Lors des Journées de l’AFTE, lundi 26 novembre, un atelier captivant a rassemblé un large public dans l’amphithéâtre du CNIT autour de la place de l’intelligence artificielle (IA) dans la trésorerie d’entreprise. Le sujet, à la croisée des questions d’innovation et de résilience, a mis en lumière une certitude partagée par les intervenants : tout comme pour la digitalisation, la question n’est plus de savoir s’il faut adopter l’IA, mais bien de déterminer comment, sur quels processus et pour quels résultats ?
Lors des Journées de l’AFTE, lundi 26 novembre, un atelier captivant a rassemblé un large public dans l’amphithéâtre du CNIT autour de la place de l’intelligence artificielle (IA) dans la trésorerie d’entreprise. Le sujet, à la croisée des questions d’innovation et de résilience, a mis en lumière une certitude partagée par les intervenants : tout comme pour la digitalisation, la question n’est plus de savoir s’il faut adopter l’IA, mais bien de déterminer comment, sur quels processus et pour quels résultats ?
En échanges liminaires, Manuel Costescu, co-responsable du corporate banking global chez JP Morgan, a souligné la puissance transformante de l’IA, permettant à chacun d’endosser le rôle d’un acteur technologique à part entière. Antoine Fulpin, ex-directeur des financements et de la trésorerie de grands groupes comme Total et Carrefour, a présenté l’IA comme une avancée technologique majeure. Pour Laurent Inard, associé chez Forvis Mazars, les capacités fondamentales de l’IA – détecter, prédire, recommander et imiter – en font à la fois un outil d’une utilité indéniable et un potentiel facteur de risque. Alexandar Lazarevic, directeur digital T&F chez L’Oréal, a pour sa part souligné que l’IA, à travers sa capacité à formuler des recommandations concrètes, permet de transformer les processus opérationnels des trésoriers.
La première étape dans l’intégration de l’IA réside dans la fiabilisation des données. Les experts ont unanimement souligné l’importance d’une donnée de qualité pour maximiser l’impact des algorithmes. Selon Manuel Costescu, l’effort initial de structuration des données est essentiel, car il garantit leur exploitabilité par les systèmes d’IA. Laurent Inard a précisé que différentes approches algorithmiques – supervisées, non supervisées ou pré-entraînées – permettent d’exploiter des volumes de données colossaux. Cependant, le choix des données utilisées est tout aussi crucial que leur structuration, comme l’a rappelé Alexandar Lazarevic. L’utilisation de jeux de données propres et spécifiques est indispensable pour éviter des biais ou des approximations, qui pourraient nuire à la précision des analyses.
Les cas d’usage de l’IA en trésorerie sont stratégiques, même si la table-ronde n’a malheureusement pas présenté des exemples concrets et réels. Antoine Fulpin a illustré comment l’IA révolutionne les prévisions de free cash flow. L’IA permet désormais une approche en temps réel, renforçant ainsi la précision des projections et leur conformité avec les attentes. De son coté, Alexandar Lazarevic a mis en avant l’utilité de l’IA dans la lutte contre la fraude. En analysant de vastes ensembles de données, l’IA identifie des schémas frauduleux, souvent orchestrés par d’autres intelligences artificielles, et alerte sur des menaces potentielles.
Au-delà des prévisions, Laurent Inard a détaillé les bénéfices de l’IA dans le nettoyage des données. En éliminant les doublons dans les référentiels clients et fournisseurs ou en identifiant des paiements en double, l’IA joue un rôle clé dans l’optimisation des processus. Elle peut également détecter des inefficacités organisationnelles, par exemple en repérant des volumes d’ordres anormaux, révélateurs de dysfonctionnements internes. Enfin, Manuel Costescu a évoqué l’impact du développement récent des IA génératives, capables d’extraire et d’analyser des données issues de multiples rapports financiers pour fournir des comparaisons sectorielles précises.
Cependant, intégrer l’IA dans la trésorerie ne va pas sans défis. Alexandar Lazarevic a insisté sur l’importance d’une gouvernance bien pensée, soutenue par une vision à long terme. Le choix de partenaires technologiques adaptés, qu’ils soient externes ou internes, dépend des objectifs spécifiques de chaque organisation. Laurent Inard a rappelé que, malgré les capacités croissantes des machines, le contrôle humain demeure indispensable. La différenciation entre corrélation et causalité, par exemple, nécessite encore l’expertise et le bon sens des trésoriers.
Un autre enjeu majeur est celui de l’impact environnemental. Alors que l’IA consomme d’importantes quantités d’énergie, les trésoriers doivent évaluer non seulement son retour sur investissement financier, mais également son retour sur investissement énergétique. Cette réflexion est essentielle pour concilier performance économique et durabilité environnementale.
En conclusion, si l’IA ne remplacera pas les trésoriers, elle redéfinit leur rôle en leur permettant de se concentrer sur des tâches à plus forte valeur ajoutée. L’avenir de la trésorerie repose sur une intégration réussie de ces technologies, combinant innovation, rigueur et éthique.
Nous invitons nos lecteurs à rester attentifs : dans un prochain article, nous explorerons comment les éditeurs de logiciels et les entreprises adoptent l’IA pour fiabiliser leurs processus. Le témoignage du groupement Les Mousquetaires, pionnier dans l’utilisation de l’IA pour optimiser ses prévisions de trésorerie, y sera mis à l’honneur. Une démonstration supplémentaire de l’impact transformateur de l’intelligence artificielle dans le domaine financier.