS 16 sur les contrats de location a eu pour conséquence d’augmenter le levier net (dette nette / EBITDA) de 0,3x en moyenne.
  • Sur la première moitié de 2020, les groupes du SBF 120 ont enregistré en global un recul de 11 % de leur chiffre d’affaires et de 15 % de leur EBITDA.
  • Toujours sur la première moitié de 2020, l’endettement net des corporates du SBF 120 s’est accru de 15 %.

Les évolutions observées au premier semestre présentent toutefois une grande disparité de situations et préfigurent un scénario de reprise en K de l’économie.

  • Selon un sondage Redbridge réalisé début septembre auprès de 62 grandes entreprises, près de la moitié des répondants bénéficiaires d’un PGE estiment que la relation bancaire se tend actuellement. Un tiers d’entre eux souhaitent prolonger leur financement garanti à l’échéance d’un an et un quart n’a pas encore pris de décision.
  • A l’autre bout du spectre, les entreprises n’ayant eu recours à aucune mesure complémentaire en terme de structure de financement (26 % des répondants) ont pour priorité de garantir leur accès au financement pour des acquisitions et des dépenses d’investissement. Leur jugement porté sur la relation bancaire est plus largement positif.

Le prolongement des incertitudes relatives à la crise du COVID et l’apparition de tensions sur les financements invitent les directions financières à la prudence.

  • Prêts garantis par l’Etat, lignes de liquidité additionnelles, confirmations de lignes de découverts, renégociations ou suspension temporaires des clauses encadrant le crédit… La crise sanitaire n’a pas entrainé de contraction du crédit (credit crunch), mais les banques sont depuis l’été plus prudentes sur les termes et conditions.
  • L’appétit élevé des investisseurs sur le compartiment obligataire public contraste nettement avec le comportement des investisseurs en obligataire non-coté.

 

Pour Muriel Nahmias, Senior Director, conseil en financement de Redbridge : « Si les opérations de soutien en trésorerie entre mars et cet été se sont déroulées sans trop de tension de la part des banques, la rentrée est marquée par un net repricing des marges des crédits bancaires pouvant atteindre 50 bps, notamment pour les sociétés les plus leveragées. Les sociétés ayant bénéficié d’un PGE doivent prendre en compte le renchérissement du crédit dans leur processus de décision s’ils envisagent de rembourser ce prêt».

 

Pour Didier Philouze, Managing Director, conseil en financement de Redbridge : « Dans un contexte particulièrement complexe, nos conseils du début de crise restent d’actualité : communication transparente sur le profil de crédit, basée sur une information fiable et détaillée (notamment les prévisions de trésorerie dans le cadre d’un scénario d’une deuxième vague), sécurisation de la liquidité, notamment en optimisant le besoin en fonds de roulement, et allongement des maturités ».

 

L’étude complète est accessible en téléchargement en complétant le formulaire ci-dessous :


Fondé en 1999, Redbridge Debt & Treasury Advisory est le partenaire international de référence des directions financières. Ses équipes, situées à Paris, Genève, Londres, New York et Houston, ont mené plus de 400 missions sur les dix dernières années pour aider les entreprises à optimiser leurs financements et leur trésorerie, de la conception stratégique des solutions à leur mise en œuvre opérationnelle.

Notre émission du 24 septembre consacrée à la situation de liquidité des entreprises françaises est disponible en réécoute. Quelles sont les priorités de rentrée des directions financières ? Comment les banques prêtent-elles aux entreprises aujourd’hui ? Faut-il refinancer ou conserver son PGE et la liquidité levée en début d’année ? Les informations à retenir, notre analyse et un temps d’échange avec vous, pour répondre ensemble à toutes les questions que vous vous posez.

Cliquez sur le lien ci-dessous pour réécouter notre émission.

Le Debrief #5 – Special Rentrée Financements – L’enregistrement 

Les récents cas de fraude et de pertes très médiatisés de sociétés de négoce situées en Europe et en Asie laisseront une trace profonde. Les banques traditionnellement habituées à financer le négoce international révisent leur stratégie, allant jusqu’à stopper net la couverture de ce secteur. Mais pour Mihai Andreoiu, senior director chez Redbridge, cette crise pourrait bien être salutaire.

