En 2022, son équipe a encore levé plus de 10 milliards d’euros de dette. Didier Philouze, responsable de l’activité conseil en dette chez Redbridge, dresse le bilan de l’année écoulée sur le marché des financements et livre son analyse prospective pour 2023.

 

– Comment se présente l’année 2023 pour les entreprises en matière de financement ?
– Didier Philouze, Redbridge : Les banques, qui ont joué en 2022 un rôle d’amortisseur pour les entreprises en laissant ouvertes les vannes du crédit, bien qu’en engageant une montée des spreads, auront un appétit plus mesuré cette année. La hausse des taux a renchéri leur coût du capital et déclenché une révision stratégique des portefeuilles d’engagements, dont les effets se feront pleinement sentir cette année. Les banques vont continuer de relever les marges de crédit (repricing). Les comités seront plus sélectifs, sur fond de fuite vers la qualité (flight-to-quality).

Sur le marché français, il conviendra également de suivre avec attention le refinancement des Prêts Garantis par l’Etat (PGE), dont nombreux commencent à s’amortir. Cela va forcément créer des tensions, car le refinancement de ces prêts exigera plus de fonds propres sans la garantie d’Etat.

En parallèle, les marchés de capitaux semblent digérer la remontée brutale des taux d’intérêts et retrouver une certaine confiance, en témoignent le retour en janvier des émetteurs sur le compartiment high yield (Terreos, Telecom Italia, Faurecia) et la conclusion d’opérations de type amend & extend coté leveraged loans.

La réouverture des marchés de dette sera progressive et se fera sans doute par fenêtres, notamment pour les émetteurs aux profils les plus risqués. Chaque mauvaise nouvelle jettera un coup de froid.

– Quelles sont les implications de ce nouvel environnement pour la stratégie de financement ?
– En ce qui concerne la dette bancaire, les entreprises cherchant à renforcer leur structure financière ne doivent pas perdre de temps car nous ne sommes qu’au début du resserrement des conditions de marché ! Pour ceux qui cherchent à refinancer de la dette existante, procéder à un amend & extend permettra de ne pas trop toucher aux conditions financières actuelles et de reporter à un contexte plus normalisé les discussions avec les prêteurs.

Les sources de liquidité alternatives sont à considérer. Le marché du NEU CP reste actif et compétitif avec un encours de plus de 55Mds€ à fin janvier 2023. Cependant il n’est pas accessible à tous les types d’emprunteurs. Pour sa part, l’affacturage enregistre une croissance soutenue depuis des mois. Son prix s’est relativement moins apprécié que celui des autres types de financements et il est ouvert aux emprunteurs dont le profil de crédit est affecté par la conjoncture actuelle. Le factoring présente aussi l’intérêt de consommer moins de capitaux pour les banques.

Dans un contexte plus tendu, le marché a également vu la montée en puissance des fonds de direct lending et de special situations. Le phénomène s’observe notamment aux Etats-Unis dans l’industrie de l’énergie, aujourd’hui confrontée à la désertion des banques européennes, au désengagement des investisseurs institutionnels du secteur des énergies fossiles et à la réduction de l’exposition des banques faute d’une politique ESG convaincante de ces emprunteurs.

Plus globalement, le thème de l’ESG a un rôle à jouer pour faciliter les négociations et l’accès à la liquidité, en élargissant la base des prêteurs éventuels. A la clé, obtenir une amélioration des termes et conditions pour les sociétés perçues avec un engagement fort sur le sujet développement durable.

Les financements ESG représentent plus de la moitié des financements mis en place par Redbridge. La clef pour ces financements est de s’assurer que les indicateurs RSE choisis soient en ligne avec la stratégie de la société, qu’ils soient jugés pertinents par le marché et que leur gestion soit souple pour les équipes finance et RSE. Les mécanismes financiers en cas de non atteinte des objectifs RSE doivent également être définis et négociés en amont.

En tout état de cause, en 2023, les opportunités de lever de la dette ne doivent pas être reportées, sauf à prendre le risque de voir la fenêtre de marché se refermer.

 

– Quelles sont les raisons qui invitent les entreprises à faire appel à Redbridge ?
– Chaque année, nous levons plus de dix milliards d’euros. Nous délivrons entre 35 et 40 missions, pour trois-quarts relatives à des opérations de financement et un quart relatives à des missions de conseil sur la structure d’endettement et le positionnement du profil de crédit. Cela représente une somme d’intelligence de marché !

Faire appel à nos équipes, c’est s’ouvrir l’accès à une connaissance approfondie des conditions de marché et de la capacité de chaque prêteur à se mobiliser à l’instant t sur un profil de risque donné : quelles sont les banques qui n’ont pas trop relevé leurs prix et n’ont pas encore consommé leurs enveloppes de prêts ? Quelles conditions proposent les mieux disants du marché ? Quelles clauses peuvent être négociées et redonner de la flexibilité sans que le prix ne change ? Quelles sont les sources de liquidité additionnelles qui simplifieraient les négociations avec les prêteurs existants ? Quels KPIs ESG pour crédibiliser la démarche RSE de l’entreprise ?

C’est parce que notre équipe sait apporter une réponse non-biaisée à toutes ces questions qu’elle enregistre un volume d’activité soutenu depuis trois ans. Nous accompagnons les entreprises sur tout type de problématique crédit, financement et sécurisation de la liquidité. Aujourd’hui, la demande va croissante pour les missions de conseil en notation et de conseil en RAROC / relation bancaire, illustrant bien les pressions actuelles sur l’accès à la liquidité bancaire.

 

– Quels sont vos projets pour renforcer votre conseil aux entreprises en 2023 ?
– En lien avec l’internationalisation du cabinet Redbridge, nous poursuivons notre développement en Suisse, en Belgique, en Italie et aux Etats-Unis. L’international représente aujourd’hui plus du tiers de notre activité et cette part va s’accroitre, dans le prolongement de notre démarche d’obtention d’une licence de broker-dealer de nature à faciliter nos opérations sur le marché américain.

Au vu du contexte macro difficile, il semble également évident que les sujets crédit et equity seront bien plus importants qu’ils ne l’étaient depuis la crise de 2008. Aussi, nous sommes heureux d’annoncer le renforcement de notre équipe avec les arrivées d’anciens banquiers expérimentés, comme Guy Silvestre, Pierre Bonnet, Margaux Randier et Cédric Le Brenn. Nous sommes désormais 17 personnes en Europe et aux Etats-Unis au service des entreprises large caps comme midcaps.

Nous avons également lancé en interne de grands travaux pour structurer plus finement et digitaliser notre intelligence de marché dans l’objectif de l’exploiter demain au bénéfice des clients, dans de nouvelles solutions technologiques servant au mieux leurs besoins.

La nouvelle étude annuelle de Redbridge sur le financement des corporates du SBF 120 pointe la qualité de crédit des principales sociétés cotées françaises, mais la montée des risques macro, qui rend les prêteurs plus sélectifs, invite à chaque direction financière à positionner son profil de crédit au meilleur niveau, notamment en s’appuyant sur la dimension ESG du groupe.

En 2021, les corporates du SBF 120 ont connu une amélioration substantielle de leurs agrégats financiers

  • La croissance de l’activité des corporates du SBF 120 ressort largement supérieure à celle du PIB français en 2021 (+16% vs +7%).
  • Les marges opérationnelles renouent avec les niveaux de 2019, avant la crise du COVID. Ce rebond de profitabilité a renforcé la capacité d’auto-financement.
  • L’amélioration des Free Cash Flows a contribué à la réduction de l’endettement net des sociétés du SBF 120 et à la relance des CAPEX.
  • Les mesures mises en place en réponse à la crise sanitaire (PGE & réserves de trésorerie) ont porté la trésorerie à un nouveau palier.

Les ratios de crédit sont en forte amélioration, le levier net diminuant de 0,5x, notamment grâce à l’amélioration de la profitabilité et des cash flows

Principaux ratios de crédit

  • L’impact de l’intégration au bilan des locations simples (IFRS 16) est similaire en 2020 et 2021 et est estimé à 120 Mds€ de dette brute. L’impact sur l’EBITDA est chiffré à 25 Mds€.
  • Au final, 14% de la dette financière brute à fin 2021 est liée à IFRS 16 (stable par rapport à 2020).
  • A fin 2021, le levier net des entreprises du SBF 120 (y compris IFRS 16) atteignait 1,52x leur EBITDA, vs. 1,21x hors IFRS 16.
  • Les niveaux de CAF / dette nette se sont largement améliorés en 2021 (contrairement aux deux années précédentes), confortant ainsi globalement le profil de crédit dit « Investment Grade » du SBF 120.
  • Cette capacité d’auto-financement retrouvée explique en grande partie le désendettement du SBF 120.

La part de la dette bancaire dans les sources de financement des ETI du SBF 120 augmente en 2021

Modes de financement

  • Le montant des financements obligataires (cotés et privés réunis) des sociétés du SBF 120 a été réduit de plus de 30 Mds€ en 2021 par rapport à 2020
    (-7% par rapport au montant de l’année précédente). C’est particulièrement notable pour les ETI du SBF 80 pour lesquelles le montant a baissé de plus de 10%,
  • Sur les sociétés de l’indice CAC 40, la part des financements obligataires ressort à 67,4%. Sur les sociétés du SBF 80, elle est de 50,4%.
  • En parallèle, malgré le désendettement global des sociétés du SBF 120 (-4% en 2021), les financements bancaires du CAC 40 et du SBF 80 ont augmenté tous les deux de près de 4 Mds€, soit une augmentation totale de 8 Mds€ à l’échelle du SBF 120 (+7% par rapport à l’an dernier)

La liquidité du SBF 120 (lignes confirmées non tirées + trésorerie) s’est de nouveau renforcée en 2021, couvrant les échéances jusqu’à 2026

  • Les lignes de liquidité confirmées couvrent les échéances de dette à moins d’un an (1,08x pour le SBF 120 vs. 1,10x l’année précédente).
  • La trésorerie et les lignes de liquidité confirmées couvrent à 112% les échéances à 5 ans (vs. 108% en 2020).
  • La trésorerie, qui avait été renforcée l’an dernier entre autres par la mise en place des PGE, est restée sur un palier haut cette année (+3 Mds€ par rapport à 2020)

Le rebond de l’activité s’est poursuivi au premier semestre 2022

Principaux agrégats financiers des sociétés non financières du SBF 120 à fin juin 2022*

La croissance des dépenses d’investissement observée depuis 2021 a été largement couverte par la génération de cash

 

  • L’effort d’investissement est en nette hausse depuis 2021 : les corporates ont utilisé leur capacité d’auto-financement pour augmenter leurs dépenses d’investissement.
  • Les dépenses d’investissement ont continué au premier semestre 2022.

Les choix de financement et les exécutions d’opérations sont significativement impactés par la nouvelle situation de marché

RESSERREMENT MONETAIRE

  • Fin des QE
  • Hausse généralisée des taux directeurs des banques centrales va se poursuivre
  • Priorité de la lutte contre l’inflation vs. la croissance

CROISSANCE / INFLATION

  • Le ralentissement de l’économie mondiale est déjà là
  • Pic ou plateau d’inflation ? Quel timing ?

ESG

  • Pressions croissantes des pouvoirs publics, de la BCE et des régulateurs (taxonomies, EU CSRD, EU SFDR, politique monétaire et d’achats d’actifs, CRD VI & CRR III…)
  • Impact sur les ratings, les relations bancaires et le financement des Corporates

RUPTURES

  • Toute l’industrie passe en risque élevé au sein des comités de crédit
  • La BCE en alerte (exposition vs. marché des prêts à effet de levier)
  • Impact des sanctions
  • Risques climatiques
  • Volatilité extrême des marchés de taux

L’accès aux marchés désintermédiés devenant compliqué pour les cross over et les non IG, il faut s’attendre à une ruée sur le marché bancaire

La situation de marché suggère d’allonger la maturité de ses lignes bancaires sans attendre

BANCAIRE

  • Chute de 40% des volumes sur le marché du crédit syndiqué en Europe / France sur les 9 premiers mois de l’année vs. 2021
  • Le marché bancaire reste liquide même si son accès se complique (niveaux de sursouscription en recul, concentration qui réduit les options de financement et les marges de négociation…)
  • Tendance à l’augmentation des marges de crédit (« +25-35 bps » sur le coût de refinancement selon les banques) et hausse des commissions upfront
  • Levier BCE pas au-dessus de 6x
  • Positionnements de plus en plus hétérogènes entre les banques (yc perception rating), rendant complexe l’obtention de conditions communes

NEU CP

  • Volumes peu affectés globalement mais marché compliqué pour les non notés / non IG et les programmes de faible taille
  • Repricing significatif mais les conditions restent dans la plupart des cas inférieures au coût bancaire

OBLIGATAIRE

  • Recul de 7 % des émissions Corporate IG au S1 2022 vs. S1 2021
  • Participation de la BCE aux books primaires divisée par
    2 au moins
  • Repricing significatif, seuls les « A » et « strong BBB » accèdent au marché public
  • Recul de 80 % sur les émissions High Yield sur les 9 premières mois de l’année vs.2021
  • Marchés PP à l’arrêt, avec des pricings potentiels approchant les 6%

La grande majorité des entreprises interrogées cherche en priorité à se refinancer, augmenter leur liquidité et se couvrir contre la hausse des taux

Sondage Redbridge mené auprès de 50 corporates français entre le 15 septembre et le 4 octobre 2022

  • La grande majorité des sondés (80%) confirme que le contexte macro-économique a impacté leurs priorités en matière de financement et de trésorerie.
  • La levée complémentaire de fonds et le refinancement sont cités prioritairement par les répondants à notre sondage.
  • 73% des entreprises sondées ont fait de la couverture des taux l’une des 3 grandes priorités de leur département financement-trésorerie
  • Dans un contexte macro-économique difficile, les financements durables ne sont pas la première priorité. Toutefois, notre sondage montre la normalisation à l’œuvre de la finance durable.

