Régulièrement, les directions financières s’interrogent sur le format le plus adapté pour la dette bancaire : crédit renouvelable (RCF) ou prêt à terme (Term Loan) ? Crédit syndiqué ou lignes bilatérales ? Matthieu Guillot, Managing Director, conseil en dette chez Redbridge, fait un point didactique sur la question.

– Pouvez-vous nous présenter brièvement les caractéristiques du RCF ?

– Matthieu Guillot, Redbridge : Le crédit renouvelable (RCF) est l’instrument de la liquidité par excellence pour l’entreprise. Il permet de financer les besoins généraux de l’entreprise et de faire face à des besoins ponctuels de trésorerie, en tirant sur une ligne confirmée généralement sur une période de 5 ans (assortie souvent de deux options de prolongation d’un an). Le remboursement s’effectue in fine.

Le RCF peut intégrer une clause accordéon, qui permet à l’emprunteur d’augmenter le montant de la ligne de crédit sans avoir à obtenir l’accord de l’unanimité des prêteurs.. Il peut également être utilisé comme « swingline » par les emprunteurs ayant des programmes de commercial papers (ex NEUCP, EuroCP, USCP…). La swingline permet de procéder à des tirages en valeur jour..

Le taux d’intérêt, d’une ligne RCF comporte une marge (généralement fonction du levier d’endettement ou du rating), une commission d’utilisation et l’index de la devise (ex Euribor pour des tirages en Euros). Sur la part non tirée du crédit, l’emprunteur paie une commission de non-utilisation. Dans le cas où le RCF est utilisé comme ligne de back-up, il est possible de négocier des marges serrées,  – un crédit non tiré génère en effet un coût de liquidité très faible pour les banques.

A noter que le RCF peut (et devra de plus en plus) intégrer des critères ESG (environnementaux, sociaux et de gouvernance) sous la forme de Sustainability-Linked Loans (SLL) avec généralement 2-3 indicateurs de performances et des trajectoires d’engagement durable de l’entreprise fixées sur la durée du crédit.

– Que faut-il savoir sur le term loan ?

– Le term loan est un crédit bancaire à moyen terme qui permet à l’entreprise de financer ses investissements ou ses acquisitions. La maturité du term loan peut aller jusqu’à 7 ans. C’est généralement un crédit amortissable, même s’il est possible de négocier une part « bullet » importante.

Il est possible et conseillé de prévoir une période de disponibilité (pendant laquelle le crédit peut être tiré) relativement longue, jusqu’à 3 ans.

Le term loan peut également prévoir une clause accordéon.

Le taux d’intérêt d’un crédit à terme comporte une marge (généralement fonction du levier d’endettement ou du rating) et l’index de la devise (ex Euribor pour des tirages en Euros). Sur la part non tirée du crédit, l’emprunteur paie une commission de non-utilisation.

– Comment les grands groupes et les ETI utilisent ces instruments ?

– Les grands groupes (type CAC40) ont généralement recours au RCF pour assurer leur liquidité : celui-ci sert de back-up à leurs programmes de CP. Ils souscrivent un term loan généralement lors d’un financement d’acquisition, dans le cadre d’un mix crédit relais (sur des émissions sur les marchés de capitaux) / crédit à 3-5 ans, avec ou sans prise ferme par des banques.

Pour leur part, les ETI utilisent souvent le RCF en back-up ou pour financer leurs besoins en fonds de roulement (BFR), même si l’instrument peut aussi être mobilisé pour financer la croissance. Les term loans sont plutôt utilisés par les ETI dans le cadre du (pré) financement des capex et des acquisitions (d’où l’intérêt d’avoir des périodes de disponibilité prolongées).

– En matière de dette bancaire, vaut-il mieux syndiquer ou privilégier des lignes bilatérales ?

– Les deux formats peuvent en réalité se compléter et être utilisés de manière conjointe pour répondre aux besoins de financement de l’entreprise, mais pour répondre à la question, commençons par passer en revue les avantages et inconvénients des syndiqués et des lignes bilatérales.

Le crédit syndiqué présente plusieurs avantages pour les entreprises. Tout d’abord, la documentation juridique associée à un crédit syndiqué peut servir de référence pour d’autres financements, notamment dans le cadre de financements d’acquisition. Ensuite, le crédit syndiqué permet de couvrir un spectre large des besoins de financement de l’entreprise : besoin en fonds de roulement (BFR), financement d’acquisitions, projets d’investissement (capex). La profondeur de marché de la syndication est significative, ce qui permet à l’entreprise de lever des montants importants de dette bancaire. Enfin, le crédit syndiqué est particulièrement adapté pour les financements d’acquisition, car il permet de réunir dans un délai court un pool de banques prêteuses.

Les lignes bilatérales présentent également des avantages pour les entreprises. Elles sont généralement souscrites à des prix compétitifs, car la relation avec la banque joue beaucoup. La documentation juridique est généralement plus souple et plus facile à négocier que celle associée à un crédit syndiqué. Il convient toutefois de bien veiller à aligner les documentations des différentes lignes, pour conserver une documentation homogène, comme dans un syndiqué.

– Pourquoi convient-il de mixer crédit syndiqué et lignes bilatérales ?

– Le crédit syndiqué est plus cher, mais permet de lever des montants plus importants. Les lignes bilatérales rencontrent un appétit plus faible des prêteurs et la gestion des évènements de crédit (waivers / amendements) y est plus risquée. La gestion administrative des lignes bilatérales est également plus lourde sur tous les volets : autant de négociations, refinancements, tirages, remboursements que de crédits bilatéraux

Dans une stratégie de financement d’entreprise, il peut être judicieux de mixer crédit syndiqué et lignes bilatérales pour bénéficier des avantages de chaque format de dette bancaire.

Par exemple, le crédit syndiqué peut être utilisé pour financer la holding de l’entreprise, tandis que les lignes bilatérales peuvent être utilisées pour financer les filiales.

Enfin, le crédit syndiqué peut être utilisé comme une ligne de back up pour les besoins de trésorerie de l’entreprise, tandis que les lignes bilatérales peuvent être utilisées pour financer les besoins courants.

 

 

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