La transition vers de nouveaux indices de référence pour le marché monétaire nécessite d’être étudiée de près par la direction financière de l’entreprise. Tout contrat lié de manière directe ou indirecte aux indices IBOR doit être examiné. Le chantier concerne de nombreux sujets.

Le chantier de remplacement des indices LIBOR, références des marchés monétaires des principales devises internationales (USD, JPY, GBP, CHF et dans une moindre mesure EUR), est entré en phase opérationnelle. Emboitant le pas de la Réserve Fédérale de New York, qui a initié le fixing quotidien du Secured Overnight Financing Rate (SOFR) le 3 avril, avec un écart de 10 points de base au-dessus du taux des Fed funds, la Banque d’Angleterre (BOE) a publié ce mardi la première cotation du Sterling Overnight Index Average (SONIA).

Une courbe de termes à construire

Contrairement aux indices LIBOR, qui fournissent une projection de l’évolution des conditions sur le marché interbancaire à partir des jugements d’experts d’un panel de banques, le SOFR comme le SONIA sont des taux au jour le jour. Ils sont déterminés sur le prix de transactions réelles, ce qui présente l’avantage de limiter les risques de manipulation. Ils ne sont pas exposés non plus à la composante crédit reflétant les coûts d’emprunt des banques, qui fut une source de volatilité des indices IBOR au plus fort de la dernière crise financière. Ainsi, le SOFR est basé sur les opérations de refinancement collatéralisés (repo) sur les titres du Trésor américain de la veille. Le SONIA est pour sa part un indice ‘unsecured’, fondé sur le taux moyen des opérations de prêt au jour-le-jour non-garanties en sterling du marché londonien.

Aux Etats-Unis comme au Royaume-Uni, les acteurs de marché s’organisent pour doter les deux indices d’une courbe de termes. Le Chicago Mercantile Exchange (CME) lancera début mai des futures indexés sur le SOFR, de périodicités mensuelle et trimestrielle. CurveGlobal, plate-forme de dérivés de taux d’intérêt du London Stock Exchange, offrira à la fin du mois d’avril un future à trois mois sur le SONIA. Pour s’imposer comme nouvelles références du marché monétaire, ces contrats devront toutefois attirer une liquidité suffisante.

La Financial Conduct Authority souhaite la disparition des indices LIBOR à la fin de l’année 2021. Passé cette date, cette référence ne s’imposera plus aux entreprises. Sur le marché monétaire euro, les indices EONIA et EURIBOR sont également contraints d’évoluer. L’European Money Markets Institute (EMMI) a soumis à commentaires jusqu’au 15 mai une méthodologie hybride, destinée à asseoir plus largement le calcul des taux monétaires sur des transactions de marché.

Enjeux pour l’entreprise

La transition vers de nouvelles références pour le marché monétaire nécessite d’être étudiée de près par la direction financière de l’entreprise. Tout contrat lié de manière directe ou indirecte aux indices IBOR doit être examiné. Le chantier concerne de nombreux sujets. Par exemple, en matière de trésorerie, cash pooling et liquidité, il s’agit de revoir les méthodes de calcul des taux des prêts intragroupe et les accords de cash pooling (impact sur les intérêts créditeurs / débiteurs), revoir au besoin les contrats ISDA (notamment les aspects de garanties bancaires) et enfin, revoir au besoin les contrats de financement (découverts, lignes de crédit, placements privés), notamment pour que le calcul des intérêts bascule automatiquement sur les nouveaux indices avalisés par les marchés pour ne pas risquer se voir appliquer une clause de coût des fonds, ou pire, se voire rehausser les grilles de marge.

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