Nous constatons, depuis plusieurs mois, une tendance à la hausse des prix et à la complexification de la structure tarifaire des programmes d’affacturage, conduisant le plus souvent à des coûts all in supérieurs de 100 points de base à l’indice. Le premier enseignement de ce constat est qu’une simple lecture de la commission de financement ne suffit pas pour juger de la compétitivité d’un programme d’affacturage. De nombreux autres paramètres sont à analyser, dont, pour certains, il convient à la fois d’évaluer l’intérêt et l’impact sur le coût total réel du financement.
Plusieurs questions émergent. Est-il utile de mettre en place un programme confirmé ? Y a-t-il un réel intérêt à syndiquer ? Quelle maturité ? Quelle est la meilleure option pour l’assurance-crédit ? Quelles sont les différentes strates de frais et commissions ? Quels sont les minimums contractuels ? Quelles sont les conditions financières de résiliation anticipée ?
Tous ces aspects doivent être finement examinés, en regard de la situation du cédant, pour prétendre à un programme d’affacturage flexible et compétitif !
Au regard du risque réel porté par le factor et de la qualité des créances cédées, le coût all in apparaît parfois biaisé, sinon clairement surévalué. Il ne reflète pas le risque d’un portage situé généralement entre 40 et 60 jours, même si bien évidemment ce portage est dans certains cas perpétuellement reconduit.
Voici quelques situations propres à faire dériver les prix.
Premier exemple, des maturités contractuelles de cinq ans sont parfois présentées comme une sécurisation optimale du financement court terme. Mais le cédant fait-il une si bonne affaire en s’engageant sur un tel horizon? Disposer d’une maturité confirmée au-delà d’un an peut être pertinent, au regard notamment de l’analyse de la liquidité par les agences de notation (voire de la dette déconsolidée retraitée) et dans cette logique, prolonger la maturité paraît cohérent. Mais de là à signer pour cinq ans, le raisonnement mérite d’être réexaminé en fonction de la situation du corporate. Schématiquement, pour un corporate pour qui l’affacturage est une réelle source de financement, cela peut avoir un intérêt, tandis que dans le cas où l’affacturage vise plus le BFR et le free cash flow, d’autres alternatives plus compétitives sont envisageables. Quoiqu’il en soit, la maturité doit être mise en regard des conditions de sortie. Il ne faudrait pas qu’une résiliation anticipée entraine des « pénalités » ou des sommes à payer qui empêchent toute optimisation.
Deuxième exemple, celui de l’assurance crédit. Il peut être intéressant financièrement et opérationnellement que l’assurance-crédit soit souscrite par le factor et que donc le coût soit répercuté dans la marge. Les différentes options doivent être mises en concurrence ou testées dans le cadre d’un appel d’offres structurégarantissant la bonne prise en compte de l’ensemble des frais.
Dernier exemple. Le coût des conseils et/ou intermédiaires, qui ne se voit pas toujours. Toute rétrocession de courtage est bien évidemment prise en compte dans la proposition des factors, et le cas échéant des assureurs-crédit. Il s’agit là donc de décortiquer l’impact plein, pas seulement sur une année mais sur l’ensemble de la durée du contrat.
Prix de marché
Il est tentant, pour un corporate mettant en place un programme d’affacturage, de privilégier une solution « sans coût apparent », où les commissions du conseil et/ou du courtier sont intégrées au dispositif via le factor ou l’assureur crédit. Mais est-ce réellement une bonne affaire si le prix final payé est supérieur de plusieurs dizaines de points de base, avec une structure tarifaire rendue opaque par mille-feuille de commissions ?
Bref, dans bien des cas, les coûts cachés sont nombreux, sans parler de la commission d’affacturage. On observe nombre de déséquilibres dans la conception des programmes.
Redbridge accompagne les entreprises dans la mise en place, l’évaluation et la renégociation de leurs programmes d’affacturage. Notre rôle est d’apporter une lecture indépendante, technique et orientée résultats des solutions disponibles sur le marché. Notre connaissance fine des acteurs et des structures de coût nous permet d’identifier les leviers d’amélioration, tant sur le pricing que sur les conditions opérationnelles et contractuelles. L’affacturage reste un outil puissant de financement court terme. A condition de respecter des conditions équilibrées et transparentes.
Le marché français de l’affacturage, premier d’Europe et deuxième au niveau mondial derrière la Chine, dépasse les 425 milliards d’euros de créances achetées chaque année. Bien que concentré sur une dizaine de gros acteurs, majoritairement filiales de grands groupes bancaires, et complété par quelques fintechs venues dynamiser l’offre, ce marché reste très concurrentiel. Aussi, un corporate cédant (ou ses filiales) bénéficiant d’une qualité de crédit « investment grade » et proposant des portefeuilles de créances et de débiteurs cédés de qualité (dilution faible, pas de sinistralité significative, taux d’impayé au-delà de 60 ou 90 jours faible) dispose d’un pouvoir de négociation important. Il peut se refinancer aisément, souvent à des conditions identiques voire plus favorables, dès lors que le marché évolue positivement.