57% des sondés ont déjà mis en place des financements intégrant des indicateurs de performance durable (vs. 35% l’an dernier)

  • Plus de 75% des entreprises ayant participé à notre enquête ont déjà levé des financements durables ou envisagent de le faire au cours des 18 prochains mois.
  • Pour les sociétés qui ont déjà mis en place des financements intégrant des indicateurs de performance durable, c’est entre 10 et 25% du montant total des financements qui sont concernés pour plus d’un tier d’entre eux, et plus de 50% pour près d’un quart.
  • A horizon 5 ans, 96% des sondés estiment qu’ils auront recours à des financements à impact.

La grande majorité des entreprises interrogées s’appuie sur des indicateurs environnementaux, mais le recours à des indicateurs sociaux progresse

  • Sur les sociétés interrogées ayant une part de financement basée sur des indicateurs environnementaux, plus des deux tiers d’entre-elles indiquent avoir des financements bancaires à caractère ESG et la moitié ont utilisé des financements de marché à caractère ESG. Certaines sociétés indiquent également avoir eu recours aux deux.
  • Si l’essentiel des sociétés sondées privilégie les indicateurs environnementaux pour introduire la finance durable dans leurs financements, la part des indicateurs sociaux connait une progression notable (plus de 50% les considèrent désormais comme pertinents).
  • La notation ESG est dans le même temps plus pertinente que l’an passé aux yeux des entreprises interrogées.

Hausse des taux, hausse des marges, finance durable et Green NEU CP. L’AFTE a partagé en amont de son rendez-vous annuel des 15 et 16 novembre à Paris son analyse sur les grands sujets d’actualité du trésorier.

Les Journées d’étude de l’AFTE, rendez-vous annuel des professionnels de la trésorerie, se sont déroulés cette semaine au Palais Brogniart à Paris. Le programme cette année était articulé autour de cinq grands thèmes.

  1. Focus sur la hausse des prix et des taux, avec un atelier intéressant sur le concept de frontière efficiente des couvertures de change ;
  2. Focus international, où il sera question de risque géopolitique ;
  3. Financements ESG, avec des ateliers qui viendront éclairer sur les apports de l’énergie verte dans les KPIs ESG et démystifier les contrats virtuels d’échange d’énergie ;
  4. Digitalisation du métier de trésorier, où il sera question de l’avenir du modèle bancaire et des enjeux à MT de la finance décentralisée ;
  5. Elargissement du rôle du trésorier, et plus particulièrement son rôle à jouer dans le financement du M&A et l’allocation du capital.

Lors du déjeuner de presse tenu en amont des Journées, le président de l’AFTE, Daniel Biarneix, ainsi que les deux co-rapporteurs de l’évènement, Hélène Brunou (Voltalia) et Matthieu Bouchery (Orange) ont commenté les grands sujets d’actualité pour les trésoriers, parmi lesquels l’évolution des marges de crédit et le développement de la finance durable.

Marges de crédit bancaire

La rapidité avec laquelle les taux sont remontés sur le marché obligataire à la fin de l’été (le compartiment high yield a fait les frais de ce repricing violent) marque le grand retour du financement bancaire. Si les hausses de marges des crédits bancaires sont plus contenues que sur les financements désintermédiés, le président de l’AFTE s’est toutefois montré agacé par l’attitude de certains banquiers sur le sujet précis du flooring de l’Euribor, imposé dans les documentations de crédit par les prêteurs pour fixer une limite à la baisse du prix des financements. « Maintenant que l’Euribor est repassé en territoire positif, certaines banques ont le toupet de demander la surmarge que leur octroyait le plancher fixé sur l’Euribor ! », a en substance fait valoir Daniel Biarneix. La vigilance s’impose…

Financement durables

En matière de financement durable, le président a rappelé son attachement à ce que la transition vers les financements ESG suive trois principes simples : inclusive, incitative, et dynamique. Inclusive veut dire qu’aucune entreprise ne doit être mise à l’écart du mouvement vers la finance durable en raison de son secteur d’activité. Incitative signifie qu’il doit y avoir un intérêt à promouvoir l’intégration de critères ESG dans les documentations de financements. Enfin, dynamique signifie qu’il faut prendre en compte la trajectoire globale de l’entreprise, plus que les objectifs ESG fixés.

En matière de notation extra-financière, l’AFTE appelle à de la lisibilité dans les méthodes, à une simplification dans les indicateurs et de la clarté dans les modes de rémunération.

Green NEU CP

Sur les NEU CP verts, Daniel Biarneix a rappelé que quelques financements court terme fléchés avaient déjà été émis, mais qu’un NEU CP de type sustainability-linked semblait plus compliqué à mettre en œuvre, en raison du découplage entre objectifs de long terme et financement court terme. L’AFTE estime toutefois qu’il serait possible (et Redbridge partage ce point de vue) d’envisager le mécanisme suivant : l’émetteur de Green NEU CP prendrait des engagements avec des rendez-vous annuels. Dans le cas où l’émetteur échouerait à atteindre ses objectifs ESG, il ne verserait pas de coupon additionnel aux investisseurs, car le papier sera déjà remboursé. En revanche, il serait possible de calculer l’encours moyen de Green NEU CP de l’émetteur sur l’année écoulée et de déterminer une pénalité à reverser à une ONG œuvrant pour une cause environnementale ou sociale.

Au cours de l’échange, Daniel Biarneix a rappelé que les investisseurs et les prêteurs bénéficiaient aujourd’hui du malus versé par l’emprunteur en cas de non-respect des objectifs ESG fixés dans la documentation du financement. Interrogé sur la possibilité que demain, ce malus vienne obligatoirement financer une action en faveur du développement durable, plutôt que la marge du prêteur, l’AFTE s’est déclarée agnostique, renvoyant ce point du fléchage du malus à la négociation commerciale.

La conférence annuelle GTR Commodities a rassemblé à Genève la foule habituelle de directeurs financiers, trésoriers, responsables de sociétés de négoce, banquiers, assureurs, avocats, consultants et éditeurs. S’il n’y avait pas de thème particulier, dans une ambiance plutôt positive, quelques points ont retenu l’attention de notre spécialiste, Mihai Andreoiu.

Soutien des banques

Tumultueuse au printemps, la situation du financement du commerce des matières premières semble rétablie aujourd’hui, après que certaines banques aient pris des engagements de type ‘quoi qu’il en coute’ auprès des grandes sociétés de négoce. Toutefois, les besoins en liquidités des négociants sont au plus haut. L’augmentation des besoins a commencé par toucher le commerce des métaux, puis celui du pétrole et désormais celui du gaz et de l’électricité, obligeant de nombreuses banques et parfois même les Etats à mettre à disposition d’importantes liquidités supplémentaires en un temps record pour assurer la continuité des opérations des maisons de négoce sur de larges volumes.

La quête de sources de capitaux additionnels semble infinie, mais les banques qui se sont montrées accommodantes ont leurs limites. Parallèlement, les négociants plus petits ou plus jeunes luttent toujours pour gagner l’attention et l’engagement des banques, en construisant patiemment et avec diligence leur historique. Il n’y a pas de solution miracle pour instaurer la confiance : il faut travailler dur et être patient. L’espoir pour l’avenir est que des solutions technologiques, visant à atténuer notamment le risque de fraude et à rendre les garanties plus sûres, apportent une aide précieuse.

Déficit de financement du commerce et sources alternatives de liquidités

La Banque asiatique de développement (BAD) estime désormais à 1.700 milliards de dollars le déficit de financement du commerce mondial. Sa dernière enquête confirme que les PME comptaient pour environ 40 % des demandes de financement du commerce international rejetées. Les espoirs de voir les prêteurs directs et les fonds dédiés au financement du commerce international combler ce déficit ont été déçus. Ces prêteurs ont des difficultés à sourcer les flux qui satisfassent les exigences de rendement élevées des investisseurs. Ils peinent également à convaincre de l’emploi des capitaux à des niveaux de risques acceptables.

Le fait est que ces investisseurs « fixed income » ne sont pas toujours familiers avec le financement du commerce international, alors qu’une diligence scrupuleuse est indispensable pour prétendre commercialiser un instrument de trade finance classique (lettres de change, créances) dans un cadre de risques maîtrisés. Pour les acteurs qui comprennent bien les risques encourus et sont prêts à aller au-delà de l’approche souvent restrictive des banques, il y a des affaires à faire. Reste à savoir pour eux comment l’économie va « atterrir » après ce resserrement sans précédent des conditions financières, et quel sera l’impact sur le commerce en général et le commerce des matières premières en particulier. En outre, l’augmentation des coûts de financement va mettre à l’épreuve la capacité des négociants à répercuter cette hausse pour conserver leur marge. Il y aura une facture à payer.

ESG

L’ESG s’impose comme la nouvelle norme et les entreprises (en particulier celles qui ont mis en place des facilités de crédit) ne doivent pas attendre pour intégrer les problématiques de durabilité à leur mode de fonctionnement. Le temps est un facteur important. Les approches varient considérablement selon les entreprises, certaines s’efforçant d’obtenir une notation spécifique, tandis que d’autres préfèrent développer des indicateurs clés de performance liés à leur activité. Il semble indispensable de replacer l’ESG dans le contexte du modèle économique de l’entreprise et de faire comprendre son approche aux investisseurs et aux prêteurs. Le lien entre facilités de crédit syndiquées et indicateurs ESG est intéressant à observer, tandis que les lignes transactionnelles de financement des matières premières, qui restent le pain et le beurre du secteur du financement des matières premières, ne sont pas alignées avec les aspects de développement durable.

Fintechs

De la blockchain aux plateformes d’exécution post-négociation, de nombreux acteurs ont développé des solutions technologiques pour améliorer le financement du commerce international. Leur défi est d’aligner toutes les parties prenantes, au risque que la solution ne réponde finalement qu’à un problème qu’elle a elle-même créé. Le retour sur investissement et le message de ces solutions doivent donc être affinés.

Pour l’avenir, la législation aura un rôle essentiel à jouer en matière de transparence et de réduction des risques (de fraude). Cela va se mettre en place progressivement. La numérisation du commerce n’en est qu’à ses débuts. Le droit anglais étant principalement utilisé en matière de commerce et d’arbitrage, nous ne pouvons que féliciter le Royaume-Uni pour les progrès réalisés dans le cadre du projet de loi sur les documents commerciaux électroniques.

 

En conclusion, il semblerait que nous passions d’un environnement marqué par des événements spécifiques tels que les contraintes sur la chaîne d’approvisionnement, la fraude, l’absence de documents physiques, les exigences en matière de liquidité… vers un environnement économique plus difficile, avec des coûts d’exploitation accrus et un nouveau régime financier. S’en tenir à la gestion du risque, à l’allocation disciplinée du capital et aux avantages concurrentiels aidera une fois de plus à traverser cette période exigeante.

Décriée pour avoir été le vecteur de la crise financière de 2008, la titrisation est devenue un outil de financement aux risques maîtrisés et, donc, à réévaluer à l’aune de la hausse des coûts de financement, écrit Thierry Sebton.

Dans le contexte actuel d’augmentation des taux et des spreads, les sociétés disposant d’actifs mobilisables (créances, stocks, revenus futurs) peuvent valablement envisager d’utiliser la titrisation pour se financer. Nous revenons ici sur les caractéristiques de l’outil et sa règlementation.

Apparue aux Etats Unis au début des années 1980, la titrisation est une technique financière qui permet à une entreprise de transformer des actifs en titres financiers négociables vendus à des investisseurs. Elle vise à “trancher” les actifs, de sorte à ce que les titres émis portent un niveau de risque déterminé (senior, mezzanine, junior). Les investisseurs sont rémunérés en rapport avec ce niveau de risque.

En France, la titrisation a été introduite par la loi n° 88-1201 du 23 décembre 1988, modifiée à plusieurs reprises, notamment pour introduire la possibilité de cession de créances futures.

Quelques définitions

Titrisation : représentation schématique

Titrisation - représentation schématique

Une opération de titrisation fait intervenir plusieurs acteurs, les plus importants étant le cédant (ou « originateur ») des actifs, l’entité de titrisation (en France ce sera la plupart du temps un Fonds Commun de Titrisation), les investisseurs, l’arrangeur, la société de gestion et le dépositaire.

Titrisation - représentation schématique

Le tranching des titres émis par l’entité de titrisation est obtenu par l’utilisation de techniques de rehaussement de crédit : les pertes sur actifs titrisés (par exemple dues au défaut de paiement dans le cadre d’une titrisation de créances clients) sont supportées prioritairement par l’investisseur junior, qui est généralement le cédant lui-même. Le cédant fournit ainsi une protection aux investisseurs seniors, qui ne sont exposés que si les pertes excèdent un montant statistiquement estimé de sorte à n’être atteint qu’avec une probabilité minime. La qualité de crédit des titres émis aux investisseurs est ainsi améliorée et généralement supérieure à celle du cédant lui-même, lui permettant de se financer à moindre coût.

Pour les titrisations financées par ABCP « conduit » (Asset Backed Commercial Paper), le cout de financement (hors cout fixe) est composé (i) du cout de l’ABCP émis sur une base [EURIBOR] non flooré revolving à un mois et (ii) du cout de la ligne de liquidité fournie par la banque. Celui-ci est fonction de la durée de la ligne mais aussi du risque estimé par la banque. Dans ce cadre, La banque cherche à réduire le risque en augmentant la taille des protections et des parts subordonnées tout en maximisant sa rémunération.

La titrisation et la crise financière de 2008 à la source de la nouvelle règlementation européenne de 2019

La titrisation a été pointée du doigt en 2008 comme facteur aggravant de la crise financière.

