Pour Eric Gouy, directeur général adjoint en charge des finances de Pierre Fabre, le nouvel accès récurrent aux financements de marché accroît la visibilité auprès des investisseurs et vient soutenir les ambitions de croissance du groupe pharmaceutique et de dermo-cosmétique.

Sans se départir de son identité, le Groupe Pierre Fabre s’est ouvert un accès récurrent aux financements de marché. La direction financière du groupe spécialisé dans l’oncologie, la dermatologie, la santé grand public et la dermo-cosmétique a réalisé fin juin une émission inaugurale de NEU CP d’un montant de 30 millions d’euros. Celle-ci fut rapidement complétée par une seconde émission, qui a porté le programme de titres de créances négociables du groupe à son plafond de 50 millions d’euros.

Ce plafond, inférieur au standard constaté sur le marché du NEU CP pour d’autres programmes d’émetteurs corporate, ne signifie pas que Pierre Fabre nourrit des ambitions limitées sur cette source de financement à bon marché. Non, ce plafond est juste pragmatique, car l’initiative menée par Pierre Fabre est originale.

Le groupe, qui n’est pas noté et ne dispose pas d’instruments financiers admis à la cote sur un marché public (actions comme dette), a suivi une troisième voie pour accéder au marché des NEU CP, en adossant son programme à une garantie bancaire émise dans le cadre de son crédit syndiqué nouvellement amendé pour cela. « Dans la mesure où notre garantie bancaire est liée au plafond du programme de NEU CP déclaré auprès de la Banque de France, il était important d’utiliser immédiatement le programme au maximum de sa capacité pour nous rendre visible auprès des investisseurs et obtenir un coût de financement optimal », explique Martial Brouard, directeur de la trésorerie de Pierre Fabre

Le groupe émet ses NEU CP à taux négatif. Une fois réintégré le coût de la garantie bancaire, l’opération ressort à un coût all-in de quelques points de base et en-deçà du coût de ses financements court-terme disponibles.

Un projet mené en quelques mois

Le projet, mené avec les conseils de Redbridge, a été lancé en début d’année à l’occasion de la renégociation de la facilité de crédit du groupe. « Nous avons commencé par adapter la documentation de notre facilité de crédit, afin d’autoriser des tirages papier via des émissions garanties. En apportant son soutien à cette demande, notre pool bancaire a récompensé nos efforts en matière de profitabilité, de cash flow et d’endettement », souligne Martial Brouard.

Maintenant que le programme de NEU CP est opérationnel, Pierre Fabre travaille à ancrer sa nouvelle signature dans le marché. « La logique voudrait que nos émissions se situent sur les niveaux de prix de celles des signatures bancaires garantissant notre programme. Ce n’est pas le cas aujourd’hui. Toutefois, nous avons observé une amélioration de nos conditions de financement entre notre première et deuxième émission », note Martial Brouard.

Afin d’entretenir ce mouvement vertueux, la direction financière de Pierre Fabre mène une communication active auprès des investisseurs et agents placeurs sur les objectifs de son programme de NEU CP, appelé à évoluer dans le temps.

Perspectives de désintermédiation plus large des financements

2ème acteur mondial en dermo-cosmétique (marques Eau thermale Avène, Klorane, Ducray, René Furterer notamment) et 2ème laboratoire pharmaceutique privé en France, Pierre Fabre réalise un chiffre d’affaires proche de 2,4 milliards d’euros, dont plus de 60% à l’international. Le groupe affiche un endettement net nul, une trésorerie positive et, avant d’émettre des NEU CP, portait une dette brute composée de crédit baux immobiliers et d’un placement privé Euro PP entièrement souscrit par un investisseur institutionnel.

Pour Eric Gouy, directeur général adjoint en charge des Finances , « le programme de NEU CP renforce l’agilité du groupe pour déployer une stratégie ambitieuse ». Le groupe basé à Castres en Occitanie est contrôlé par une fondation reconnue d’utilité publique depuis 1999. Il entend bien continuer à privilégier une stratégie de création de valeur à long-terme qui fait son succès depuis plus de cinq décennies. « Nos ambitions de croissance imposent toutefois à la direction financière de réfléchir à une évolution des sources de financements. Lancer de nouveaux programmes de R&D et commercialiser des traitements innovants en oncologie ou dermatologie nécessitent d’investir, de nouer des partenariats avec des entreprises de biotechnologies, voire de mener des acquisitions. Dans ce contexte, le programme de NEU CP, qui accroît notre visibilité auprès des investisseurs, ouvre également de nouvelles perspectives vers une désintermédiation plus large de nos financements », conclut Eric Gouy.

Emmanuel Léchère

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