Pour leur cash pooling, les entreprises ont le choix entre faire appel à leur partenaire bancaire ou s’appuyer sur les fonctionnalités de leur système de gestion de trésorerie (TMS) pour gérer manuellement (ou semi-manuellement) leurs remontées. Passage en revue des avantages et inconvénients de chaque solution.
Les raisons qui président à la mise en place d’un cash-pooling sont nombreuses : volonté de centraliser la liquidité du groupe en un point unique, souhait de sécuriser la trésorerie d’une filiale située dans un pays à risque, besoin de favoriser les financements intra-groupe, ou encore objectif d’améliorer la visibilité sur le cash disponible pour placer les excédents en central, etc.
Quel que soit le motif, les entreprises ont le choix pour centraliser leurs liquidités entre faire appel à leur partenaire bancaire ou s’appuyer sur les fonctionnalités de leur système de gestion de trésorerie (TMS) pour gérer manuellement (ou semi-manuellement) leurs remontées. Fondamentalement, il n’y a pas de solution supérieure à l’autre. Le choix entre cash pooling bancaire et cash pooling interne dépend d’abord de l’organisation du groupe, du degré d’autonomie donné à chaque entité opérationnelle et du périmètre sur lequel l’outil de trésorerie est déployé. En effet, le cash pooling interne n’est pas une option envisageable si le TMS n’est pas déjà déployé sur un nombre de filiales et de comptes bancaires important.
Cash pooling bancaire, la solution automatisée
Pour faire simple, le cash pooling bancaire peut être adapté à tout type d’entreprise, des plus petites et moins structurées aux plus grands groupes internationaux souhaitant profiter des services à forte valeur ajoutée offerts par les banques sur ce sujet. Dans tous les cas, le cash pooling bancaire est adapté aux groupes ne disposant pas encore d’un TMS robuste et déployé sur un large périmètre mais qui fonctionnent principalement avec des outils de gestion de trésorerie basiques, ou du web-banking, différents selon les régions.
Par ailleurs, le cash pooling bancaire s’applique généralement sur un périmètre mono-banque et mono-devise. Dans la plupart des cas, un groupe souhaitant centraliser l’ensemble de ses liquidités va mettre en place autant de cash poolings que de devises et de banques. Les cash pooling multi-banques sont bien évidemment possibles mais ils ne sont pas les plus simples ni les moins couteux puisque dépendants des accords Swift signés entre les banques participantes. Les cash pooling multi-devises ne sont quant à eux possibles que de façon « fictive » avec la mise en place de cash pooling « notionnel ».
Chaque soir, la banque centralisatrice relève les positions des comptes participants ou secondaires après les mouvements de la journée, puis procède à un nivellement automatique de ces comptes vers un compte principal. La plupart du temps, les comptes sont mis à zéro, mais un vidage partiel est possible (target balance). Le paramétrage du cash pooling est entièrement externalisé auprès de la banque. S’il permet d’économiser des jours de valeur dans le cas d’un cash pooling mono-banque, le mécanisme est toutefois peu flexible. Une gestion dynamique des fréquences et des seuils de nivellement est difficilement envisageable. Les possibilités de modification sont le plus souvent restreintes à l’ajout ou au retrait d’un compte. Enfin, les utilisateurs pourront faire la désagréable expérience d’un blocage des paiements au débit des comptes secondaires si la limite intraday allouée par la banque est atteinte. Une bonne gestion des prévisions de trésorerie est donc indispensable dans ce type d’organisation.
Globalement, confier la gestion de son cash pool à un partenaire bancaire présente l’avantage de n’y consacrer que peu de ressources en interne. L’opération implique de signer une convention de trésorerie explicitant la relation de prêt-emprunt entre les entités participantes et de signer un contrat de cash pooling avec la banque.
Le coût d’un cash pooling bancaire est généralement proportionnel aux nombre de comptes participants et se négocie avec chaque banque. Aussi, la mise en place d’un cash pooling implique-t-elle une réflexion préalable sur sa structure bancaire. Il est indispensable de rationaliser ses relations bancaires et le nombre de ses comptes pour optimiser le fonctionnement et le coût de son cash pooling. Il est également indispensable de s’assurer que les virements domestiques et internationaux réalisés entre les comptes d’un même groupe bancaire sont bien inclus dans le coût du cash pooling.
Cash pooling interne, le choix de la flexibilité
Pour sa part, le cash pooling interne est souvent privilégié par des groupes structurés, centralisés et habitués à gérer leur trésorerie, leurs placements, voire même leurs paiements en central. La solution sied particulièrement aux groupes disposant d’un nombre de comptes important et d’un logiciel de trésorerie adapté. Son coût est proportionnel au nombre de virements effectués et sa mise en œuvre peut être rapide selon l’outil utilisé.
Le cash pooling interne se caractérise par sa grande flexibilité… à condition toutefois de savoir maîtriser et paramétrer correctement son outil de trésorerie. Le plus souvent, les groupes ayant fait le choix d’un cash pooling interne en limitent leur usage à des mouvements quotidiens d’équilibrage manuels. Mais il est également possible de prédéfinir des règles de gestion dans le TMS permettant d’automatiser le fonctionnement d’un cash pooling. Ce mode de fonctionnement offre une très grande flexibilité, avec notamment la possibilité de modifier à tout moment le périmètre du cash pooling et ses règles associées. Le trésorier reste maître de son organisation avec la possibilité de bloquer des transferts de fonds à tout moment, contrairement aux cash poolings automatisés opérés par une banque. Surtout, les cash poolings internes se déploient sur un périmètre multi-banques et multi-devises.
Le coût bancaire d’un cash pooling interne se rapporte principalement au coût des virements de trésorerie. Ces coûts peuvent être très élevés, notamment ceux relatifs aux virements de trésorerie internationaux. Une négociation avec chaque partenaire bancaire est donc indispensable.
Le cash pooling interne implique également de consacrer des ressources pour paramétrer le système de gestion de trésorerie, avec ou sans l’aide de l’éditeur. Sur le principe, l’outil récupère les relevés de compte MT940 avec les opérations de la veille et se charge de préparer les virements d’équilibrage selon les règles paramétrées. Les nivellements ne sont que partiellement automatisés. En effet, le TMS propose des écritures de nivellement qui doivent ensuite être validées et envoyées en banque selon le workflow de validation et de signature mis en place par le groupe. Contrairement au cas d’un cash pooling bancaire, où les filiales signent un pouvoir au mandataire du cash pooling, dans le cadre d’un cash pooling interne, le trésorier central doit disposer du pouvoir bancaire sur l’ensemble des comptes en local s’il veut être autonome dans la gestion de son organisation.
En conclusion, il n’est pas possible de copier une solution de centralisation des liquidités déjà mise en place dans un autre groupe. L’adoption d’un cash pooling nécessite de mener un audit et une analyse approfondie avant de sélectionner une solution. Par ailleurs, dans le cadre de cash pooling internationaux, il est important de se faire assister sur les problématiques fiscales et réglementaires liées à la centralisation souhaitée. En terme de prix, les deux solutions se valent, à condition d’avoir bien négocié le prix du virement de trésorerie et du cash pooling bancaire. Par ailleurs, les deux solutions ne sont pas exclusives, il est tout à fait envisageable de mettre en place des structures hybrides, où les comptes appartenant à un même groupe bancaire sont centralisés par la banque et les comptes pivots gérés à partir du TMS. A noter également que le cash pooling bancaire, s’il est moins flexible, se valorisera toutefois en termes de side-business dans la relation globale banque-entreprise.