Rappelons que cette crise a eu pour origine une bulle immobilière aux Etats Unis. Les prix de l’immobilier ont commencé à grimper en 1990 pour atteindre leur niveau culminant en 2006. Pendant cette période, les acheteurs et les prêteurs partaient du principe que les prix ne pouvaient que croître. Les conditions de crédit étaient donc particulièrement favorables ; des prêts représentant parfois plus de 100% de la valeur du bien étaient accordés sans difficulté à des emprunteurs dont la capacité de remboursement était pourtant objectivement douteuse (clients « subprime »). De ce fait, la banque prêteuse, en cas de défaut de l’emprunteur, n’était protégée que si la valeur de l’immobilier continuait à monter…

Pour crever la bulle immobilière, la Réserve fédérale américaine a pris la décision de relever son taux directeur en 2006. De nombreux emprunteurs ont alors fait défaut, se trouvant désormais incapables de rembourser leurs crédits à taux variable.

Or, de nombreuses banques notamment américaines et britanniques avaient titrisé leurs prêts immobiliers. Les investisseurs ayant acheté des parts de titrisation « Mortgage Backed Securities (MBS) » ont dû faire face à des pertes potentielles inédites. La chute de la valeur de marché des parts de titrisation a déstabilisé le marché et certains investisseurs ont enregistré de lourdes pertes.
Il est apparu que la titrisation avait contribué à la crise :

  • en permettant aux banques ayant titrisé leurs prêts de ne pas analyser le risque de crédit de leurs emprunteurs comme elles auraient dû le faire : le risque ayant été cédé aux investisseurs, elles n’étaient elles-mêmes que faiblement exposées aux pertes. Ce que l’on appelle l’« aléa moral » a joué à plein.
  • Les investisseurs n’ont pas compris le risque qu’ils encourraient : les MBS bénéficiaient de notations fournies par les grandes agences de notation, qui elles-mêmes n’avaient pas analysé le risque correctement (sous-estimation du risque de corrélation de défaut, sur-notation des CDO squared -titrisation de parts de titrisation).

La maitrise des risques par la règlementation

Les régulateurs bancaires mondiaux ont réagi à la crise en renforçant la réglementation de la titrisation (en Europe : Règlementation (EU) 2017/2402) et 2017/2401) :

  • Pour lutter contre l’aléa moral, ils ont imposé aux originateurs de conserver au moins 5% du risque titrisé. Ils ont aussi contraint les banques à appliquer des mesures de due diligence draconiennes concernant les prêts titrisés.
  •  Le cout en capital des ABS a été revu à la hausse. La dépendance vis-à-vis des agences de notation a été réduite.
  • Des règles précises définissent désormais les actifs éligibles à la titrisation ainsi que les obligations applicables au cédant en matière de sélection des actifs à titriser.
  • L’obligation d’information des investisseurs a été renforcée.

La Commission Européenne a par ailleurs encouragé la mise en place d’opérations « Simples, Transparentes et Standardisées (STS ) » par l’application d’un traitement en capital plus favorable. Ces opérations ne peuvent porter que sur certains types d’actifs, respectant des règles de qualité et de concentration maximum. Leur documentation doit comporter certaines clauses, par exemple des seuils au-delà desquels la transaction s’amortit. L’obtention du label STS se fait aujourd’hui sur la base d’une documentation relativement complexe à fournir à l’Autorité Européenne des Marchés Financiers (ESMA).

Le résultat de l’adoption de ces mesures a été l’assainissement du marché de la titrisation et le renouveau de la confiance des investisseurs.

La titrisation outil de la relance économique et de la finance verte

La Commission Européenne a annoncé en 2021 un assouplissement du statut STS, devant contribuer au financement de la croissance des entreprises européennes dans le contexte de la pandémie.

Par ailleurs, un nombre croissant d’opérations de titrisation vise aujourd’hui des objectifs environnementaux/sociaux: le produit de l’émission est investi dans des programmes remplissant des critères stricts de développement durable et/ou social.

En résumé, La titrisation présente de nombreux atouts

  • o pour les investisseurs :
    • Diversification du portefeuille: la titrisation donne aux investisseurs non bancaires (par exemple des fonds de pension) accès à des expositions corporate qu’ils ne pourraient pas trouver ailleurs.
    • Gamme d’investissement : les ABS sont tranchés, offrant aux investisseurs une large gamme de couples “risk/return”, depuis les titres les mieux notés jusqu’au sub investment grade.
    • Rendements des tranches mezzanine/junior: ces tranches offrent des rendements très attractifs.
  • pour les entreprises :
    • Souplesse du financement: la nature renouvelable de la titrisation réduit le besoin de refinancements répétitifs; les programmes sont structurés de manière à donner à l’emprunteur les moyens de financer sa croissance. La titrisation permet aux entreprises de lever des fonds auprès de financeurs diversifiés (par exemple, un pool bancaire, des investisseurs institutionnels). Une seule banque financeuse/arrangeuse est rarement la meilleure option.
    • Réduction des coûts: la titrisation est moins chère qu’un financement non garanti et en général moins chère que les autres formes de prêts garantis, en raison du tranching des risques. A noter que dans le contexte actuel d’augmentation des spreads (déjà sensible au niveau des souverains), la titrisation sera de plus en plus intéressante par rapport aux émissions obligataires.
    • Traitement hors bilan: en retirant les actifs titrisés du bilan, la titrisation peut aider une entreprise à améliorer son rating et son ratio d’endettement. A noter que le traitement hors bilan ne peut être obtenu que dans certains cas.

En dernier lieu, la titrisation suppose une rigueur de la gestion des informations et, pour les renouvellements ou les accroissements de volume – et encore plus pour les premières transactions – suppose un investissement en temps significatif.

Près de huit messages de paiement transfrontalier MT 103 sur dix sont désormais envoyés via la solution GPI, ce qui fait de l’initiative de SWIFT visant à améliorer le niveau de service des banques en matière de paiements transfrontaliers un grand succès. La montée en puissance de nouvelles technologies telles que la blockchain et les crypto-monnaies va-t-elle désormais défaire la domination de SWIFT dans le domaine ?

L’avant et l’après GPI

Les paiements transfrontaliers sont réputés pour leur caractère compliqué, leurs coûts cachés et leur opacité. Historiquement, ni l’expéditeur ni le bénéficiaire n’avaient de détails sur le lieu ou la date d’arrivée des paiements. En réponse à ces enjeux, SWIFT a introduit un nouveau service perfectionné, SWIFT Global Payments Innovation (GPI) en 2016 et a continué à y apporter des améliorations au fil des années. SWIFT GPI est basé sur un accord de niveau de service ( Service Level Agreement, SLA) multilatéral entre les banques pour mettre en œuvre des normes de traitement communes qui améliorent la vitesse, la transparence et les mécanismes de suivi des paiements internationaux.

Depuis son lancement, son adoption a été lente mais régulière. Aujourd’hui, 78 % de l’ensemble des messages MT103 transfrontaliers sont envoyés via GPI, ce qui représente près de 438 milliards de dollars par jour. Les institutions financières et les entreprises comptent plus de 1 800 clients actifs sur GPI. Selon Kalyani Bhatia, responsable mondiale des paiements chez SWIFT, les banques et les entreprises constatent les avantages de l’utilisation de GPI. Elle explique que les banques reçoivent moins de requêtes et de demandes de confirmation car les clients ont accès à des informations en temps réel, leur permettant ainsi d’économiser du temps et de l’argent. En outre, les paiements transfrontaliers effectués par l’intermédiaire de GPI sont beaucoup plus rapides qu’auparavant. Environ 44 % des paiements sont crédités en cinq minutes, 70 % en moins de 30 minutes et près de 100 % en moins de 24 heures.

SWIFT GPI chart1

L’initiative GPI

Globalement, SWIFT poursuit trois objectifs principaux avec GPI :

  • Permettre aux clients et aux petites banques d’avoir la main
  • Moderniser et numériser les paiements internationaux pour répondre à de nouveaux standards
  • Accélérer la finance intégrée

Pour parvenir à ces objectifs, les banques et autres institutions financières ont consacré beaucoup de temps et de ressources à l’adoption et l’amélioration de SWIFT GPI. Une liste complète des banques qui participent à la communauté SWIFT GPI est accessible ici. Selon une grande banque américaine, SWIFT GPI a plusieurs applications. Tout d’abord, les clients peuvent utiliser leur module bancaire en ligne pour visualiser en temps réel les paiements émis, et tous les frais qui auraient été retenus en cours de route. Par ailleurs, à travers un portail bancaire en ligne accessible au public, les bénéficiaires peuvent eux aussi suivre leurs paiements à recevoir en utilisant une url founie par l’émetteur du virement. La banque fournit également des solutions pour intégrer les données GPI au sein des outils de trésorerie (TMS) ou comptable (ERP) par le biais d’une interface API. Grâce à ces API, les clients peuvent affiner leurs prévisions intrajournalières et optimiser leur position de trésorerie.

Avantages

De l’avis d’un grand corporate international, actif dans le secteur des matières premières, la traçabilité des paiements est le principal avantage de SWIFT GPI. Les utilisateurs peuvent désormais suivre et retracer l’itinéraire des paiements internationaux grâce à un numéro de suivi unique appelé UETR ou Référence unique de transaction de bout-en-bout. En Amérique du Nord, les clients peuvent choisir leur propre UETR. Cette fonctionnalité est très importante car, avant GPI, chaque banque avait la possibilité de modifier la référence du paiement en cours du processus, ce qui rendait le suivi des paiements très difficile pour les clients. Le numéro de suivi permet aux utilisateurs de vérifier le statut des paiements ainsi que les frais payés à chaque étape. Ce dernier point constitue un avantage clé pour cette entreprise, car elle est désormais en mesure d’informer ses bénéficiaires de l’état du paiement, et de renforce en conséquence la confiance et le partenariat avec ses fournisseurs, tout en s’évitant des recherches longues et coûteuses. En outre, les transactions qui passent par le service GPI sont nettement plus rapides, ce qui permet d’optimiser la liquidité. Des transactions qui prenaient auparavant plusieurs jours ne prennent plus que quelques minutes pour la plupart des entreprises.

 

Inconvénients

Cependant, tout n’est pas parfait. Le niveau de service peut varier d’une banque à l’autre, selon leurs capacités. Si les grandes banques peuvent fournir des données GPI avec un niveau de détail élevé, ce n’est pas toujours le cas des banques de taille moyenne ou petite. Egalement, si certaines banques permettent à leurs clients d’accéder au système de suivi de SWIFT GPI directement via leurs portails bancaires ou leurs API, d’autres obligent les entreprises à passer par le service client. Aussi, les entreprises doivent-elle continuer à pousser leurs partenaires financiers à adopter les derniers services disponibles pour profiter pleinement des avantages de SWIFT GPI.

 

SWIFT GPI chart2

Avenir et alternatives à SWIFT GPI

L’émergence de nouvelles technologies telles que la blockchain et les crypto-monnaies vient contester la domination de SWIFT dans le domaine des paiements transfrontaliers. Plusieurs fintechs développent des solutions innovantes qui entendent améliorer les services proposés par les acteurs traditionnels de l’industrie financière. Parmi celles-ci, Ripple se distingue sur le marché des paiements transfrontaliers en se présentant comme « l’internet de la valeur ». Ripple est un réseau mondial décentralisé qui relie les fournisseurs de services de paiement du monde entier. Ripple promet de résoudre la plupart des problèmes liés aux paiements transfrontaliers, tels que la vitesse de paiement, les frais et la transparence, grâce à l’utilisation d’un modèle de consensus décentralisé dans lequel un ensemble d’ordinateurs détermine quelles transactions envoyées par le réseau sont valides. En outre, la crypto-monnaie de Ripple, XPR, utilise la puissance de la blockchain pour confirmer les transactions en quelques secondes avec un coût très faible. Vous trouverez ci-dessous un guide étape par étape des transactions sur le réseau Ripple.

SWIFT GPI chart3

Mises à jour et améliorations

SWIFT et ses membres apportent régulièrement des améliorations et de nouvelles fonctionnalités au service GPI, à l’image de la pré-validation et de SWIFT Go. La fonction de pré-validation permet à l’expéditeur de valider le compte du bénéficiaire avant d’envoyer le paiement. Le processus de paiement est ainsi plus rapide et plus fluide, ce qui permet aux institutions financières de détecter avant l’émission de potentiels problèmes. 75 banques ont déjà souscrit à ce service. SWIFT Go cible spécifiquement les paiements de détail de faible valeur destinés aux consommateurs. Le contrat de service (Service Level Agreement) normal de SWIFT GPI est de 24 heures. Pour SWIFT Go, il a été réduit à quatre heures. Dix clients utilisent déjà ce service et 100 autres sont en cours de déploiement.

SWIFT procèdera en novembre 2022 à une mise à jour de sa plate-forme GPI en ajoutant des fonctionnalités permettant à tous ses membres de bénéficier de la norme ISO 20022. D’ici 2025, toutes les institutions financières devront passer des messages MT à ISO. SWIFT comprend que toutes les banques effectueront la transition à des moments différents et la nouvelle plateforme permettra à chaque membre de migrer à son propre rythme. Le format ISO fournit plus d’informations que les messages MT et SWIFT veut s’assurer que les entreprises ne perdent pas d’informations précieuses pendant cette transition vers ISO. Pour ce faire, la nouvelle plateforme SWIFT conservera toutes les informations tout au long du processus de paiement afin de garantir l’intégrité et la sécurité des données.

SWIFT reste le premier réseau utilisé pour les paiements transfrontaliers, avec plus de 100 000 milliards de dollars transitant via le réseau SWIFT GPI. Cependant, un nombre croissant de nouvelles solutions pour les paiements transfrontaliers B2B sont en cours de développement. Aussi, les entreprises doivent-elles chercher avant tout à comprendre et à évaluer leurs options, en tenant compte des avantages et des inconvénients de chaque solution.

Ashley Krause & Pedro Hernandez

Nombre d’entreprises regardent à la loupe leur liquidité. Cette attention est légitime, essentielle et vertueuse. Il en va du respect de ses covenants, du coût de sa dette et en premier chef de sa capacité à absorber les chocs.