 

Les récents cas de fraude et de pertes très médiatisés de sociétés de négoce situées en Europe et en Asie  (par exemple Hin Leong, Agritrade, Phoenix, Hontop Energy et Zenrock) laisseront une trace profonde dans le secteur. Les banques traditionnellement habituées à financer le négoce international (HSBC, ABN AMRO, Société Générale, Natixis, CACIB, BNP Paribas, ING, MUFG, etc.) ont été lourdement impactées. Pour certaines, les pertes potentielles ont largement dépassé la barre des 100 millions. Conséquence directe, plusieurs grandes banques ont décidé de cesser complètement leur couverture de ce secteur, d’autres ont stoppé leurs activités dans certaines zones géographiques et/ou ont laissé partir leurs équipes. Par ailleurs, le courant de nouvelles affaires est gelée et la plupart des établissements préparent un examen approfondi du soutien apporté à chaque client du secteur.

La dernière fois que le financement du négoce international a connu pareilles turbulences, c’était après les affaires de fraude de Qingdao, mais il semble que cette fois, les pertes globales soient plus importantes, de l’ordre de 1 à 2 milliards de dollars au global.

Plusieurs voix s’alarment en réclamant la fin du financement du commerce des matières premières, et les départements des risques recalculent en toute hâte leur exposition au secteur.

Pour plusieurs raisons, ce n’est certainement pas la fin du financement du commerce des matières premières. La situation n’est peut-être pas aussi mauvaise !

 

  • Le long terme

Les banques ont souvent adopté des approches différentes du secteur. Les meilleures ont toujours suivi une vision globale en développant des modèles de risque spécifiques, des départements de gestion des risques dédiés, des bureaux de négociation de matières premières spécialisés et des systèmes de surveillance des transactions et des garanties. Certaines ont même estimé que les pertes occasionnelles font partie du coût de ces activités. D’autres ont au contraire une approche plus opportuniste, estimant qu’ils peuvent facilement reproduire le succès des leaders établis de longue date et miser sur le déficit de financement du commerce fréquemment mentionné (remarque : selon les chiffres publiés par la Banque asiatique de développement, le déficit de financement du commerce mondial est d’environ 1 500 milliards de dollars). L’approche du financement transactionnel (par laquelle une banque prête contre des matières premières ou des créances liées à des transactions individuelles) semble simple à mettre en oeuvre : une vérification préalable de quelques documents transactionnels (souvent des copies) et tout va bien ! Trop souvent la banque n’a qu’une compréhension limitée de la tarification, de la couverture et des positions commerciales de son client. Elle n’a pas mené l’audit des risques qui s’impose, mais bénéficie en contrepartie de marges un peu plus élevées de la part de tous les négociants de taille moyenne !

En cas d’accident de la route, ceux qui ne portent pas de ceinture de sécurité ont tendance à souffrir davantage et certains peuvent ne plus jamais reprendre le volant. Il en va de même pour les banques, les mieux protégées souffriront moins et peuvent continuer à rouler. Je pense raisonnablement que la plupart des acteurs traditionnels du financement du commerce international continueront à soutenir le secteur et à mettre en œuvre les changements et les améliorations découlant des enseignements tirés.

  • Les équipes

Ceux qui ont « beaucoup de kilomètres au compteur » dans ce domaine savent que c’est une affaire de personnes. Autrement dit, c’est un business de spécialistes.

Ce que certaines banques n’ont pas compris, c’est la nécessité d’attirer, de former et de développer les ressources nécessaires, les professionnels hautement qualifiés qui savent comment gérer les risques du secteur et les atténuer de manière appropriée. Le super cycle continu des prix structurellement élevés des matières premières et les besoins élevés en fonds de roulement des négociants en matières premières ont entraîné une demande importante d’employés de banque, peut-être au-delà de ce que le système était en mesure de former raisonnablement. L’approche non spécialisée et les pratiques de recrutement / licenciement de certaines banques ont encore aggravé le problème. Il existe un lien entre l’incapacité de certaines banques à détecter les fraudes et les comportements frauduleux et le manque d’expertise requis de l’encadrement. Là encore, les banques qui disposent des meilleurs professionnels, en front office, en gestion des risques et au niveau de l’équipe de direction, survivront et gagneront sur le long terme.

