Les bénéfices pour les trésoriers de l’initiative SWIFT Global Payment Innovation pointent enfin, avec le lancement cette année par les banques de solutions concrètes pour améliorer la traçabilité et la réconciliation des paiements transfrontaliers.

Présentée comme une révolution qualitative pour les virements transfrontaliers, l’initiative SWIFT Global Payment Innovation (SWIFT gpi) prend doucement corps. En décembre 2015, la centrale de messagerie financière internationale SWIFT invitait la communauté bancaire à se conformer à des règles métiers strictes pour améliorer l’expérience des paiements transfrontaliers. L’objectif ? Garantir une mise à disposition des fonds le jour même sur les paiements internationaux, une transparence et une prévisibilité sur les frais, un suivi des paiements de bout en bout et un transfert des informations de paiement plus riche.

Depuis, plus de 400 banques représentant 80 % des paiements internationaux ont rejoint l’initiative et 124 sont passées en production. La France compte 6 de ces établissements déjà opérationnels, 49 autres travaillant encore à leur projet.

Au final, plus d’un million de virements internationaux empruntent chaque jour un des 1.100 corridors au travers desquels les banques s’engagent sur une devise donnée à respecter le niveau de service GPI. Dans 45 % des cas, ces virements GPI sont traités en moins de cinq minutes.

« A terme, SWIFT gpi va devenir la seule façon de faire des paiements internationaux chez SWIFT », explique Sebastian Rojas, responsable SWIFT gpi pour les entreprises chez SWIFT. Pour y parvenir, la centrale va employer des méthodes volontaristes. En novembre 2018, SWIFT a renforcé les standards des messages de virements que les banques s’échangent entre elles, le MT103.  Chaque banque doit obligatoirement insérer dans le message un champ de 36 caractères permettant de tracer le flux et de donner au client des éléments sur son statut : l’UETR ou Unique-end-to-end transaction reference. Cet élément, qui constitue le socle de la proposition de valeur de SWIFT gpi, était auparavant optionnel.

SWIFT ne compte pas s’arrêter là. « Prochainement, l’envoi d’une confirmation deviendra obligatoire pour chaque banque bénéficiaire, de manière à informer quand le paiement a été reçu. Et à partir de 2020, nous allons rendre obligatoire l’information sur la date de crédit au compte du bénéficiaire, afin de pouvoir retracer correctement le temps qu’aura pris la transaction », ajoute Sebastian Rojas. En complément de son action auprès des banques, SWIFT doit toutefois s’assurer que la référence unique de paiement (UETR) ne soit pas dégradée par les infrastructures de marché par lesquelles l’ordre transite. A défaut, les efforts des banques pour rendre les virements internationaux plus transparents seraient juste inutiles.

Quelles avancées concrètes les entreprises peuvent-elles attendre de ces développements ? Le fait qu’une banque se déclare opérationnelle pour une devise donnée sur une qualité de service GPI promet que le virement sera traité sans perte de jour de valeur. C’est un premier bénéfice immédiat (et gratuit !) de l’initiative SWIFT gpi. Pour Sabrina Fromager, chef produit paiements internationaux à la Société Générale, « chaque trésorier doit s’informer sur quelles devises sa banque est opérationnelle sur une qualité de service GPI ».

Au-delà, de nombreux développements sont à mener au sein de l’industrie bancaire et par les éditeurs de logiciels de trésorerie pour répondre aux attentes d’une transparence et d’une traçabilité accrue des paiements. « Aujourd’hui, la visibilité sur les paiements dépasse difficilement la banque émettrice. Nous voulons connaître rapidement le cheminement du paiement jusqu’à la banque bénéficiaire, étape par étape, en particulier sur les paiements les plus sensibles tels que ceux liés à des opérations stratégiques, ainsi que sur les paiements en devises sujettes à des problématiques de traçabilité accrue dans le cadre des processus de screening et la lutte anti-fraude. », explique Jacques Molgo, vice-president Corporate Finance & Treasury d’Air Liquide. « Nous voulons également plus de transparence sur les commissions prélevées avant l’arrivée du paiement. Enfin, nous aurons à l’avenir plus envie de travailler avec une banque qui sera capable de donner rapidement et régulièrement des informations pour faciliter les processus de réconciliation », ajoute-t-il.

Les réponses à ces attentes s’élaborent entre banques, éditeurs et entreprises pilotes, sous l’égide de l’initiative SWIFT G4C (GPI for Corporates). L’idée maîtresse est de confier à l’entreprise la possibilité de générer elle-même la référence unique de paiement (UETR) à partir d’un portail bancaire ou d’un outil de trésorerie, et ce de manière à faciliter la réconciliation du paiement. « Société Générale participe aux pilotes G4C. Au sein du groupe de travail, il a fallu commencer par s’entendre sur les spécifications du champ de 36 caractères de la référence de suivi que peut générer le corporate. La trésorerie pourra envoyer un message de virement MT 101 ou pain.001. La banque le transforme en message interbancaire MT 103, sans abimer l’UETR, ce qui facilitera la réconciliation des paiements », explique Sabrina Fromager. En ce qui concerne les restitutions, la banque instructrice relaie en amont les messages MT 199 / pain.002 au fil de l’eau. La banque de l’initiateur publie immédiatement ces messages sur son portail.

Quelques banques (16 pour être précis) proposent déjà d’intégrer les informations de GPI dans leurs portails bancaires. SWIFT a également testé la génération d’UETR et les fonctionnalités de tracking multibancaires avec quelques éditeurs pilotes (Microsoft, Gtreasury, Bellin, AccessPay, Kyriba). L’objectif est d’éviter à chaque entreprise d’avoir à multiplier les manipulations sur les portails bancaires. Le service G4C sera officiellement proposé à l’ensemble des corporates connectés à SWIFT dans la seconde partie de l’année. Au troisième trimestre, SWIFT a prévu de lancer un pilote de notifications permettant de suivre les paiements à recevoir.

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