Cette attention passe, entre autres, par un pilotage étroit du BFR, cette composante qui n’est jamais que semi-apprivoisée, sujette au fil des saisons à de la dérive ou de la bonification, liées aux aléas de l’activité opérationnelle.

Le BFR impose une attention quotidienne et un pilotage stratégique à moyen terme

C’est un KPI qui comporte entre autres deux composantes majeures mais contradictoires : créances clients et dettes fournisseurs, qui forment à elles deux un jeu à somme nulle ; améliorer les délais d’encaissement de son chiffre d’affaires vient forcément altérer trésorerie et BFR opérationnel des clients ; optimiser ses échéances fournisseurs impacte la trésorerie, et donc le BFR, des fournisseurs concernés.

Un jeu à somme nulle, pas tout à fait…

Car c’est là que les montages dénommés ‘Affacturage Inversé’, ou encore, selon les objectifs recherchés, ‘Supply Chain Finance’ (SCF) ou ‘Dynamic Discounting’, prennent (une partie de) leur sens. Mettre en place pareil programme a beaucoup de vertus. Autant de vertus que d’obstacles à leur mise en œuvre ! L’une d’elles est de permettre aux contreparties fournisseurs – celles et uniquement celles qui le désirent – d’être payées plus tôt, tout en offrant la possibilité au donneur d’ordres d’être débité plus tard que le terme initial. A noter que cette faculté d’extension du terme initial pour le donneur d’ordres ne s’adresse pas à un florilège de fournisseurs, mais à une sélection limitée de partenaires stratégiques puisque qu’il s’agit d’un arrangement entre les parties devant s’inscrire dans le cadre du contrat commercial qui les relie.

Beaucoup d’observateurs y voient un montage purement financier qui pourrait potentiellement subir une remise en cause. C’est en partie vrai : comme pour la cession de créances sans recours (dont la pratique doit être ‘raisonnable’), il faut veiller à ce que cette extension du terme de paiement (pour le donneur d’ordres) soit contenue et ne soit pas en infraction avec les cadres réglementaires. Par ailleurs, le montage requiert l’adhésion de financeurs qui supportent l’accélération du paiement et son différé. C’est donc par essence relativement fragile : ces concours peuvent s’amenuiser ou disparaitre. Ainsi l’a-t-on constaté au début du Covid. Et c’est la raison pour laquelle il est recommandé, comme pour tous ses financements, d’obtenir le concours de plusieurs prêteurs fussent-ils banques, factors ou asset managers à la recherche d’une classe d’actifs ancrée sur le business inter-entreprises.

S’il est vrai qu’un corporate doit d’abord et avant tout optimiser les briques opérationnelles sous-jacentes de son BFR (émission rigoureuse et dans les temps des factures, harmonisation et optimisation des termes de paiement, choix de moyens d’encaissement et de règlement favorables …) , desquelles découle son BFR (et pas seulement à l’approche de certaines dates), un montage SCF peut donc aussi soutenir et compléter ces efforts collectifs, et venir ajuster telle ou telle cible d’évolution du BFR, parfois, directement ou indirectement communiquée au marché.

Ne plus gâcher les BAP et contribuer au compte de résultats

Mais surtout, la mise en place d’un programme d’Affacturage Inversé doit aussi être motivée par la puissance de son impact sur le compte de résultats.

Or cette dimension est peu mise à profit par les corporates. Pourtant existe-t-il là un formidable outil permettant à la direction financière alliée à celle des achats de contribuer durablement à la rentabilité d’exploitation. Et quand bien même, ces gains de rentabilité échapperaient à l’Ebitda, ils tomberaient plus bas dans le compte de résultats.

En réalité, tous les donneurs d’ordres le font déjà, au coup par coup. Quel acheteur n’a-t-il en effet eu la sollicitation d’un ou plusieurs de ses fournisseurs pour un paiement exceptionnellement plus tôt, a fortiori ces deux dernières années ?

Ainsi s’agit-il d’apporter une réponse organisée, industrielle, systématique à ces demandes croissantes, bénéficiant ainsi à un nombre plus grand de fournisseurs, et bénéficiant aussi au donneur d’ordres.

Par ailleurs, les comptabilités fournisseurs détiennent une richesse loin d’être soupçonnée : elles disposent des factures fournisseurs approuvées, dites bonnes à payer (BAP). Si l’on se place une minute dans la position d’un prêteur mobilisant des fonds face à des factures (face à un flux prévu d’encaissement), c’est en effet là une double connaissance : i) le détail de factures potentiellement mobilisables et ii) celles qui sont bonnes à payer, c’est à dire dont le paiement est « certain » sous réserve de la solvabilité de l’acheteur. Pour le financeur, savoir que des factures sont légitimes et approuvées par le débiteur a une valeur considérable. En affacturage et en titrisation, cela réduit fortement le risque dit de dilution.

Et c’est bien le donneur d’ordres et lui seul qui détient ces informations, à l’échelle de toute sa masse d’achats !
Ainsi, en fin de compte, mettre en place un programme SCF revient à capitaliser sur cette information cruciale que sont les Bons à Payer. Aujourd’hui cette information est gâchée, elle ne quitte les contours des ERP qu’à l’occasion des paiements. Les diffuser sur une plateforme sécurisée à l’attention des fournisseurs concernés et permettre – à ceux qui en ont besoin – d’accélérer le paiement, telle est la promesse d’une plateforme SCF. Et cette accélération se fait le plus souvent à l’aide du concours d’un financeur. Ce faisant, le financeur porte un risque sur l’acheteur et ne saurait logiquement réclamer une rémunération guère supérieure au prix habituel du découvert (du donneur d’ordres). Pour fixer les idées, si ce prix est de 120 bps, financer une anticipation d’un mois coûte 10 bps alors que le discount librement concédé par le fournisseur – que rien n’oblige – sera plutôt de 100 bps en moyenne (entre 50 et 150 bps). C’est ainsi qu’une approche SCF peut contribuer au P&L du donneur d’ordres, en libérant l’information des BAP et en finançant à prix coutant un paiement accéléré définitif contre un discount acceptable et accepté.

Autofinancer un programme de SCF avec son cash

La plupart de ces montages sont mis en place avec plusieurs financeurs. Mais quelques corporates font un raccourci habile et ont décidé de prendre en charge le financement des paiements anticipés en puisant dans leur cash (Conforama, Groupe BEL …) ; cette approche auto-financée est souvent désignée par Invoice Discounting. Plus simple à mettre en œuvre, elle permet à son initiateur de capter 100% des avantages produits avec l’inconvénient assumé de pénaliser le BFR. On ne peut gagner sur tous les tableaux. C’est donc là une posture particulière qui requiert de définir en amont les limites de l’exercice et donc le contingent maximal de trésorerie que l’on peut y dédier. Cela a été et constitue encore une alternative intéressante aux investissements classiques de liquidité et n’augmente pas le risque encouru par la société.

Intégrer la dimension RSE

Un programme de SCF peut contribuer concrètement aux efforts d’une entreprise sur le plan RSE, et ce à deux principaux niveaux.

C’est d’abord une action qui conforte – et ce gracieusement – les fournisseurs concernés sur la situation de leurs factures et leur donne une visibilité en temps réel sur le statut des dites factures (réceptionnées, bonnes à payer, financées, payées, en litige …). C’est une action résolument positive auprès de l’écosystème de fournisseurs, de nature à générer des gains de temps administratif pour tous, de nature à renforcer les relations.

Ensuite, les paramètres proposés aux fournisseurs peuvent prendre en compte leur évaluation RSE en proposant des conditions plus ou moins avantageuses – toutes choses égales par ailleurs – selon le niveau de cette évaluation.

D’ailleurs en cas de contribution de financeurs, cette dimension est forcément de nature à renforcer l’adhésion et la compétitivité de ces derniers !

Financer avant émission du Bon à Payer

Enfin, un donneur d’ordres dont le circuit de validation des factures prend un mois ou plus ne doit pas refermer le sujet. La célérité de production des Bons à Payer est certes un élément déterminant mais n’est pas pour autant une condition sine qua non. En effet, certains programmes offrent la possibilité aux fournisseurs de mobiliser leurs créances sans attendre pareille validation. Le vocable Affacturage Inversé prend là tout son sens, puisque à la base l’affacturage est un mode de financement qui ne tient pas compte de cette information. On est alors dans une situation classique d’affacturage nécessitant une quotité disponible et bien sûr une documentation liant le financeur au fournisseur, de nature à peser sur son processus d’embarquement, mais pour de bonnes raisons !

Préparer l’hiver

Plus que jamais auparavant, les ingrédients sont réunis pour accélérer sur la voie du SCF :

  • sur le plan technologique grâce à un processus d’approbation des factures fournisseurs plus rapide car digitalisée et aux innombrables plateformes – européennes et américaines – en mode Saas et pour lesquelles le processus administratif avec les fournisseurs s’est considérablement allégé, notamment avec le recours à l’IPU (Irrevocable Provider Undertaking) ;
  • du point de vue des prêteurs comme des pouvoirs publics, puisque le financement de ces initiatives a un impact direct sur l’économie réelle ;
  • du point de vue des acteurs corporates, tantôt donneurs d’ordres tantôt fournisseurs ou sous-traitants. Alors que le scénario d’une dégradation économique est privilégié, certains fournisseurs auront potentiellement un accès plus difficile et/ou plus coûteux, voire impossible, au financement de leur cycle d’exploitation, faisant porter un risque par ricochet à leurs donneurs d’ordres. De même, ces derniers peuvent y trouver un moyen de préserver les marges en systématisant les propositions de paiement rapide contre escompte.

Du point de vue de leur mise en place, un projet SCF est plus complexe, toutes choses égales par ailleurs, qu’un projet d’affacturage. D’ailleurs hormis les montages qui incorporent le financement avant l’émission des bons à payer, ces montages n’ont rien à voir l’un avec l’autre : ce sont des faux-amis. A commencer bien sûr par le fait qu’un montage SCF est à l’initiative du donneur d’ordres.

Cette initiative doit être anticipée. Démarrée cet été, elle peut être prête pour l’hiver, un hiver dont on peut craindre que les températures ambiantes seront vigoureuses, notamment celle des relations inter-entreprises.

Fin du QE et resserrement monétaire, explosion des taux longs à la hausse, inflation généralisée, l’environnement de crédit a radicalement changé en quelques mois.

Si, jusqu’à maintenant, ces tensions sont surtout restées cantonnées au marché obligataire, le marché bancaire restant quelque peu préservé, les signaux d’alerte se multiplient. En plus d’annoncer la fin des taux bas et de la liquidité banque centrale abondante, la BCE, dans son rôle de superviseur bancaire des grands établissements financiers, veille et s’apprête également à contrôler de plus près les expositions des banques sur le crédit, s’inquiétant du caractère vulnérable des bilans bancaires dans le contexte d’un futur retournement macroéconomique et/ou de hausse des taux de défaut.

Les leveraged loans en ligne de mire
Est visé en premier lieu, le marché des leveraged loans et plus généralement les expositions dites « à levier élevé ». Dans son rôle de surveillance du risque systémique et de garant de la stabilité financière mondiale, la BCE s’inquiète de la hausse des risques liés aux opérations sur le marché des leveraged loans, revenu aux niveaux pré-covid.

Au second semestre 2021, les ratios de levier ont atteint des niveaux records depuis la crise de 2008/2009, tandis que les spreads pour les profils les plus risqués sont au plus bas. La BCE s’inquiète aussi des documentations de plus en plus « light » (covenant-lite transactions). Et ceci, tant en Europe qu’aux Etats-Unis. Entre le 1er trimestre 2018 et le 3ème trimestre 2021, les expositions en leveraged loans des 28 banques supervisées par la BCE sont passées de €300mds à €500mds (+66%). Ces expositions comptent pour près de 60% des fonds propres durs (CET1), vs. 40% en 2018.

Les opérations les plus risquées (« highly leveraged ») ont compté pour 60% du deal flow au premier semestre 2021, un niveau record, tandis que les LBO et le M&A ont compté pour plus de la moitié du volume total originé (+10 points vs. 2019/2020). La BCE considère que les bilans bancaires se fragilisent et qu’il faut surveiller plus strictement.

Figure 1 - yield to maturity at issue of euro-denominated term leveraged loans

Une mise en garde que les banques n’ignorent pas
L’ensemble des dirigeants des 28 banques ont ainsi reçu une lettre de la BCE fin mars 2022 actualisant une note de mai 2017 (Guidance on leveraged transactions). Dans cette lettre, la BCE demande d’être vigilant sur les risques de crédit pris sur le marché du « leveraged finance ».

La BCE considère qu’il y a un certain nombre de lacunes importantes dans les pratiques de gestion des risques des banques, que ce soit en origination, prise ferme ou syndication. Elle juge que dans de nombreux cas, la gestion des risques est inadéquate et pas assez développée compte tenu des stratégies à haut risque poursuivies. Le superviseur européen des grandes banques a d’ailleurs fait du financement à effet de levier une priorité essentielle en matière de surveillance pour 2022-2024, afin de s’assurer que les banques gèrent les risques associés de manière appropriée.

La portée concrète pour les corporates de cette mise en garde de la BCE est encore incertaine. Une chose est sûre, de plus en plus de banques vont s’y référer dans les opérations de crédit syndiqué.

Cependant, contrairement à ce que certaines banques laissent entendre parfois, les guidances de la BCE n’ont pas force de loi, ce sont des recommandations de bonnes pratiques de gestion des risques. Il n’y a pas de sanction immédiate, la BCE utilisera tous ses outils de supervision à disposition, tout dépassement passera par le Pilier 2 du dispositif d’exigences en fonds propres minimum, avec un accroissement de ceux-ci dans le cadre du process annuel de revue SREP de la banque [1].

La BCE a une définition très large du levier
Les banques disent également que cette « norme » concerne toutes les entreprises. Pas tout à fait. Est considérée comme « leveraged transaction », un prêt ou une exposition crédit lorsque le levier brut post transaction dépasse 4x ou lorsque l’emprunteur est détenu par un ou plusieurs sponsors financiers.