  • Les marges

Des marges d’emprunt et un coût de la dette très faibles ont permis à un nombre limité de grandes sociétés négoce de développer leurs activités commerciales. Pour elles, es lignes de crédits non garanties à faible marge et les lignes transactionnelles à marge encore plus faible continuent d’être la norme.

Il est permis d’affirmer que le pouvoir de négociation et la main mise de ces grandes sociétés de négoce sur une majeure partie de l’activité ont laissé le reste des acteurs dans une situation plus délicate : réalisation de transactions plus risquées à marge plus élevée, amenant les banques à prêter à des coûts plus élevés à terme, ce qui entraîne de nouvelles transactions plus risquées pour couvrir un coût plus élevé de la dette… Il y a matière à réflexion.

Les banques du secteur doivent-elles également revoir leur modélisation des risques afin d’y intégrer les nouvelles pertes et les données connexes ? Absolument. En fin de compte, si une entreprise est plus risquée, les opérateurs historiques doivent en tenir compte et fixer le prix en conséquence. Quelle est la juste perte en cas de défaillance (LGD), la perte attendue (EL), et autres pour les financements transactionnels et les facilités de crédit renouvelables ? En outre, faut-il revoir les notations du risque d’entreprise / la probabilité de défaut ?

Une chose est certaine : plus le groupe de prêteurs actifs est petit et plus son appétit pour le risque est faible, moins il y a de pouvoir de négociation ; et cela est d’autant plus vrai que l’emprunteur est de petite taille. Cela se vérifie pour tous les produits, même les plus structurés. Attendez-vous à ce que les prix augmentent.

  • La pandémie

Anticipant les réticences des prêteurs, certains négociants ont proposé de manière proactive une augmentation des prix pour certaines de leurs transactions. C’est une bonne chose car cela ancre déjà la priorité à des niveaux spécifiques ; et il est assez probable que les banques l’auraient demandé de toute façon. La réalité des coûts plus élevés est donc déjà là et il est fort probable qu’elle restera.

  • Prix des matières premières

En avril, le prix à terme du pétrole brut WTI est devenu négatif (le 20 avril) et le prix du pétrole reste aujourd’hui très faible. Il y a encore 10 ans, le chef de table d’une des cinq plus grandes banques disait : « le monde est à court de pétrole à 80 dollars ». Des prix plus bas, et pas seulement pour le pétrole, signifient moins de financement pour les mêmes volumes. Cela peut être une bonne chose pour les banques qui essaient de limiter leur exposition, mais pas si bonne pour l’activité de trading. Les cas de fraude actuels peuvent à nouveau être une bénédiction déguisée pour certaines équipes de direction qui expliqueront que la baisse des revenus est simplement liée à une prise de risque moindre. Lorsque l’appétit est là et que les prix des matières premières augmentent, très peu de banquiers reconnaissent réellement l’impact positif sur le chiffre d’affaires. On peut raisonnablement s’attendre à ce qu’une fois la tourmente passée, les banques survivantes continuent à faire pression, comme c’est déjà le cas, sur leurs meilleurs clients.

  • Numérisation

Dans un article paru en début de l’année, au début de la pandémie, je faisais référence à l’accélération de la numérisation liée aux manques de capacité à traiter la documentation commerciale (financière) physique en raison des modèles actuels de travail à distance. Les cas de fraude actuels vont encore accélérer l’adoption de la technologie blockchain, ce qui rendra impossible le financement de fausses transactions ou le double financement. Il semble que le financement du commerce ait été victime de sa propre incapacité à progresser du point de vue technologique. Il appartient maintenant aux cadres supérieurs des banques et des commerçants d’accélérer l’adoption de cette technologie.

En conclusion, de nombreux défis et changements sont à venir pour les acteurs du négoce de matières premières, tant les prêteurs que les commerçants ; mais au-delà de toutes les mauvaises nouvelles, des pertes et des personnes qui perdent leur emploi, le secteur continuera à évoluer, à affiner ses pratiques et, espérons-le, à apprendre comment réduire davantage les risques ; et la technologie devrait être le principal catalyseur. Imaginez simplement tous les financements transactionnels sur la blockchain !

Téléchargez l'étude Redbridge x l'AFTE

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