TMS – L’adoption de l’informatique en nuage pour les opérations de trésorerie fait encore débat. A l’occasion du dernier Eurofinance qui s’est tenu à Vienne le mois dernier, Bellin, FIS, Kyriba, Reval et SAP ont comparé les mérites et les limites des solutions de trésorerie proposées en mode Software as a Service (SaaS).

L’informatique en nuage, plus connue sous le terme de « cloud computing », fait depuis plusieurs années déjà partie intégrante du quotidien de chacun. Sans cette technologie, impossible d’accéder à son service de messagerie électronique en tout lieu à partir d’une simple connexion Internet, d’écouter de la musique en ligne, de partager des photos avec sa famille et amis sur la toile, ou encore de consulter et de passer des opérations à partir de son compte bancaire depuis son téléphone portable.

Rétrospectivement, il apparaît clairement que les bénéfices du cloud ont facilement vaincu les réticences initiales des consommateurs, en particulier celles relatives aux aspects de protection de la vie privée. Si le développement de la technologie cloud au sein de l’entreprise est lui aussi indéniable, l’adoption de l’informatique en nuage pour les opérations de trésorerie fait encore débat.

Connectivité

Maîtrise des coûts, mises à jour automatiques, accessibilité, rapidité de déploiement comptent parmi les points régulièrement mis en avant par les plus fervents promoteurs des solutions de trésorerie en mode SaaS. Une phrase prononcée par Rob Stark, vice-president strategy de Kyriba U.S., illustre la vision qu’a eu cet éditeur lorsqu’il a fait le choix exclusif du mode SaaS pour ses outils de trésorerie il y a dix ans: « Les smartphones sont de véritables mini-ordinateurs. Le cloud permet aux solutions de trésorerie d’être reliées à ces machines glissées en permanence dans notre poche ».

En effet, la mobilité et l’accessibilité des outils de trésorerie n’est pas perçue comme un gadget par les utilisateurs. Une enquête Redbridge auprès des entreprises révélait, en 2015, la préférence des trésoriers pour des solutions permettant de se connecter à distance et sur des smartphones et tablettes, à l’occasion du remplacement de leur système de trésorerie.

Déploiement

La capacité à déployer une même plate-forme à l’échelle mondiale, et ce dans des délais réduits, constitue un autre avantage attribué au cloud. « Les outils en mode SaaS sont construits pour être déployés rapidement. Les gains de temps sont particulièrement significatifs lors de déploiements à l’international », explique Raphaël Leprette, Senior Director, Conseil en Trésorerie chez Redbridge.

Enfin, une fois déployées, les solutions en mode SaaS se distinguent par des mises à jour régulières, permettant aux utilisateurs de travailler avec un outil intégrant les évolutions réglementaires, techniques, voire celles liées à l’environnement des marchés (calendrier des jours ouvrés, taux négatifs, etc.). Alors que la durée de vie moyenne d’un outil de trésorerie s’élevait à dix ans, selon la dernière enquête sur les outils de trésorerie menée par Redbridge, la généralisation du SaaS promet de rallonger cette durée de vie.

Capex vs Opex

Les solutions en mode SaaS se distinguent également sur les aspects relatifs aux coûts d’acquisition et d’utilisation. Pour Raphaël Leprette, « le modèle tarifaire des outils en mode SaaS est favorable aux sociétés qui veulent se doter d’un tel outil, car il transfère une dépense d’investissement (capex) vers une dépense d’exploitation (opex). A noter que ce modèle tarifaire des solutions Saas, sans acquisition de licence mais avec abonnement annuel, n’est pas intrinsèquement lié à la technologie du ‘cloud computing’ mais résulte plus de la stratégie commerciale des éditeurs ».

Au-delà, les entreprises n’ont plus la volonté d’assurer la maintenance en interne d’outils partout dans le monde. Avec le cloud, « la responsabilité de la maintenance bascule du support interne vers le support externe », fait valoir Peter Seward, vice-president Product Strategy chez Reval US. « Les activités de trésorerie exigent des ressources importantes en termes de support, parce qu’il n’est tout simplement pas possible pour une entreprise d’être opérationnelle durant une journée entière sans cette fonction. La comptabilité peut éventuellement attendre si l’outil est indisponible quelques heures, pas la trésorerie », ajoute-t-il.

Concentration des risques

La qualité du support fourni par l’éditeur est donc un point critique à étudier lors de la sélection d’une solution de trésorerie en mode SaaS. Pour Andrew Bateman, responsable des solutions de trésorerie chez FIS (Sungard), « le cloud est plus qu’une technologie, il représente toute la force d’une communauté d’utilisateurs qui donnent à leur éditeur les moyens d’investir dans un support de qualité, de développer les fonctionnalités indispensables à l’évolution des métiers de la trésorerie et de renforcer régulièrement la sécurité des opérations ».

Ce discours sur les bienfaits de la mutualisation peine à convaincre Martin Bellin, fondateur du groupe éponyme. Sur la sécurité, ce dernier fait au contraire valoir « les risques inhérents à une attaque ciblant les serveurs d’un éditeur de premier plan, qui mettrait en péril la trésorerie de centaines voire de milliers d’entreprises ». Aucun mur n’est infranchissable et la concentration d’un groupe important d’entreprises sur un même outil peut aiguiser l’appétit des pirates.

Standardisation

Par ailleurs, sur la question de la mutualisation des développements, Martin Bellin regrette que « le cloud computing induit une standardisation des besoins et n’ouvre pas la possibilité d’adapter son outil aux besoins spécifiques de l’entreprise ». En marge d’une plate-forme en mode Saas, Bellin propose à ses clients une option de cloud privé, permettant d’acheter l’outil de trésorerie et de le personnaliser. SAP propose également cette possibilité, en agréant des éditeurs capables de mener des personnalisations de son outil de trésorerie.

Avant d’arrêter son choix définitif sur le mode d’accès à son futur outil de trésorerie, la direction financière devra considérer son besoin ou non de disposer d’une vision globale sur les prévisions de trésorerie, les paiements effectuées par le groupe et ses différentes filiales, ainsi que sur les transactions intercos. Comme déjà évoqué, le cloud computing permet de connecter plus facilement ses filiales à travers une plate-forme de trésorerie unique. Il rend plus facile le premier pas vers des reportings améliorés, plus fiables et utiles à la prise de décision pour le comité de direction.

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