Ne sont pas concernés : les crédits aux PME, au sens de la définition européenne des PME (sauf si la PME en question est détenue par un ou plusieurs sponsors financiers), ou les crédit octroyés à des emprunteurs « investment grade » et les financements spécialisés (financement de projet, immobilier, financement matières premières). Des situations peuvent se situer dans la zone grise : une PME ou un emprunteur IG affichant un levier BCE supérieur à 4x ou 6x.

Surtout, la définition du levier selon la BCE est très large, puisqu’elle vise à évaluer le risque en cas de retournement de marché. Il s’agit d’un levier brut, post transaction, et prenant en compte non seulement les lignes confirmées tirées mais aussi les lignes confirmées non tirées (les pures lignes de lignes de liquidité sont normalement exclues du calcul, sauf que les lignes RCF sont généralement destinées au « financement des besoins généraux »). Entre également dans le calcul du levier, selon la définition BCE, la dette additionnelle, permise par la documentation de crédit (y compris les clauses accordéon), et même les différents baskets.

La BCE avertit : les transactions à plus de 6x de levier au sens BCE (niveau au-delà duquel la transaction est considérée comme « hautement risquée » – « highly leveraged ») doivent désormais rester exceptionnelles et justifiées.


Lire la lettre sur le site de la BCE

[1] Supervisory Review and Evaluation Process

Fin avril, le groupe de télécommunications néerlandais Veon, coté sur Euronext Amsterdam, annonçait à ses investisseurs « un changement dans sa structure de capital », comprenant notamment le transfert à sa filiale russe d’un contrat de prêt souscrit auprès de Sberbank. Cette transparence n’est pas la règle et peu de corporates ont à ce jour communiqué sur leurs financements apportés par des établissements de crédits russes.

Le sujet est délicat à l’heure où les divers trains de sanctions adoptés par la communauté internationale à l’encontre de la Russie ont entraîné l’exclusion du réseau Swift de tout ou partie des établissements bancaires du pays, et contraint dans le même temps les entreprises à ne plus effectuer de transactions financières avec des banques russes. La présence de ces dernières dans un pool bancaire, et tout particulièrement dans des lignes de financement syndiquées, constitue un véritable casse-tête pour de nombreuses directions financières. Selon Bloomberg, l’encours de dette souscrite par les entreprises non-russes auprès de prêteurs bancaires russes avoisinerait 22 milliards de dollars. Les principaux bénéficiaires sont originaires d’Europe, où l’activité des banques russes auprès des acteurs du négoce de matière première est notoire.

Union européenne, Royaume-Uni, Etats-Unis : trois cadres de sanctions qui diffèrent

A la demande des établissements prêteurs, les clauses dites « Sanctions » des conventions de crédit existantes (disposant que l’emprunteur s’engage à respecter la réglementation internationale, et notamment les sanctions et embargos qu’un Etat peut décréter vis-à-vis d’un autre pays et de ses ressortissants) ont été durcies depuis plusieurs années déjà. Il est d’usage que le champ d’application de ces clauses soit le plus large possible, et couvre notamment trois principales juridictions : l’Union européenne (UE), le Royaume-Uni, et les Etats-Unis. Dans le cas présent, cette situation est source de complexité pour les groupes exposés à des banques russes dans la mesure où le cadre de sanctions arrêté varie d’une zone à l’autre ! Outre-Manche, les mesures de coercition frappent en effet l’ensemble des établissements russes et interdisent tout transfert d’argent à destination de l’un d’entre eux, tandis que les Etats-Unis et l’UE ont jusqu’à présent exclu certains grands groupes bancaires russes du champ d’application de leurs sanctions. Autre différence majeure, les dates d’entrée en vigueur effectives de ces restrictions ne sont pas identiques, selon le type de transaction et l’entité sanctionnée.

Un inconfort juridique

La cohabitation au sein des conventions de crédit de cette clause relative au respect des réglementations internationales et de celles obligeant l’emprunteur vis-à-vis de ses prêteurs (et en premier lieu à payer les intérêts dus et rembourser le capital emprunté), y compris russes, induit mécaniquement une forme d’inconfort juridique pour les directions financières. Cette insécurité tend par ailleurs à être exacerbée par l’hétérogénéité des sanctions décidées par les Etats.

Dans ce contexte, la priorité pour les trésoriers et directeurs financiers consiste à identifier les juridictions auxquelles l’entreprise est assujettie selon l’implantation de ses établissements et activités, et des nationalités des divers membres de l’équipe dirigeante. Mais ce n’est pas tout. La situation se complexifie pour les crédits syndiqués dans lesquels un autre type d’acteur est particulièrement exposé à ces risques de conformité : les « agents de la facilité ». Ces derniers sont chargés d’animer la gestion administrative d’un crédit syndiqué et notamment de transférer les intérêts et remboursements de principal venant des emprunteurs à chaque banque du pool.

En cas de banque russe dans un pool, c’est l’« agent de la facilité » qui procédera in fine au transfert des fonds reçus de l’emprunteur vers celle-ci. Les agents étant généralement des établissements bancaires internationaux, aucun ne prendra donc le risque de contrevenir aux sanctions internationales– tous ont encore en mémoire les amendes (stratosphériques) que les banques européennes ont dû payer outre-Atlantique pour des violations d’embargos dans un passé récent.

Cette due diligence effectuée, reste ensuite aux emprunteurs et aux agents des facilités à se mettre en conformité. Pour y parvenir, nous avons identifié quatre voies.

Première solution : exercer la « clause d’illégalité »

D’abord, les conventions de crédit standard contiennent une clause dite d’illégalité (illegality clause). Elle prévoit notamment qu’une banque dont la présence dans un crédit syndiqué deviendrait illégale du fait d’un changement de réglementation puisse demander à l’emprunteur le remboursement par anticipation du montant qui lui est dû, de manière à ce qu’elle puisse se retirer du syndicat. L’exercice de cette clause étant à la main du prêteur, il convient pour le corporate concerné qui ne l’aurait pas déjà fait – et dont la banque russe ne l’a pas encore approché – d’initier sans tarder des discussions avec son partenaire en vue de l’actionner.

Mais cette option ne constitue pas forcément la panacée. D’abord, elle implique que l’emprunteur dispose des fonds nécessaires au remboursement de l’intégralité de la créance. En outre, pour ne pas enfreindre la réglementation internationale, le versement doit impérativement intervenir avant la fin de la période de transition fixée par les réglementations internationales, ce qui implique d’agir vite et concerne également l’agent de la facilité dont la responsabilité est engagée. Enfin, la possibilité d’activer la clause d’illégalité divise les juristes : s’il est clair que les sanctions empêchent d’opérer des transferts d’argent à destination d’un établissement russe, ils sont moins unanimes pour conclure que la présence d’une banque de cette nationalité dans un syndicat soit, en tant que telle, illégale, qui est la condition à l’activation de la clause d’illégalité par la banque. A ce stade, ce débat n’est pas tranché.

Autres alternatives : l’accord des autres banques, le transfert de la participation à une autre banque, ou l’ouverture d’un compte-séquestre

A défaut de pouvoir recourir à cette clause d’illégalité, un emprunteur dispose de deux autres portes de sortie éventuelles. La première consiste à exercer l’option de remboursement par anticipation de sa ligne prévue dans la documentation du financement. Toutefois, cette solution présente aussi des limites. Dans ce cas de figure, les conventions de crédit prévoient en effet que l’ensemble des prêteurs doivent bénéficier du même traitement. En conséquence, une entreprise qui souhaiterait solder sa dette auprès de membres russes du syndicat n’a pas d’autre choix que de rembourser également les autres banques. Seul moyen d’y échapper : demander l’accord de chaque prêteur, ce qui prend du temps. Or, là aussi, le remboursement de la banque russe devra être bouclé avant la fin de la période de transition.

En cas d’impossibilité, une seconde alternative existe. Il s’agit de trouver un prêteur en capacité de racheter la participation de la banque russe concernée. Si une telle option permet à l’emprunteur de ne pas tirer sur sa liquidité pour sortir la banque russe et n’expose pas l’agent de la facilité, le défi reste de trouver une banque (un prêteur existant ou tiers) capable – et ayant l’appétit – d’obtenir un accord crédit pour prendre la place de la banque russe dans les délais impartis.

Enfin, si les alternatives précédentes ne peuvent être mises en œuvre, une solution transitoire est généralement recommandée par les avocats. D’un commun accord avec la banque russe et l’agent de la facilité, ou a minima avec ce dernier si la première refuse, elle repose sur l’ouverture d’un compte-séquestre, sur lequel seront versés les produits correspondants aux paiements des intérêts et au remboursement de la créance détenue par le prêteur visé par les sanctions. En cas de contentieux, ce modus operandi permettrait à l’emprunteur de démontrer sa bonne foi et montrer qu’il n’est pas en défaut de ses obligations vis-à-vis de ses banques.

De la nécessité de diversifier son pool bancaire

Les trésoriers et directeurs financiers en relation commerciale avec des banques russes l’auront compris : pour ne pas risquer de tomber sous le coup de sanctions internationales, il est urgent de régler la situation des lignes de financement existantes et d’anticiper un potentiel durcissement des sanctions, et notamment un élargissement de la liste des établissements russes concernés. Surtout, les effets collatéraux de l’invasion russe en Ukraine viennent rappeler à quel point il est important – si ce n’est vital – pour une entreprise de diversifier son pool bancaire, tant dans le nombre d’établissements qu’en variant leurs nationalités. Un conseil qui prévaut tout particulièrement pour les groupes opérant dans des pays pouvant être ciblés par les sanctions internationales, mais aussi plus largement pour ceux dont les activités pourraient ne plus correspondre, à terme, aux politiques crédit de certains de leurs partenaires bancaires, sur la base de critères sectoriels ou ESG par exemple.

En mars, Tom Hunt, en charge des questions de trésorerie au sein de l’Association of Financial Professionals (AFP) américaine a animé un webinaire sur le coût réel des paiements. Il avait pour invités Mark Penserini (Corpay), David Deranek (Health Care Service Corporation) et Bridget Meyer (Redbridge).

Il existe aujourd’hui de nombreux moyens de paiement à la disposition des consommateurs et des entreprises, du chèque traditionnel aux virements de toute forme, sans oublier les différents dispositifs de prélèvements. Si chaque mode de paiement a ses avantages, il supporte également des coûts qu’il convient de déterminer avec précision pour juger de l’utilité de chaque service.

David Deranek, directeur des opérations de trésorerie au sein de la mutuelle de santé Health Care Service Corporation (HCSC), explique s’appuyer à la fois sur un logiciel de suivi des frais bancaires, sur son système de gestion de trésorerie et sur ce qu’il nomme une « base tierce » pour déterminer le véritable coût de chaque mode de paiement. « Nous y consacrons vraiment beaucoup d’efforts », explique-t-il, avant d’indiquer qu’il cherche à moderniser la manière de suivre ses coûts, parce qu’il est impossible de traiter cette tâche manuellement. « C’est tout bonnement trop de travail ! », fait-il valoir.

Une enquête menée par l’Association for Financial Professionals (AFP) montre que la plupart des entreprises s’estiment au courant du coût de chaque moyen de paiement. Par exemple, 40 % des répondants à l’enquête déclaraient être ‘conscients’ des coûts des chèques, et 45 % s’estimaient même ‘extrêmement conscients’ de ces coûts. Il y a donc un degré élevé de sensibilisation à ce sujet coût au sein des entreprises. Mais comment parviennent-elles à déterminer efficacement ces coûts ?

Etablir un modèle pour déterminer les coûts des paiements

Bridget Meyer, Senior Director chez Redbridge, donne quelques conseils sur la manière dont les entreprises peuvent calculer le coût réel des différents modes de paiement. L’étape initiale consiste à isoler tous les frais liés à chaque moyen de paiement, y compris ceux qui sont logés dans d’autres postes ou d’autres familles de produits.

« Le premier obstacle à tout projet visant à améliorer la connaissance des coûts des moyens de paiement réside dans l’accessibilité des données », explique Bridget Meyer. « Il faut déterminer si vous souhaitez mener l’analyse pour une seule banque ou pour l’ensemble des banques, ce qui n’est pas aussi simple que de consulter un relevé de frais au format PDF ».

Ces relevés de frais peuvent d’ailleurs manquer de transparence. « Les banques peuvent ajouter des frais supplémentaires dans la section des frais généraux. A chacun de décider du degré de précision à donner à son modèle pour déterminer les coûts de chaque moyen de paiement. »

Après avoir collecté les données, il faut retirer tous les frais de mise en place, facturés une seule fois. Pour Bridget Meyer, cette approche de l’analyse des coûts s’apparente à un « puzzle », car elle implique d’assembler différentes pièces. « Allons-nous conserver tous les frais fixes, les exceptions, les rapports, etc ? Ou bien allons-nous les supprimer pour nous concentrer uniquement sur les frais de traitement de base ? La décision est structurante. » Après avoir franchie cette étape, il convient de séparer les paiements et les encaissements. « Cela peut sembler évident, mais ce n’est pas si simple », dit Bridget Meyer.

Une fois le modèle établi et les données collectées, vient le moment de passer au diviseur pour établir le coût unitaire de chaque moyen de paiement. « Il ne sert à rien de prendre des postes isolés sur un relevé de frais et d’additionner les volumes. » Il faut isoler les seuils spécifiques à chaque poste de service pour éviter les doublons.

Une ligne de service ne raconte pas d’ailleurs toute l’histoire. Il est très important d’inclure d’autres postes comme les frais annexes, les frais de couverture contre la fraude et les frais de maintenance, par exemple. Selon Bridget Meyer, une autre question clé est la suivante : « Si je devais passer complètement sur des paiement en temps réel demain, quels services disparaîtraient ? » Tous les services qui ne disparaîtraient pas devraient être conservés par le modèle.

