Frais de cash management – Comprendre la tarification des services de cash management n’a jamais été aisé, tant en France qu’à l’international. Les factures transmises au service trésorerie sont rarement explicites. Depuis quelques temps, elles intègrent de nouveaux frais à surveiller sans faute. Florilège de ces nouveaux frais à la mode.
Les commissions pour exécution d’un virement en mode urgent
Avant le passage au SEPA, certaines banques traitaient des virements en mode ordinaire (fichiers reçus la veille pour le lendemain) tandis que d’autres les traitaient le jour même (virements considérés comme urgents) pour le même prix.
Avec le passage au SEPA, les règles de formatage des fichiers, notamment au niveau des dates à renseigner, ont changé.
Les banques ont dû adapter leurs chaines de traitement pour qu’il n’y ait pas de régression dans les délais de traitement des fichiers mais certaines répercutent aujourd’hui ces coûts de structure dans le prix des virements.
Conséquence : il n’est en effet pas rare qu’un SCT urgent coute deux fois plus cher qu’un SCT ordinaire.
Difficulté : les trésoriers se sont adaptés aux nouvelles règles de format de fichiers mais n’ont pas forcément compris qu’un SCT qui était considéré par la banque comme un SCT ordinaire hier est désormais considéré comme un SCT urgent.
Les frais de correspondants
Jusqu’à récemment, certaines banques n’avaient pas la capacité de refacturer les frais payés aux banques correspondantes dans le cadre de virements à l’international. Mais aujourd’hui, toutes les banques ont mis en place des systèmes permettant de refacturer au trésorier ces frais de correspondants au réél, en plus des frais pour le traitement des opérations (lorsque les virements sont codifiés en « frais partagés SHA » ou « tous frais à la charge du donneur d’ordre – Our »).
Difficulté : Il est impossible pour le trésorier de vérifier la véracité de ces frais, ni de s’y opposer. Les deux seules solutions pour tenter d’endiguer l’inflation sont :
- de demander aux banques de choisir des banques correspondantes appliquant des frais de correspondants réduits.
- de négocier avec les banques des forfaits fixes quel que soit le montant des frais de correspondants facturés par les banques tierces (charge à la banque de calibrer ce forfait en fonction de son activité avec les banques à l’international).
Les frais de recherche et d’assistance
Les banques facturent de plus en plus systématiquement des frais pour les recherches effectuées à la demande du trésorier.
Le montant de ces frais peut vite flamber pour un commerçant demandant par exemple de faire de nombreuses recherches sur les dépôts de chèques et d’espèces en agence ou un industriel ayant besoin d’obtenir une copie de message Swift pour justifier d’un virement émis. Certaines banques peuvent facturer cher à l’évènement ou sous forme de forfait (plusieurs milliers d’euros) pour toutes ces recherches, différemment selon si la recherche est qualifiée de simple ou complexe, à effectuer sur une opération datant de moins ou plus de 3 mois, etc.
Coût : jusqu’à 30 euros par évènement ou plusieurs milliers d’euros au forfait.
Difficulté : Les banques fournissent assez rarement un reporting de ces recherches permettant la vérification de ces frais.
Les frais d’actualisation de dossier
Depuis plusieurs années, tous les corporates sont habitués à fournir des documents pour la mise à jour des KYC de leurs banques mais la tendance à facturer de frais d’actualisation du dossier est nouvelle.
Difficulté : La justification de ces frais est assez peu évidente. En quoi représentent-ils une charge de travail désormais facturable au client qui a toujours fourni et continue de fournir l’ensemble des éléments dont la banque a besoin ?
Les frais de gestion des contrats monétiques
Afin de limiter la perte de produit net bancaire (PNB) dans le cadre de renégociation des conditions monétiques ou de l’application des baisses d’interchange, plusieurs banques facturent désormais des frais de gestion pour les contrats monétiques.
Ces frais ne sont pas exorbitants pris unitairement (quelques dizaines d’euros par an et par contrat monétique) mais peuvent très rapidement devenir un centre de coûts de plusieurs dizaines de milliers d’euros pour un commerçant acceptant les paiements par cartes bancaires dans plusieurs centaines de points de vente.
A noter que ce ne sont pas les banques les plus compétitives ni les banques d’un seul et même groupe bancaire qui pratiquent la facturation de ce type de frais mais bien de grandes banques nationales captant une part importante des flux monétiques.
Coût : jusqu’à 80 euros par contrat monétique. À multiplier par le nombre de contrats…
Difficulté : Ces frais de gestion complexifient encore plus la facturation des commissions monétiques, déjà compliquée depuis que ventilée entre interchange + scheme fees + processing fees, conformément à la nouvelle réglementation européenne.
Les frais de reporting de facturation
De nombreux corporates n’analysent plus les factures bancaires papier mais demandent à leurs banques des factures dématérialisées pour une intégration et vérification facilitées. Ces factures au format Excel/Csv/Pdf peuvent de plus en plus être fournies par les banques mais bien souvent moyennant des frais supplémentaires et pour des contenus différents. Certaines banques facturent l’émission de ces reportings de facturation soit par facture éditée , soit par entité juridique, bien souvent de façon différente selon la fréquence de facturation ; certaines fournissent l’intégralité des données nécessaires au trésorier, d’autres seulement une partie non exhaustive…
Coût : de 300 à 3 000 euros
Difficulté : La comparaison entre les banques et l’assurance du bien-fondé de ces frais supplémentaires (travail manuel ultra détaillé ou ne permettant pas la vérification exhaustive des frais) est compliquée.
La liste peut même s’allonger dès lors que l’on parle d’un sujet très spécifique ou que l’on étend aux sujets périphériques (facturation des dépôts, etc).
En conclusion, l’émergence de ces nouveaux frais donne l’impression d’assister à un changement du modèle de rémunération des banques, à une facturation de tous les actes bancaires quels qu’ils soient, au fur et à mesure que les frais cash management baissent en parallèle.
Renégocier ses conditions cash management classiques doit donc aujourd’hui forcément s’accompagner d’une analyse de tous ces volets de facturation périphériques et d’une demande de reporting de facturation clairs et détaillés. Sans quoi, les économies réalisées d’un côté peuvent vite s’envoler de l’autre.