L’Agentic Commerce est le nouveau terme à la mode dans les paiements et les fintechs. Quiconque évolue dans la finance, la technologie, le commerce aura probablement remarqué, ces derniers mois, une multiplication de publications sur LinkedIn, d’articles et d’annonces portant sur le sujet. Le concept est devenu omniprésent.

  • S’agit-il d’un véritable changement de paradigme dans notre expérience de consommation, comme certains l’affirment, ou simplement d’une évolution de nos usages actuels ?
  • L’Agentic Commerce est-il appelé à sombrer rapidement dans l’oubli comme d’autres buzzwords tells l’internet des objets, le metaverse et – pour être subversif – la blockchain ?
  • Ou au contraire, tiendra-t-il ses promesses en s’ancrant rapidement dans les usages ?

Qu’est-ce que l’Agentic Commerce ?

A l’oreille, le terme « agentic » sonne comme « argentique », une technologie du passé ou plutôt dépassée… par la déferlante numérique. Il va pourtant falloir s’habituer à ce terme, car la vague vient simplement de débuter.

L’Agentic Commerce désigne des situations dans lesquelles une IA intervient pour faciliter un achat. « Agentic » = agents IA ou bots. « Commerce » = acheter ou vendre quelque chose.

L’idée est la suivante : un acheteur – particulier ou entreprise – réalise un achat via un programme d’intelligence artificielle ou un autre outil (comme un moteur de recherche) qui intègre ce type de fonctionnalités.

À l’avenir, des plateformes comme ChatGPT, Gemini et consorts pourraient permettre des expériences d’achat assistées par IA directement intégrées à nos navigateurs ou applications, sur ordinateur ou mobile.

L’intervention autonome de l’intelligence artificielle pourrait concerner toutes les étapes : recherche, affichage produit, validation du panier, paiement, confirmation. Un bot pourrait être déclenché pour effectuer l’achat, que l’acheteur soit présent ou non à l’instant de l’acte.

Pourquoi un tel engouement maintenant ?

Ce regain d’attention s’explique en grande partie par la vague d’outils d’IA récemment lancés : ChatGPT (OpenAI), Gemini (Google), Copilot (Microsoft), Claude (Anthropic)… L’adoption de ces technologies par le grand public a été fulgurante.

L’IA s’est invitée dans nos foyers, sur nos écrans et dans toutes les discussions stratégiques, à une échelle encore impensable il y a quelques années.

Les usages quotidiens se concrétisent. L’Agentic Commerce en est un exemple.

Quel impact pour les paiements et les fintechs ?

Les grands acteurs s’organisent

Le monde des paiements commence à réagir avec de nouveaux services ou adaptations de leurs offres existantes :
• Visa Intelligent Commerce : https://corporate.visa.com/en/products/intelligent-commerce.html 
• Mastercard Agent Pay : https://www.mastercard.com/news/press/2025/april/mastercard-unveils-agent-pay-pioneering-agentic-payments-technology-to-power-commerce-in-the-age-of-ai/
• American Express investit dans des start-ups de l’Agentic Commerce, comme Nekuda : https://www.businesswire.com/news/home/20250514808097/en/Nekuda-Raises-%245M-Led-by-Madrona-Together-with-Amex-Ventures-and-Visa-Ventures-to-Power-Agentic-Payments

Les start-ups affluent

De nombreuses jeunes pousses surfent sur la vague avec des produits et services censés répondre à des cas d’usage précis. Le marché va vite atteindre un point de saturation : certaines start-ups échoueront, d’autres fusionneront, et les plus prometteuses seront rachetées par de grands groupes.

Des milliards de dollars de capital-risque et de private equity vont circuler – et pour certains, ne plus jamais réapparaître.

Quelques rares noms parviendront à atteindre l’*escape velocity* nécessaire pour devenir des sous-marques reconnues ou des briques technologiques intégrées à des ensembles plus vastes.

Qu’est-ce que cela signifie pour les entreprises et les particuliers ?

De nombreux professionnels vont désormais se positionner comme spécialistes de l’Agentic Commerce. L’innovation n’en est toutefois qu’à ses prémices. Il est donc important de se montrer raisonnablement prudent et faire preuve d’indulgence durant cette phase de lancement.

Je ne prétends pas être un expert de l’Agentic Commerce ni de l’intelligence artificielle, mais j’évolue depuis assez longtemps dans le monde des paiements et des fintechs pour imaginer instinctivement la suite :

Mon avis :
• Le comportement humain en matière d’achat est profondément ancré. Beaucoup aiment faire du shopping, et pour certains, c’est une activité importante. L’IA ne changera pas cela du jour au lendemain.
• Il est plus probable que nos comportements d’achat continueront de se répartir entre divers canaux et outils. L’Agentic Commerce représentera une part croissante de ces parcours d’achat, sans pour autant les remplacer totalement. Le futur du e-commerce passera par davantage d’options, et non par une concentration unique.
• Nous continuerons de naviguer sur des apps, des sites ou des marketplaces pour comparer, décider, ou simplement pour le plaisir de chercher. Mais il arrivera aussi que nous ayons recours à un outil d’Agentic Commerce pour gagner du temps, accélérer le parcours ou bénéficier d’une sélection personnalisée.
• Progressivement, les achats du quotidien – alimentation, électronique, mode, factures – seront les premiers concernés. D’autres secteurs suivront.
• Les entreprises en D2C ou B2B2C devront adapter leurs canaux d’achat et leurs parcours d’achat aux nouveaux comportements, y compris ceux des agents automatisés. Le point de départ restera l’écran de l’utilisateur, mais il faudra faire évoluer les protocoles techniques, les flux de données, les marques d’authentification, les cadres de gestion du risque et de sécurité pour les rendre compatibles avec ces outils.

Révolution ou simple évolution ?

À mon sens, l’Agentic Commerce est une évolution de nos usages actuels.

Un défi majeur reste à surmonter : celui des bots. Depuis deux décennies, l’e-commerce lutte contre les bots, car la majorité de ces agents automatisés sont associés à des activités malveillantes ou frauduleuses. Le secteur devra apprendre à distinguer les bons bots des mauvais – à séparer le bon grain de l’ivraie.

Une partie de la réponse réside déjà dans la tokenisation. Cette technologie, déjà largement adoptée dans la chaîne de valeur, permet de remplacer le numéro de carte par un token lorsqu’un utilisateur s’enregistre dans un wallet ou une extension de navigateur. Ces tokens peuvent aussi servir d’indicateur de confiance, signalant qu’un bot agit bien pour le compte de l’acheteur. L’authentification est alors gérée directement dans l’interface utilisateur de l’agent AI, intégrée à l’application, au site ou à l’outil de recherche – comme c’est déjà le cas avec Apple Pay, Google Pay ou PayPal.

Les tokens, leurs métadonnées et les marques d’authentification associées permettent de réduire la friction et les rejets erronés (*false declines*) générés par les systèmes de détection de fraude tout au long du processus de paiement initié par l’Agentic Commerce – notamment côté commerçant.

Sites e-commerce, apps, passerelles de paiement, acquéreurs, outils anti-fraude, réseaux et émetteurs peuvent tirer parti des infrastructures existantes pour intégrer l’Agentic Commerce à leurs flux, moyennant quelques adaptations ciblées.

Alors, révolution ou simple évolution ? À ce stade, il s’agit bien d’une évolution – mais l’histoire montre que certaines évolutions modestes peuvent provoquer de véritables bascules. Comment votre entreprise s’y prépare-t-elle ?

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