Hausse des taux, hausse des marges, finance durable et Green NEU CP. L’AFTE a partagé en amont de son rendez-vous annuel des 15 et 16 novembre à Paris son analyse sur les grands sujets d’actualité du trésorier.

Les Journées d’étude de l’AFTE, rendez-vous annuel des professionnels de la trésorerie, se sont déroulés cette semaine au Palais Brogniart à Paris. Le programme cette année était articulé autour de cinq grands thèmes.

  1. Focus sur la hausse des prix et des taux, avec un atelier intéressant sur le concept de frontière efficiente des couvertures de change ;
  2. Focus international, où il sera question de risque géopolitique ;
  3. Financements ESG, avec des ateliers qui viendront éclairer sur les apports de l’énergie verte dans les KPIs ESG et démystifier les contrats virtuels d’échange d’énergie ;
  4. Digitalisation du métier de trésorier, où il sera question de l’avenir du modèle bancaire et des enjeux à MT de la finance décentralisée ;
  5. Elargissement du rôle du trésorier, et plus particulièrement son rôle à jouer dans le financement du M&A et l’allocation du capital.

Lors du déjeuner de presse tenu en amont des Journées, le président de l’AFTE, Daniel Biarneix, ainsi que les deux co-rapporteurs de l’évènement, Hélène Brunou (Voltalia) et Matthieu Bouchery (Orange) ont commenté les grands sujets d’actualité pour les trésoriers, parmi lesquels l’évolution des marges de crédit et le développement de la finance durable.

Marges de crédit bancaire

La rapidité avec laquelle les taux sont remontés sur le marché obligataire à la fin de l’été (le compartiment high yield a fait les frais de ce repricing violent) marque le grand retour du financement bancaire. Si les hausses de marges des crédits bancaires sont plus contenues que sur les financements désintermédiés, le président de l’AFTE s’est toutefois montré agacé par l’attitude de certains banquiers sur le sujet précis du flooring de l’Euribor, imposé dans les documentations de crédit par les prêteurs pour fixer une limite à la baisse du prix des financements. « Maintenant que l’Euribor est repassé en territoire positif, certaines banques ont le toupet de demander la surmarge que leur octroyait le plancher fixé sur l’Euribor ! », a en substance fait valoir Daniel Biarneix. La vigilance s’impose…

Financement durables

En matière de financement durable, le président a rappelé son attachement à ce que la transition vers les financements ESG suive trois principes simples : inclusive, incitative, et dynamique. Inclusive veut dire qu’aucune entreprise ne doit être mise à l’écart du mouvement vers la finance durable en raison de son secteur d’activité. Incitative signifie qu’il doit y avoir un intérêt à promouvoir l’intégration de critères ESG dans les documentations de financements. Enfin, dynamique signifie qu’il faut prendre en compte la trajectoire globale de l’entreprise, plus que les objectifs ESG fixés.

En matière de notation extra-financière, l’AFTE appelle à de la lisibilité dans les méthodes, à une simplification dans les indicateurs et de la clarté dans les modes de rémunération.

Green NEU CP

Sur les NEU CP verts, Daniel Biarneix a rappelé que quelques financements court terme fléchés avaient déjà été émis, mais qu’un NEU CP de type sustainability-linked semblait plus compliqué à mettre en œuvre, en raison du découplage entre objectifs de long terme et financement court terme. L’AFTE estime toutefois qu’il serait possible (et Redbridge partage ce point de vue) d’envisager le mécanisme suivant : l’émetteur de Green NEU CP prendrait des engagements avec des rendez-vous annuels. Dans le cas où l’émetteur échouerait à atteindre ses objectifs ESG, il ne verserait pas de coupon additionnel aux investisseurs, car le papier sera déjà remboursé. En revanche, il serait possible de calculer l’encours moyen de Green NEU CP de l’émetteur sur l’année écoulée et de déterminer une pénalité à reverser à une ONG œuvrant pour une cause environnementale ou sociale.

Au cours de l’échange, Daniel Biarneix a rappelé que les investisseurs et les prêteurs bénéficiaient aujourd’hui du malus versé par l’emprunteur en cas de non-respect des objectifs ESG fixés dans la documentation du financement. Interrogé sur la possibilité que demain, ce malus vienne obligatoirement financer une action en faveur du développement durable, plutôt que la marge du prêteur, l’AFTE s’est déclarée agnostique, renvoyant ce point du fléchage du malus à la négociation commerciale.

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