Dans le cadre d’une mission récente d’optimisation du trade finance, Redbridge a trouvé des voies innovantes pour optimiser les crédits documentaires à l’exportation. A la clé, aucun impact sur la relation bancaire et une amélioration du DSO et du DIO, explique Alexandre Bousquenaud, senior director – conseil en trésorerie chez Redbridge.

– Y-a-t-il un potentiel d’optimisation pour les crédits documentaires export ?
– Le crédit documentaire à l’exportation est un outil permettant de maîtriser le risque de non-paiement de ses opérations de vente à l’étranger. C’est un pur moyen de paiement, à la différence du crédit documentaire à l’importation, qui est lui associé à une ligne financement.

Pour optimiser ce service, il faut bien comprendre les composantes de son prix. Elles sont au nombre de trois : une assurance contre le risque de non-paiement de la banque émettrice (qui elle-même se substitue à l’acheteur) ; le coût de la gestion administrative du contrat par la banque notificatrice ; et enfin la rémunération du réseau de contreparties à la transaction.

La composante assurantielle est fixée en fonction du risque pays de l’acheteur. Elle ne présente pas de potentiel de négociation directe significatif avec la banque notificatrice. En revanche, il est possible d’agir sur les deux autres composantes, sans forcément entrer dans une négociation frontale avec sa banque, mais plutôt en modifiant le traitement de ses credocs export.

– Concrètement, comment optimiser les frais de gestion administrative du crédit documentaire à l’exportation ?
– La gestion administrative du crédoc export par la banque notificatrice donne lieu à différents type de frais : frais de vérification des documents (handling fees), les frais d’irrégularités, les frais de courriers et de potentiels frais divers (SWIFT, amendements…)

Sur ces frais de gestion, le trésorier est fondé à demander la suppression de toute commission proportionnelle, à remplacer par une facturation à l’acte (hors frais de confirmation bien sûr). Ensuite, des économies importantes peuvent être réalisées sur l’affranchissement des envois postaux, en souscrivant au service de dématérialisation des documents de sa banque. La relation bancaire est positivement impactée par ce changement, dans la mesure où la banque notificatrice vend un service supplémentaire, alors qu’elle ne se contentait jusqu’ici que de refacturer les frais d’envoi par courrier.

Outre la réduction des frais d’envois, la dématérialisation des documents permet de raccourcir le délai de traitement des crédocs export. Dans la mesure où l’acheminement des documents est instantané, l’exportateur peut gagner facilement plusieurs jours de DSO et améliorer d’autant son besoin en fonds de roulement ! L’exportateur peut également réaliser des économies sur le coût de stockage, dans la mesure où ses marchandises sont expédiées plus rapidement !

L’envoi d’instructions à l’acheteur en amont de l’opération et le raccourcissement du délai de traitement du crédit documentaire export constitue donc un gisement d’économies substantiel.

– Est-il possible de limiter les frais de correspondants ?
– Il est difficile de négocier les frais du réseau de correspondants facturés par la banque notificatrice. Il n’est pas non plus aisé de demander à sa banque de changer son réseau de correspondant. En revanche, les exportateurs peuvent agir pour limiter les frais d’irrégularités et éviter de couteux aller-retour de documents entre les banques. Comment ? En se dotant d’un outil chargé de préremplir les champs SWIFT du crédoc export et de vérifier en amont les éventuelles erreurs dans le document. Dans le cadre d’une mission récente d’optimisation des crédocs export, nous avons constaté que ces frais (discrepancies) représentaient 25 % du cout total des crédits documentaires à l’export. La vigilance s’impose donc !

Avoir des documents soigneusement remplis et vérifiés en amont permet également de réduire le délai de traitement du crédit documentaire export. Dans la mesure où les frais de confirmation sont proportionnels à la durée du crédoc, l’exportateur peut à nouveau réduire sa facture et cela sans négocier les taux avec sa banque, ni dégrader l’équilibre de sa relation bancaire.

En conclusion, optimiser les processus pour que les crédocs export partent plus vite et contiennent moins d’irrégularités peut générer des économies substantielles pour les firmes exportatrices et les acteurs du négoce de matières premières. Le sujet est à étudier !

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