L’utilité des codes AFP

Les codes AFP permettent aux entreprises de trier les données par type de service afin de pouvoir identifier facilement les différents frais figurant sur les relevés. Chaque produit correspond à une famille désignée par une structure de code service L’attribution des bons codes AFP permet de filtrer facilement les prix et les volumes. Cependant, il est également important de ne pas doublonner les calculs de volumes.

Selon Bridget Meyer, les paiements par batch appartiennent à la famille de services la plus difficile à évaluer correctement. Cela est dû au fait que dans de nombreux cas, les banques ne font pas la différence entre les opérations au débit et au crédit. Il existe également des frais supplémentaires logés dans les frais généraux. Et des frais de service importants peuvent grever significativement les coûts.

Étude de cas sur la détermination du coût des paiements

HCSC présente une étude de cas sur la gestion des frais bancaires. L’entreprise met actuellement en œuvre un projet de modernisation de ses paiements qui implique la normalisation des données. Dans le cadre de ce projet, le département de la trésorerie essaie de créer une nouvelle base pour évaluer à la fois le coût des paiements de l’entreprise et le coût global des frais bancaires.

« Nous savons que notre entreprise est submergée de données et nous devons nous assurer que nous sommes en mesure de les utiliser pour prendre des décisions éclairées afin d’améliorer la rentabilité de notre entreprise », explique David Deranek.

L’avenir est digital

La finalité de l’exercice consiste pour HCSC à mieux comprendre sa structure de services bancaires consommés, et à en évaluer le coût en vue de limiter demain l’usage des paiements non électroniques. Selon l’enquête de l’AFP, environ 73% des entreprises américaines sont actuellement en train de faire passer les paiements B2B effectués par chèques vers des paiements électroniques. Les principales raisons de ce changement sont liées à des questions de lutte contre la fraude, de réduction des coûts et d’efficacité !

Si le paiement différé, ou Buy Now, Pay Later (BNPL), n’est pas un concept novateur, il gagne plus que jamais en popularité. Gabriel Lucas et Hector Galvan, de Redbridge, discutent des avantages, des inconvénients et de l’avenir des paiements différés en se plaçant du point de vue des commerçants.

Qu’est-ce que le paiement différé de type Buy Now, Pay Later (BNPL) ?

Le BNPL est un service offert par diverses sociétés qui permettent aux consommateurs de faire des achats en ligne et de fractionner leurs paiements en plusieurs versements identiques.

En général, le premier versement est dû au moment de l’achat, mais la plupart des prestataires BNPL permettent aux clients de payer en plusieurs versements hebdomadaires, bimensuels ou mensuels. Ainsi, les consommateurs peuvent bénéficier de leur achat immédiatement à travers une alternative flexible aux cartes de crédit.

Aux États-Unis et dans le monde, des sociétés comme Klarna, Sezzle et Afterpay dominent le paysage des services BNPL à travers leurs partenariats avec de grands détaillants comme Walmart, Target et Amazon.

Acteurs principaux du BuyNow, Pay Later

Si le marché a récemment accueilli de nouveaux acteurs, quelques-uns dominent véritablement l’ensemble depuis quelques années. Il s’agit de Afterpay, Affirm, Klarna, Zip (anciennement QuadPay), Sezzle, et maintenant PayPal « Pay in 4 ».

bnpl

Quels sont les avantages du BNPL du point de vue des commerçants ?

Le paiement différé BNPL apporte aux consommateurs une flexibilité financière et un gain de pouvoir d’achat sur leurs achats en ligne, mais les détaillants offrant ce service ont également tiré des bénéfices importants l’année dernière. Forbes estimait à 99,4 milliards de dollars le montant des achats effectués par les consommateurs utilisant les programmes BNPL en 2021, soit une nette augmentation par rapport aux 24 milliards de dollars réalisés en 2020.

De nombreux commerçants proposant actuellement un paiement BNPL constatent :

1. Moins d’abandon de paniers liés au choc de la note (sticker shock)

La désagréable surprise du montant de la commande finale (sticker shock) est l’une des principales raison d’abandon du panier par les consommateurs. En réalité, pour les articles coûteux en particulier, de nombreux consommateurs ne peuvent tout simplement pas se permettre de dépenser une grosse somme d’argent en une seule transaction. C’est là que les options BNPL apportent une certaine flexibilité aux consommateurs.

2. Augmenter les ventes et la valeur moyenne des commandes

Les détaillants connaissent l’impact négatif des paniers abandonnés sur le résultat global. C’est pourquoi il est important de prendre des mesures pour limiter le nombre de paniers abandonnés afin de convertir ces clients. Les entreprises qui proposent des modes de paiement alternatifs, comme le BNPL, et les mettent en évidence auprès des consommateurs en tirent un avantage immédiat : le groupe BORN note une augmentation de la valeur moyenne des commandes de plus de 30 %, ce qui signifie que les paiements par versements fractionnés encouragent les paniers plus volumineux et des ventes à des prix plus élevés.

3. Construire une plus grande base de consommateurs

En proposant des options de paiement supplémentaires et plus flexibles, les détaillants – et en réalité n’importe quel commerçant – ont la possibilité d’élargir leur base de consommateurs. Une option BNPL peut attirer des clients qui hésitaient auparavant à acheter des produits parce que le prix était au-delà de leur budget.

4. Un paiement intégral

Grâce aux fournisseurs de services BNPL, les entreprises n’ont plus à s’inquiéter des risques potentiels liés à la gestion des cas de fraude, de non-paiement ou d’autres problèmes connexes. Les prestataires BNPL se chargeront de la facturation automatisée, de la gestion des remboursements et des cas de fraude.

Pourquoi la solution BNPL n’est pas adaptée pour tous les détaillants et consommateurs ?

Bien que les solutions BNPL apportent de nombreux bénéfices aux détaillants et aux consommateurs, les commerçants eux-mêmes paient le prix de cette alternative de financement. Les sociétés Buy Now Pay Later facturent les détaillants beaucoup plus cher que l’acceptation traditionnelle des cartes.

Les prestataires de services BNPL débitent eux-mêmes les cartes ou les comptes bancaires des consommateurs, plutôt que le détaillant, et répercutent le coût dans le cadre d’une commission groupée aux détaillants pour les différents services fournis.

D’après Tom Richardson, de Financial Review, les frais de traitement de Visa sont généralement de 3 % aux États-Unis. Un fournisseur BNPL, comme Sezzle par exemple, facture aux détaillants des frais d’environ 6 % plus 30 cents par transaction, en précisant que cela inclut les 3 % de frais de carte. Dans la plupart des cas cependant, des frais de traitement de 3 % peuvent être bien supérieurs. Le taux que les sociétés BNPL facturent aux détaillants dépend de différents facteurs :

  • Type de produit ou de service concerné
  • Depuis combien de temps le commerce est en activité
  • L’article acheté

Du côté des consommateurs, les services de BNPL sont souvent critiqués pour encourager à s’endetter des personnes qui n’en ont pas les moyens.

En plus de ces légitimes préoccupations, l’option de paiement BNPL a un prix élevé pour le consommateur. Le fait de manquer une échéance de remboursement peut entraîner des pénalités de retard pouvant aller jusqu’à 25 % du montant en souffrance, selon le prestataire. Les consommateurs peuvent également conclure que le commerçant prélève les pénalités de retard, ce qui peut nuire à sa réputation.

De plus, un manquement au remboursement du solde dans les délais impartis peut être, aux Etats-Unis, signalé aux agences d’évaluation du crédit comme une défaillance.

Questions réglementaires

La croissance rapide du paiement différé (Buy Now Pay Later) promet d’attirer l’attention des régulateurs financiers. Pour l’instant, le système n’est pas réglementé comme le sont les cartes de crédit.

Aux États-Unis, les services BNPL sont couverts par la loi Dodd-Frank, qui est appliquée par le Consumer Financial Protection Bureau, mais la loi fédérale « Truth in Lending Act » ne s’applique pas à de nombreux services offerts par les fournisseurs BNPL, car elle ne couvre que les produits de crédit qui impliquent au moins cinq paiements. C’est pourquoi le modèle « Pay in 4 » est devenu si populaire chez la plupart des fournisseurs BNPL. Il permet de déroger aux normes de présentation des frais, des échéanciers, des relevés.

Les régulateurs californiens sont parmi les rares superviseurs américains à avoir pris des mesures substantielles contre ces services de paiement différé. Même si la plupart des produits « pay-in-four » sont exemptés de ces règles fédérales, la Californie a classé certains produits pay-later comme des prêts à la consommation.

L’avenir du BNPL

Avec le COVID-19, un changement s’est opéré dans le commerce de détail et a créé une nouvelle norme. De plus en plus de consommateurs se tournent vers le commerce en ligne. Selon IBIS World, les revenus de l’industrie du commerce en ligne devraient croître à un taux annualisé de 9,8 % sur cinq ans jusqu’en 2024-25, pour atteindre 1,100 milliards de dollars.

Cette croissance a poussé d’autres fintechs non présentes jusqu’ici dans la sphère du BNPL, comme PayPal, à offrir des services similaires de « paiement en 4 fois ». Malgré son entrée tardive dans le jeu, PayPal dispose clairement d’un avantage naturel.

Fin septembre dernier, Mastercard a annoncé le lancement d’un programme BNPL aux États-Unis, en Australie et au Royaume-Uni. Baptisé « Mastercard Installments », il permet à Mastercard d’agir en tant qu’intermédiaire en permettant aux banques et aux fintechs d’utiliser son programme de versement pour offrir des prêts directement.

Citibank, American Express, JPMorgan Chase et Goldman Sachs (en partenariat avec Apple) ont également annoncé des plans pour offrir des options de financement « post-transaction » à des frais beaucoup plus abordables.

Alors que nous observons la croissance du BNPL dans le secteur de la vente au détail, nous nous attendons à ce que les principaux acteurs du secteur des cartes de paiement et des services bancaires investissent de plus en plus le créneau.

Le paiement différé (Buy now, pay later) devient un mode de paiement de plus en plus populaire auprès des consommateurs et des commerçants. Comme son nom l’indique, le Buy now, pay later ou BNPL permet aux consommateurs d’acheter un bien ou un service, et de le payer plus tard, généralement en une série de versements fractionnés. Si ce mode de paiement se développe, les commerçants doivent se poser les bonnes questions avant de lancer leur programme.

A l’occasion de la dernière conférence organisée par le Merchant Advisory Group à Atlanta en début d’année, plusieurs acteurs (MasterCard, Nordström, Elavon) ont échangé sur la manière dont le paiement différé s’insère dans l’écosystème des commerçants et ont livré à l’assistance leurs conseils pratiques.

En début d’atelier, Angie Grunte, Managing Director en charge des paiements chez Redbridge rappelait qu’avoir une stratégie de paiement bien établie et flexible est essentiel pour prétendre à l’adoption de nouvelles méthodes de paiement. « Il convient cependant de déterminer d’abord quelles options offriront la meilleure expérience aux clients et apporteront une valeur ajoutée à l’entreprise. »

« En ce qui nous concerne, le choix de l’option du paiement différé s’est faite dans le cadre de l’examen des plateformes de paiement disponibles », explique Daniel Crisologo, directeur des paiements chez Nordstrom. « Nous avions beaucoup de critères à prendre en compte ». Parmi ces critères figuraient le nombre de nouveaux clients apportés par la solution de paiement, le choix entre carte virtuelle et intégration API, ainsi que le surcoût rapporté à la commodité du paiement différé pour le consommateur. « Chez Nordstrom, nous nous concentrons toujours sur l’expérience client en premier lieu », précise Daniel Crisologo. « Évidemment, le coût est un facteur, mais l’expérience client est primordiale. »

Joe Myers, President chez Elavon North America, un processeur de transactions par carte de paiement, dénombre plusieurs points critiques à considérer pour les commerçants. « D’abord, le processus d’intégration de la solution. Comment s’insère-t-elle dans l’écosystème de paiement du commerçant ? Ensuite, l’expérience pour les consommateurs et la facilité avec laquelle ils peuvent adopter et utiliser la solution de paiement différé. » Enfin, note-t-il, il s’agit d’élargir les options pour que les consommateurs puissent acheter des biens, que ce soit en boutique ou en ligne.

Interrogé sur l’implication de MasterCard auprès des acquéreurs et des commerçants sur le développement du paiement différé, Pablo Cohan, vice-président senior en charge des solutions digitales chez MasterCard, déclare : « Il existe de nombreuses options, nous devons donc prendre du recul et comprendre les points sensibles (des commerçants). » Il rappelle que MasterCard s’attache à donner aux prêteurs la capacité d’attirer les consommateurs sur la plateforme et à fournir à ces consommateurs un supplément de pouvoir d’achat.

Ce qu’il faut prendre en compte pendant le déploiement

Il y a toujours des défis à relever lors du déploiement d’un nouveau moyen de paiement et un programme de paiement différé de type Buy now, pay later n’échappe pas à cette règle.

