Le délégué général de Mercatel, Jean-Michel Chanavas,  passe pour Redbridge en revue l’actualité de rentrée du monde des paiements. Conséquences de la crise sanitaire, initiative EPI, nouveaux moyens de paiements, virement instantané. Pour lui, une forte mobilisation s’impose pour concrétiser prochainement l’évidence du temps réel dans les paiements !

Cette rentrée est marquée par les conséquences de la crise sanitaire.

À plusieurs titres, le passage au plafond de 50 euros pour le paiement sans contact par carte est emblématique de la séquence Covid-19. D’une part, il confirme l’engouement pour les paiements électroniques et, en particulier, pour des versions modernisées comme le paiement sans contact. D’autre part, il démontre le caractère évolutif du monde des paiements, dès lors que les clients des établissements bancaires, payeurs et payés, trouvent un fort intérêt aux évolutions proposées.

Enfin, une nouvelle preuve est apportée de la capacité de l’écosystème français et des établissements bancaires à apporter des réponses rapides et efficaces, en lien avec le Groupement CB et l’autorité publique. La forte croissance du paiement sans contact par carte et, en parallèle, la baisse de l’utilisation des espèces s’accompagnent d’une augmentation générale des paiements électroniques tirée par les différents modes de vente à distance. Elles contribuent à une prise de conscience des entreprises de l’importance, voire du niveau stratégique du sujet de ces paiements, qu’il s’agisse de leur coût, du niveau de la fraude ou de leur nécessaire résilience.

À cet égard, le plan de migration de la Place visant à la mise en conformité avec la DSP2, et plus précisément avec les règles définissant les modalités d’application de l’authentification forte, constitue un point essentiel. Retardée par la crise, cette migration implique l’ensemble des acteurs :  Commerçants, PATs, acquéreurs, réseaux de paiement et émetteurs qui, chacun de leur côté, doivent faire évoluer les outils dont ils ont la responsabilité. La charge de travail qui y est associée va nécessiter une forte mobilisation afin que cette migration soit achevée d’ici à l’été 2021.

Les commerçants y sont d’autant plus sensibles que leur volume d’affaires devient particulièrement dépendant du niveau de performance des outils qui sont utilisés. Ils seront particulièrement attentifs aux solutions qui seront proposées permettant de maintenir, quelles que soient les circonstances, une continuité d’activité.

Modernité, intérêt commun, coopération, c’est sous ce triple signe que nous aimerions que soit placée l’initiative EPI, confirmée cet été par 16 banques européennes – dont les six plus importantes en France – et qui pourrait être un projet majeur.

  • La modernité est, en l’occurrence, de faire d’abord du virement instantané et du temps réel les composants de base de ce nouveau et premier moyen de paiement européen.
  • L’intérêt commun commande une forte implication des autorités publiques européennes qui sont pour partie à l’origine de cette initiative placée sous le sceau de la nécessité d’une indépendance (ou moindre dépendance) en matière de paiement, dans un contexte géopolitique marqué par la confrontation entre les États-Unis et la Chine. L’élaboration en cours d’une stratégie européenne des paiements semble démontrer cette implication qui devra se doubler d’un engagement des autorités et des structures nationales, tant il sera compliqué de tendre vers un objectif unique à partir de situations de départ extrêmement diverses.
  • La coopération sera une des clés de la réussite : la prise en compte des avis et intérêts de l’ensemble des parties, commerçants au sens large aussi bien que consommateurs, est une des conditions de la réussite, en particulier sous l’angle économique.

En statuant, à ce stade, sur une stabilisation des conditions d’interchange arrêtées par le règlement sur les marchés d’instruments financiers (MIF), la Commission semble envoyer aux banques un signal de compréhension du besoin de trouver là une partie des ressources nécessaires à la construction de l’European Payments Initiative (EPI), conçu comme un schéma à 4 coins, ce qui n’allait pas de soi dans le cadre de l’utilisation du virement.

Les commerçants, quant à eux, sont particulièrement attachés à la poursuite d’une baisse tendancielle du coût relatif des paiements électroniques au fur et à mesure de leur progression en termes de part de marché.

En outre, le planning annoncé pour ce projet, avec un démarrage en 2022, suppose une forte mobilisation de l’ensemble des parties, et singulièrement de la demande, pour disposer d’un parc d’acceptation à la mesure des ambitions. Cela ne va pas de soi quand on connaît, par exemple, les difficultés rencontrées aujourd’hui pour faire évoluer dans son intégralité le parc de terminaux afin de le rendre conforme aux obligations déjà anciennes en matière de choix de la marque.

Enfin, il faudra également convaincre les consommateurs, et plus généralement les payeurs, d’utiliser ce nouveau moyen de paiement européen. Cela impliquera un effort considérable en matière de communication.

En ce qui concerne le paiement en temps réel et le virement instantané, le bilan de l’année écoulée est mitigé. D’une part, le volume de ces paiements reste faible en France et son niveau de notoriété demeure modeste. D’autre part, certaines avancées, de nouvelles briques, rendent possible un décollage à relativement court terme. Le relèvement du plafond à 100 000 € permet d’élargir le potentiel d’utilisation au monde des entreprises. Les interfaces de communication sécurisées (APIs) d’initiation de paiement commencent à fonctionner et une offre, notamment tirée par les nouveaux acteurs que sont les prestataires de services tiers (TPP), voit le jour et rencontre un intérêt manifeste, en particulier du côté des grands marchands.

Un « scheme » européen de « Request to Pay » (solutions consistant à transmettre au payeur une demande de paiement que celui-ci doit approuver), basé sur le virement, devrait voir le jour avant la fin de l’année, ouvrant la voie à de nombreux usages tout en favorisant la convergence des solutions grâce à l’adoption de règles communes. Il pourrait s’adresser tout particulièrement à des structures de taille moyenne – PME et TPE, artisans – en offrant une alternative séduisante au chèque. Enfin, des solutions généralisées entre particuliers, comme Paylib entre amis, devraient permettre d’étendre le champ de l’utilisation et surtout de l’adoption par un grand nombre.

Grâce à ces éléments, l’évidence du temps réel dans les paiements pourrait enfin trouver sa concrétisation et – qui sait ? – contribuer, finalement, au succès de l’EPI.

 

Jean-Michel Chanavas, délégué général Mercatel


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Ainsi que nos entretiens avec :

  • Michel Yvon, Décathlon
  • Charles Lutran, Critéo
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