Evoquant les plus grands défis auxquels fut confrontée l’enseigne Nordstrom lors de la mise en œuvre de son programme de paiement différé, Daniel Crisologo rappelle qu’il est « important de disposer d’une plate-forme de test efficace ». « Par ailleurs, il est également essentiel de comprendre les paramètres de performance du programme et de s’assurer qu’il est possible de les mesurer efficacement. »

La méthode de déploiement est un autre sujet d’attention. « Il faut choisir entre un déploiement rapide et facile par carte virtuelle ou intégration API, ou bien une solution hybride entre les deux. » Quel que soit le type d’implémentation choisi par un commerçant, il est important de tester le produit avant de le lancer. « Si je pouvais revenir en arrière, je testerai beaucoup plus la solution pour m’assurer de la résolution de toutes les lacunes du service en amont. » Un dernier aspect important est le temps nécessaire à l’intégration. Combien de temps faudra-t-il pour que le programme soit opérationnel et que le commerçant puisse profiter du canal ? D’après l’expérience de Daniel Crisologo, cela ne doit pas nécessairement être très long. « Les prestataires sont généralement très bons dans le déploiement de ces programmes. C’est littéralement une transaction « tap and go ». C’est super facile. »

Pablo Cohan juge que MasterCard est « très impliqué » auprès des acquéreurs et des commerçants pendant la phase de mise en œuvre. « Nous veillons à ce que tout le monde soit prêt pour que la première transaction fonctionne sans problème. Il s’agit d’une solution clé en main avec un faible investissement et si elle génère du volume et de la valeur, alors tout va pour le mieux. »

La protection des données et la confidentialité sont primordiales

L’évaluation du programme ne s’arrête cependant pas juste à sa mise en œuvre. Certaines situations difficiles peuvent survenir pour les commerçants et les consommateurs. C’est le cas des transactions en échec. Joe Myers, d’Elavon, relève ce problème : « Si un client se trouve en magasin, s’attend à être approuvé et finalement ne l’est pas, cela génère de la frustration. »

En dépit de ces obstacles, les avantages pour les commerçants l’emportent clairement sur les facteurs négatifs. Selon Joe Myers, « donner le choix entre plusieurs méthodes de paiement et stimuler l’activité et, en fin de compte, les ventes et les revenus » comptent parmi les principaux avantages du paiement différé. Daniel Crisologo, de Nordstrom, approuve : « Nous voulons que nos clients puissent choisir leur plateforme ». L’enseigne a constaté une croissance significative de l’acquisition de clients et des ventes supplémentaires en conséquence. Une fois la solution déployée, il faut en assurer le suivi et mesurer son succès. Cela nécessite une infrastructure de base. « Les données comptent à 100 % dans ce processus, pour apprendre et évoluer rapidement », déclare Daniel Crisologo.

Le respect de la vie privée est également une préoccupation centrale, comme toujours avec les transactions par carte de paiements. Les données générées doivent « être utilisées uniquement à des fins de paiement », comme le souligne Pablo Cohan. « Tout autre usage sans le consentement du consommateur n’est pas acceptable ». Les commerçants doivent passer beaucoup de temps à discuter de ce sujet avec leurs équipes juridiques et conformité. Les commerçants doivent également réfléchir au seuil de rentabilité de l’acceptation des paiements fractionnés pour s’assurer qu’il s’agit d’un canal d’acquisition durable à long terme.

Une solution pleine de promesse, appelée à évoluer

Quel est l’avenir du paiement fractionné? Comment cette solution de paiement évoluera-t-elle ? Pour Angie Grunte, de Redbridge, « il est désormais primordial d’être sélectifs lors du choix de ses prestataires et d’être prêts à voir cette solution évoluer, à mesure que le marché continue à se développer et pourrait être confronté à un examen réglementaire. »

Nous avons tous déjà rencontré des QR codes (Quick Response) dans notre vie quotidienne. Ces codes de forme carrée, pouvant être scannés, fonctionnent sur le même principe que les codes-barres traditionnels, à la différence qu’ils peuvent renfermer beaucoup plus d’informations.

Les QR codes peuvent contenir plus de 4 000 caractères ou 7 000 chiffres et sont dix fois plus rapides à lire qu’un code-barres traditionnel. La plupart peuvent être encore lus s’ils sont partiellement endommagés ou incomplets, car leurs données peuvent être réparties sur plusieurs segments qui reconstituent le contenu original une fois scannés. Enfin, leur forme carrée ouvre la possibilité de les scanner verticalement comme horizontalement.

QR code process

Quand les QR-Codes sont-ils devenus grand public ?

Inventés dans les années 1990 par un fabricant japonais de pièces automobiles qui souhaitait réduire le nombre des codes-barres nécessaires à la gestion de son inventaire, les QR codes ont rapidement évolué vers des applications business et marketing. Comme les informations contenues dans les codes QR peuvent intégrer des liens vers des sites web et stocker de grandes quantités de données, les spécialistes du marketing ont rapidement perçu le potentiel de cette nouvelle technologie.

Pourquoi n’ont-ils pas rencontré un succès immédiat ?

Malgré leur simplicité d’utilisation, les QR codes n’ont pas eu un succès immédiat. La technologie était probablement trop en avance sur son temps pour pouvoir être adoptée par le grand public. Même au début des années 2000, alors que la technologie mobile portable évoluait rapidement, les gens ne trouvaient pas particulièrement facile d’intégrer les QR codes dans leur vie quotidienne. Tous les smartphones n’avaient pas les capacités de traiter rapidement ces codes. L’utilisateur devait télécharger ou ouvrir une application distincte de lecture pour les scanner. Aujourd’hui, nos téléphones mobiles sont équipés dès l’usine de la technologie indispensable à la lecture des QR code, ce qui rend possible la réémergence de cette technologie.

Des boutons de lancement rapide permettent de scanner facilement les QR codes, dont le développement fut soutenu par la révolution du sans contact durant la pandémie mondiale de COVID-19.

Quelles sont leurs applications actuelles ?

La technologie des QR codes connaît actuellement un formidable essor. Les consommateurs et les entreprises du monde entier créent de nouvelles utilisations dans divers secteurs, notamment le marketing, la comptabilité, la logistique, le tourisme, l’informatique et même la banque. Leur utilisation dans le cadre du quotidien, notamment pour effectuer des paiements sans contact, lire des liens vers des sites web et des affichages multimédia, sont autant d’usages qui propulsent la popularité des QR codes. Près de trois décennies après, le développeur original, Hara Masahiro, s’est exprimé, observant :
« Je n’avais pas imaginé que les gens ordinaires l’utiliseraient autant… [ni] pensé que le design du code QR serait utilisé comme un élément de mode dans les vêtements et les accessoires, ou que l’on pourrait acheter des biens à l’aide de ces codes. »
(8 août 2019) Denso-Wave

QR code popularity

Les QR codes sont-ils l’avenir des paiements ?

Les atouts des QR codes pour le commerce électronique ne sont pas évidents, mais leur capacité à fournir une solution de paiement économe en données personnelles sensibles à traiter et à conserver mérite d’être étudiée. Avec les paiements par QR code, l’ensemble du processus se déroule sur l’appareil du client et toutes les données transférées sont préalablement chiffrées.

De nombreux pays dans le monde sont déjà en train d’adopter et de normaliser les paiements par QR code. Par exemple, la Banque centrale du Brésil a annoncé une nouvelle norme nationale pour ces codes afin de rendre les paiements mobiles plus universels pendant la pandémie. L’Inde réduit la quantité d’argent liquide circulant dans son économie en mettant en place des paiements par QR code.

L’adoption des paiements par code QR chez les commerçants orientera la croissance du marché et nécessitera des services de transaction rapides et sans tracas pour les clients.

Où sont-ils les plus populaires ?

Les outils de génération de QR codes, pratiques à utiliser, sont de plus en plus populaires chaque jour dans le monde. À mesure que cette popularité augmente, de plus en plus d’entreprises et de consommateurs profitent des avantages qu’offre la technologie.

Chaque pays adopte une approche différente pour intégrer les QR codes dans les tâches quotidiennes. La Chine est devenue un leader, le paiement par code y est depuis longtemps la norme. Les terminaux de paiement n’existent pas, et plus de la moitié de la population chinoise utilise les QR codes.

Aux États-Unis, les entreprises recourent de plus en plus aux paiements sans contact, et la diffusion des codes QR de paiement s’installe en Europe. Par exemple, l’Irlande du Nord est en train de mettre en place son propre système d’achat sans contact dans les magasins de proximité. A travers des partenariats, la Malaisie et les Philippines soutiennent la numérisation des codes QR comme procédure standard pour les dons.

La carte Google Trends présentée ici montre les pays où le terme « QR Code » est le plus recherché.

QR code by region

Les QR codes ne sont qu’une manière d’encoder des informations. Le grand public peut se méfier de la possibilité de traçage des sites web associés à certains codes QR. De nombreux consommateurs n’apprécient pas le fait que lorsqu’un code QR les conduit à un site web, ils peuvent être bombardés de mentions relatives à la politique de confidentialité et devoir accepter des cookies lorsqu’ils ne demandent qu’à accéder à un menu ou à une carte des boissons. Une solution à ce problème est d’utiliser un navigateur antitraçage, mais ce n’est pas commun.

Les attaques de sécurité constituent un autre risque. Les QR codes malveillants peuvent déclencher des escroqueries par phishing sur des consommateurs peu méfiants. Il ne faut pas scanner au hasard tous les codes !

Combien de temps durera leur popularité ?

La longévité des codes QR est entre les mains du consommateur. Les décideurs des technologies mobiles détermineront si cette technologie deviendra un élément de base pour le transfert d’informations et le lancement d’un processus de paiement.

Par conséquent, il est fort possible que la seule chose qui puisse limiter l’utilisation des codes QR soit le développement d’une technologie similaire qui remplacerait directement leur fonction. En attendant, les codes QR ont consolidé leur place dans la vie quotidienne des consommateurs et des commerçants. Les études prévoient que l’utilisation des codes QR pour les paiements électroniques augmentera de plus de 300 % au cours des cinq prochaines années.

Malgré l’importance des prévisions de trésorerie dans les décisions stratégiques de l’entreprise, la plupart des grands groupes ont encore recours à des tableurs Excel pour établir leurs prévisions. Solène Moyne, analyste senior chez Redbridge, fait le point sur les capacités des différents systèmes et outils de prévision de trésorerie disponibles actuellement sur le marché.

Une enquête menée par Redbridge en 2019 auprès des grands groupes et des ETI révélait que 94 % des corporates européens effectuaient des prévisions de trésorerie sous une forme ou une autre. La majorité des répondants mettaient alors en avant deux facteurs clés pour obtenir des prévisions de qualité : des données fiables et une forte coordination entre les différents services de l’entreprise.

Sans de bonnes données, une entreprise ne sera pas en mesure de produire des prévisions de trésorerie précises répondant à ses besoins. La communication entre la trésorerie, les services comptables, les ventes et la production est tout aussi essentielle pour prédire avec précision les flux de trésorerie futurs. L’exercice peut vite devenir laborieux et improductif s’il existe des vues concurrentes entre les services. Il est donc essentiel d’obtenir l’adhésion de toutes les parties prenantes au processus, même si l’outil de prévision de trésorerie est interfacé avec les différents systèmes du groupe pour intégrer plus rapidement les données (CRM, ERP, outil de gestion du poste clients, etc.)

Si les prévisions de trésorerie revêtent un caractère central dans les décisions d’investissement et de financement de l’entreprise, une majorité de sociétés se fient toutefois encore à une technologie vieillissante – les feuilles de calcul Excel – pour effectuer cette tâche importante. Les feuilles de calcul présentent de sérieuses limitations technologiques et exigent beaucoup d’efforts manuels. La pandémie de Covid-19, et aujourd’hui la conjoncture internationale marquée par la guerre en Ukraine, illustrent la nécessité d’être en mesure de produire rapidement des prévisions de trésorerie et d’effectuer différentes simulations. C’est la raison pour laquelle nombre de services trésorerie envisagent d’automatiser leurs processus de prévision, en utilisant des outils et des systèmes plus sophistiqués. Cependant, l’automatisation reste un véritable défi, car elle implique de sélectionner les bons outils que chaque partie prenante saura s’approprier.

Aperçu des principaux outils de prévision de trésorerie

Il y a deux types d’outils évolués pour les prévisions de trésorerie : soit un module du TMS, soit un outil de prévision de dédié. Chacun présente des avantages. Par exemple, un TMS permet de s’appuyer sur des données centralisées pour gagner du temps de production des prévisions. Un outil dédié, interfacé avec l’ERP et le TMS, fournira des méthodes de consolidation ainsi qu’un reporting plus avancé, ouvrant la voie à une analyse approfondie et à la gestion de scénarios.

L’impact de l’IA sur les prévisions

L’intelligence artificielle (IA) prend de plus en plus d’importance dans un certain nombre de domaines, et les prévisions de trésorerie n’y font pas exception. Tant les TMS que les outils dédiés à la prévision des flux de trésorerie intègrent de plus en plus d’IA dans leurs solutions. Cependant, il est important de souligner que l’IA n’est pas destinée à remplacer les hommes. Au contraire, elle complète le travail qu’ils effectuent. En combinant la puissance de l’IA avec la vision critique qu’apportent les humains, il est possible de produire une modélisation robuste.

Pour bien fonctionner, l’intelligence artificielle a besoin de beaucoup de données historiques, tant internes qu’exogènes. Les données doivent également être de très bonne qualité, ce qui implique de les traiter avant de les utiliser et peut prendre beaucoup de temps. En outre, l’IA n’est pas toujours transparente, ce qui est une autre raison qui peut engendrer des hésitations lorsqu’il s’agit de son adoption. Cependant, de grands progrès ont été réalisés en termes d’outils intégrant l’IA.

Outils de prévisions de trésorerie utilisant l’IA

Côté TMS, plusieurs systèmes utilisant l’intelligence artificielle sont déjà disponibles pour prévoir la situation de trésorerie. Il s’agit notamment de Diapason, Kyriba et Integrity, qui adjoignent des capacités et des algorithmes d’IA pour modéliser des tendances.

Une autre société proposant un outil assisté par l’IA est Coupa, qui a acquis Llamasoft. Sa solution d’apprentissage automatique est sont basée sur une analyse des transactions historiques, qui sont importées dans le TMS de Coupa et ont été développées également pour la gestion du risque de fraude.

Il y a d’autres TMS utilisant l’IA, cette liste n’est pas exhaustive. En parallèle, un certain nombre d’outils de prévision spécialisés font également appel à l’intelligence artificielle. Il s’agit notamment de :

– Agicap, qui a développé un outil d’apprentissage automatique (machine learning) à destination des PME permettant de réaliser des prévisions de trésorerie quotidiennes sur la base des flux de trésorerie réels.

– Verteego, qui applique l’IA aux prévisions de ventes basées sur les données historiques de l’ERP, puis leur ajoute des données externes.

– CashForce fournit également une solution d’IA qui fait appel au machine learning.

– TipCo, société européenne spécialisée dans le reporting de trésorerie, qui propose également une solution d’analyse prédictive pour automatiser les flux de trésorerie.

Comment choisir le bon système pour ses prévisions de trésorerie ?

Bien qu’Excel soit bon marché et facile à utiliser avec une formation minimale des utilisateurs, il n’y a souvent qu’une seule personne dans l’entreprise qui connaisse les macros du fichier. Cela peut engendrer des risques si cette personne n’est pas présente (parce qu’elle est en vacances ou qu’elle a quitté l’entreprise).

Si la direction générale souhaite mener des mises à jour de prévisions hebdomadaires ou bimensuelles, automatiser le processus pour gagner du temps, réduire les efforts manuels et améliorer la précision doit s’envisager. En tenant compte de sa taille et de son environnement, de la qualité des données disponibles au sein du groupe et des besoins en matière de rapports, il faut évaluer la méthodologie et les outils qui offrent le meilleur retour sur investissement. Conserver à l’esprit que l’entreprise devra probablement mener de front ce chantier de modernisation avec un projet de gestion des données, afin de pouvoir libérer pleinement le véritable pouvoir des prévisions de trésorerie !

Eric Page, responsable Contrôle et Conformité chez Airgas, détaille pas-à-pas l’approche suivie par le producteur et distributeur de gaz industriels pour sécuriser les données cartes de chaque client et décharger d’un poids les dirigeants de cette filiale d’Air Liquide.

En matière de commerce électronique, la sécurisation des données des titulaires de cartes, destinée à garantir la confidentialité et l’authenticité des transactions, peut vite déconcerter. Que faut-il faire pour s’assurer du bon respect des normes PCI édictée par l’industrie des paiements ? Le système de back-end de l’entreprise est-il conforme ? Quelles sont les mesures à prendre pour éviter une fuite de données ? Vaut-il mieux héberger ou au contraire externaliser le stockage des données de paiement ?

Les paiements par carte s’accompagnent dans la sphère e-commerce d’importantes responsabilités et tout manquement à la conformité aux normes PCI peut sévèrement dégrader l’image de l’entreprise. Les risques sont multiples : baisse des ventes, pertes liées à la fraude, coûts de remédiation afin de remettre en service les systèmes affectés, gestion du poste client et perte réputationnelle.

Pour Eric Page, responsable Contrôle et Conformité chez Airgas, « la mise en conformité aux normes PCI est un effort qui se mène à l’échelle de l’entreprise. Ce sujet ne se réduit pas au coût des prestataires et des salariés chargés de veiller à notre bon respect des règles. Il y un coût intrinsèque, qui se mesure à l’échelle de l’entreprise, pour s’assurer que tout le monde connaît les normes PCI, comprend comment celles-ci affectent notre activité, à quel point elles sont essentielles au maintien de notre environnement de contrôle interne et à quel point leur respect fait que nos dirigeants peuvent dormir la nuit. »

« La mise en conformité aux normes PCI est un effort qui se mène à l’échelle de l’entreprise. Il y un coût intrinsèque pour s’assurer que tout le monde connaît les normes PCI, comprend comment celles-ci affectent notre activité et à quel point elles sont essentielles à notre contrôle interne »

Eric Page, responsable Contrôle et Conformité chez Airgas

Qu’est-ce que la conformité PCI ?

En 2004, les principaux acteurs de l’industrie des cartes de paiement ont établi plusieurs exigences de sécurité appelées normes PCI (Payment Card Industry). Ces normes ont été établies pour contrer l’augmentation de la fraude sur les  paiements par carte. L’objectif était d’harmoniser les mesures de sécurité entre les différents intervenants de la chaîne de transaction. Aussi, les normes de sécurité PCI ont 3 composantes différentes :

  • PCI PTS : PIN Transaction Security s’applique aux fabricants de terminaux de cartes de paiement ;
  • PCI PA-DSS : Payment Application Data Security Standard s’applique aux développeurs ;
  • PCI DSS : Data Security Standard s’applique aux commerçants et aux processeurs.

Les normes sont régulièrement mises à jour afin de suivre le contexte toujours changeant de la technologie et de la fraude. « Il faut faire avec le PCI Council qui modifie la réglementation et répercuter ses exigences tout en y ajoutant les votres », explique Eric Page. « C’est un défi de se tenir au courant des derniers risques, ainsi que de la dernière réglementation et de la dernière technologie – nous essayons de suivre le rythme de tout cela. »

Quelles sont les exigences de conformité PCI ?

Pour les besoins de cet article, seules les exigences des normes de sécurité des données (DSS) qui s’appliquent aux commerçants et aux processeurs des transactions sont soulignées ci-dessous. Il y a douze exigences réparties en six objectifs différents.

Les douze exigences ne constituent que le seuil minimum de conformité avec les normes de sécurité des données de l’industrie des cartes de paiement. Le respect de ces exigences ne constitue pas à lui seul une garantie contre les violations de données. En fonction du secteur d’activité dans lequel l’entreprise évolue, il est conseillé d’aller au-delà et de traiter les données des clients avec la plus grande sécurité. Chez Airgas, Eric Page et son équipe renforcent les choses bien plus que ne l’exigent les normes. « Ce n’est pas parce qu’il existe des normes PCI que c’est notre guide exact ; nous les utilisons comme normes minimales, et au-delà de celles-ci, dans certains domaines, nous nous assurons de réduire notre risque et de vraiment répondre aux préoccupations par des contrôles supplémentaires, des mesures de sécurité additionnelles, à travers la manière dont nous allons configurer notre système. »

Quelles sont les obligations et les options en matière de conformité PCI ?

La conformité PCI couvre toutes les sphères du paiement et, heureusement, le fardeau de la sécurisation des données ne repose pas uniquement sur les épaules du commerçant. Il y a deux options pour mener sa mise en conformité : sous-traiter à un fournisseur spécialisé ou accepter la charge et héberger en interne les données des cartes de paiement de manière sécurisée.

Une première manière de traiter le problème du paiement consiste à sortir du site du commerçant, par exemple en utilisant une plate-forme PayPal, Amazon, Square ou d’un autre fournisseur qui se chargera de la sécurisation des données de paiement. En ajoutant ces fournisseurs comme méthode de perception du paiement, le commerçant réduit son risque et, par conséquent, ses obligations en matière de conformité PCI.

Voici comment Eric Page décrit l’approche d’Airgas : « Nous sommes tenus de surveiller les vulnérabilités de notre commerce. Nous faisons appel à des experts afin de répertorier les nouvelles vulnérabilités. Nos équipes internes connaissent la manière dont nos réseaux sont configurés et où les données des cartes de paiement circulent. En fonction des points remontés par nos partenaires, nous examinons où les données de nos cartes de paiement circulent dans nos systèmes et nous migrons en dehors de nos systèmes les données de cartes de crédit concrètes. Nous avons évolué vers une approche non interventionniste en matière de données de cartes de crédit, consistant à laisser les experts s’en occuper, car ils savent comment les crypter, n’utiliser les données que lorsque c’est nécessaire, et mettre les informations à l’abri des mauvaises mains. »

« Nous avons évolué vers une approche non interventionniste en matière de données de cartes de crédit, consistant à laisser des experts extérieurs s’en occuper, car ils savent comment les crypter, n’utiliser les données que lorsque c’est nécessaire, et mettre les informations à l’abri des mauvaises mains. »

Eric Page, responsable Contrôle et Conformité chez Airgas

Cependant, certains commerçants préfèrent adopter une démarche propre et héberger les données de carte en interne. La conformité PCI doit être examinée du début de la transaction jusqu’au stockage des données de la carte. Une évaluation complète du flux de données des cartes de crédit doit être réalisée, suivie de chantiers pour sécuriser les informations. Il faut tester le stockage des données sur le réseau informatique interne du commerçant, effectuer des tests de pénétrabilité aléatoires et échantillonner les données pour détecter toute violation potentielle. Un partenariat étroit entre les services trésorerie et l’informatique est nécessaire, tout comme la contribution des prestataires pour garantir la compatibilité avec les systèmes et réseaux internes.

Quelle que soit l’approche adoptée, le degré et la fréquence auxquels les systèmes doivent être évalués dépendent de la classification ou du niveau auquel se situe la société. Ces niveaux sont largement basés sur le montant des transactions par carte de paiement que traite l’entreprise chaque année.

Source | Merchantspact

Plus le niveau de conformité est élevé, plus les obligations et responsabilités des commerçants augmentent. Afin de toujours mieux sécuriser, les commerçants ne doivent pas stocker les données des clients lorsque ce n’est pas nécessaire, segmenter les réseaux et séparer les systèmes qui stockent, traitent et transmettent les données des titulaires de cartes de ceux qui ne le font pas. Il faut également crypter les transactions et/ou se doter d’une solution de cryptage de point à point. En appliquant ces recommandations, les commerçants peuvent réduire considérablement le périmètre de risque.

Un questionnaire annuel d’auto-évaluation est une des exigences que tous les commerçants doivent remplir, à l’exception de ceux qui sont considérés comme étant PCI-DSS de niveau 1. Ces commerçants sont plutôt soumis à un rapport de conformité annuel rempli par un évaluateur de sécurité qualifié ou un auditeur interne. La majorité des commerçants qui se qualifient dans les 3 autres niveaux auront tous un questionnaire à remplir par un ou plusieurs employés spécialisés sur le sujet. Ces questionnaires sont conçus pour valider et documenter les résultats de l’auto-évaluation PCI DSS du commerçant et détailler son niveau de conformité.

Le questionnaire spécifique que chaque commerçant doit remplir varie grandement en fonction de son activité.

Par quel canal les paiements sont-ils acceptés et comment cela affecte-t-il la conformité à la norme PCI ?

Que les transactions par carte de paiement soient effectuées en personne, par téléphone ou en ligne, elles sont toutes soumises aux mêmes six objectifs et douze exigences de la norme PCI DSS.

Bien que les exigences soient toujours les mêmes, les parties prenantes et les systèmes impliqués dans le déroulement de la transaction seront sûrement différents. C’est pourquoi les questionnaires destinés à documenter le niveau de conformité du commerçant diffèrent en fonction de leur activité.

En tant que commerçant, il est important de connaître tous les employés, parties prenantes, systèmes et réseaux par lesquels passent les transactions par carte de paiement et ce pour chacun des canaux de paiement. Airgas accepte des transactions par carte de paiement sur les trois canaux. Eric Page doit donc s’assurer qu’il a une compréhension complète du cycle des transactions du début à la fin, puis s’assurer que sa compréhension est transmise aux autres parties concernées. « Nous avons un environnement de télévente où les gestionnaires de comptes traitent les commandes par téléphone. Ces gestionnaires doivent savoir comment gérer en toute sécurité les transactions par carte de crédit, tout autant que la personne qui, en magasin, glisse une carte de crédit dans son terminal. Toutes ces personnes doivent donc recevoir des instructions et être formées selon leur poste. Notre rôle avec PCI est de nous assurer que nous sommes conscients de qui traite la transaction, d’évaluer notre risque, de nous assurer que les contrôles sont en place, puis, plus important encore, de les tester. »

« Nous avons un environnement de télévente où les gestionnaires de comptes traitent les commandes par téléphone. Ces gestionnaires doivent savoir comment gérer en toute sécurité les transactions par carte de crédit, tout autant que la personne qui, en magasin, glisse une carte de crédit dans son terminal. Toutes ces personnes doivent donc recevoir des instructions et être formées selon leur poste. »

Eric Page, responsable Contrôle et Conformité chez Airgas

La pandémie a contraint de nombreux commerçants à implémenter en toute urgence un canal de commerce électronique, voire à développer une solution omnicanale. Avec une solution omnicanale, la création de profils de clients visant à accroître la fidélisation grâce à des expériences de paiement plus rapides et améliorées est rapidement devenue la norme. La seule manière de gérer des profils spécifiques de clients est de collecter et de stocker des informations sur eux. Bien que la collecte et le stockage de telles informations augmentent les risques, l’exposition et la portée des exigences de la norme PCI DSS, il existe toujours des moyens de le faire en toute sécurité. En plus des douze exigences PCI DSS, les commerçants peuvent utiliser des tokens multi-paiement qui cryptent les données du titulaire de la carte du client au moment de la transaction.

Ce jeton reste avec son titulaire de carte respectif pendant toute la durée de vie de la carte et peut être utilisé sur l’ensemble de la plate-forme de paiement du commerçant. Les jetons multi-paiement représentent une formidable opportunité pour les commerçants de répondre aux attentes des clients en matière d’expérience de paiement, tout en assurant la sécurité de leurs données sensibles.

En conclusion, la conformité PCI n’est pas un sujet qu’un commerçant peut se permettre d’ignorer. Le renforcement des réglementations et des obligations rend intrinsèquement les choses plus complexes, mais ces normes de sécurité sont nées d’une nécessité et visent à protéger à la fois le client et le commerçant. Obtenir la conformité n’est pas une tâche facile et elle n’est jamais complètement terminée car la technologie et les normes progressent et changent.

Il est important d’identifier les employés de l’entreprise qui peuvent être les champions du processus de conformité, tout en se rappelant qu’il existe des experts du secteur et d’autres ressources disponibles. Ces ressources peuvent contribuer à rendre le processus aussi simple que possible et à réduire la charge imposée au commerçant. L’utilisation de ces ressources est essentielle pour maintenir la conformité avec les normes de sécurité des données et, surtout, pour garantir que les données de chaque clients sont correctement protégées. Airgas dispose des employés et des processus internes visant à donner à la conformité PCI l’attention qu’elle mérite, mais ce qui distingue Airgas est sa capacité à utiliser les ressources du marché. L’ensemble de ces éléments fait d’Airgas un pilier de la réussite et un excellent commerçant dont il convient de s’inspirer.

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