Entretien avec Michel Yvon, responsable monétique, Décathlon International

– Quels sont les enjeux de la monétique au sein du groupe Décathlon ?

– Décathlon est une enseigne de distribution d’articles de sport et de loisirs, qui réalise un chiffre d’affaires annuel mondial de l’ordre de 13 milliards d’euros, à travers ses 1 500 magasins répartis dans 60 pays et la vente en ligne. Notre monétique est organisée selon une approche omnicanale et notre mission, à la trésorerie, est de fournir des briques de paiement adaptées à la manière dont nos clients achètent nos produits.

Les besoins sont très divers. Un même client peut suivre des parcours d’achat complètement différents selon les moments. Par exemple, pour l’achat d’un article textile dans un magasin en centre-ville, une caisse en libre-service sera la solution privilégiée. Pas besoin de conseil ici. En revanche, sur un achat important, comme dans le cas d’une famille qui viendrait s’équiper entièrement en matériel de randonnée pour ses prochaines vacances, une solution de paiement en trois ou quatre fois proposée en caisse sera appréciée. D’autres parcours s’envisagent sous l’angle de la mobilité, comme une commande de matériel lourd – un banc de musculation ou un tapis de course – que le client souhaitera retirer en mode drive

Pour répondre à ces besoins, nous déployons en central une architecture et des solutions de paiement mutualisables à l’international. À l’échelle locale, des équipes interviennent également pour adapter l’offre de moyens de paiement aux besoins des magasins et aux habitudes de la clientèle.

 

– Sur quelle base se décide le déploiement d’une solution de paiement à l’échelle du groupe ?

– Nous sommes attentifs à la création de valeur apportée par chaque solution de paiement. Répond-elle au besoin d’un client qui, sinon, ne viendrait pas en magasin ? Est-ce que la solution est plus efficiente, en termes de geste de paiement ou bien en termes économiques, comme c’est le cas avec le déliassage ?

Notre schéma directeur des paiements cible les tendances d’avenir sans imposer un parcours client encadré. C’est sur cette base que nous avons travaillé sur l’acquisition transfrontière, ou encore que nous avons mené il y a dix ans nos premiers tests en matière de paiement sans contact. Il arrive également que nous retenions des idées portées par nos opérationnels en magasins. Par exemple, à la demande d’un responsable rayon running, qui souhaitait un argument supplémentaire pour convaincre des clients dubitatifs sur le choix d’une paire de chaussures de course, nous avons proposé une solution baptisée Test Produit, fondée sur les fonctionnalités du mPOS. Une simple empreinte de carte permet de conclure la vente. Si le client est satisfait et ne rapporte pas son achat, il sera débité !

Notre schéma directeur répond à un besoin humain et intègre également les solutions qui fluidifient le paiement : caisses en libre-service, technologie RFID pour une capture instantanée du panier en caisse et solutions mobiles.

À la base, la technologie RFID a été introduite dans nos produits il y a une dizaine d’années pour permettre à chaque magasin de gérer facilement ses inventaires, avec l’aide d’une raquette RFID. L’utilisation dans le cadre du paiement s’est faite progressivement, en passant l’objet au-dessus de la caisse. Ensuite, nous avons créé le bac qui calcule instantanément le coût du panier. Depuis un an, cette solution est généralisée.

Enfin, en matière de paiement mobile, nos spécialistes en rayon sont équipés de tablettes sur lesquelles nous avons déployé des applications permettant de simuler des caisses ou gérer une thématique particulière. C’est un support utile pour notre formule Test Produit.

 

– Avez-vous revu l’organisation de votre monétique dans le cadre de la crise de la Covid-19 ?
– La crise a confirmé la justesse de nos choix en matière de monétique. Nous sommes organisés sans faire de distinctions entre le Web et nos points de vente. Nous avions développé des applications qui se sont révélées utiles pour mettre en place facilement la collecte en magasin des commandes Internet. Le paiement était généré à partir d’une URL. Par ailleurs, nos caisses en magasin sont mobiles. Nous avons pu les déplacer facilement pour respecter les distances de sécurité et laisser le client régler ses achats en toute autonomie.

Enfin, notre architecture centralisée, totalement hébergée, nous a permis de bénéficier au premier jour de la hausse du plafond de paiement sans contact.

 

– Avez-vous des projets pour intégrer le paiement instantané ?
– Ce n’est pas un sujet chez nous, dans la mesure où nous n’avons pas identifié un besoin chez le client de régler immédiatement. En revanche, la technologie qui permet d’échanger des informations de manière instantanée sans forcément débiter le client est intéressante.

 

– Avez-vous étudié la possibilité d’offrir un paiement en cryptomonnaie ?
– Techniquement, ce ne serait pas très compliqué, mais éthiquement parlant, nous ne sommes pas prêts. Les touristes ne représentent pas une clientèle importante pour Décathlon, et nous traitons peu de paiements en devises, via du change dynamique (DCC). Nous proposons cette option localement, notamment dans quelques magasins frontaliers avec la Suisse.

Le Bitcoin, devise ultravolatile, concerne une population très ciblée de geeks ou de personnes qui ne veulent pas être tracées. Dans un but purement publicitaire, nous avons proposé, à l’ouverture d’un magasin au Canada, un programme de cashback dont le paiement était en Bitcoin. Mais intégrer la cryptomonnaie à notre gamme de moyens de paiement ne figure clairement pas à notre agenda, même si, comme sur l’instant payment, la technologie d’utilisation de la blockchain est intéressante.


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La nouvelle revue des moyens de paiements de Redbridge donne la parole aux responsables monétique en entreprise, aux prestataires de services de paiements, aux éditeurs et aux banquiers. Leurs témoignages sont complétés par l’analyse de nos consultants en trésorerie pour saisir l’ensemble des enjeux et des tendances du monde de la monétique.

Paiements innovants, paiements instantanés, e-commerce, fraude, sécurité, schéma directeur des paiements… Sur tous ces sujets, notre nouvelle publication présente le positionnement des acteurs de l’industrie des paiements et fournit un guide sur qui peut faire quoi dans la réussite de votre projet monétique.

A retrouver dans notre ouvrage :

  • Le point de vue de Jean-Michel Chanavas, délégué général de Mercatel
  • Analyse – L’avenir des paiements
  • Analyse – E-commerce, une stratégie pour maximiser ses ventes et lutter contre la fraude
  • Observatoire 2020 du virement instantané – Enquête auprès des banques, des éditeurs et des PSP

 

Ainsi que nos entretiens avec :

  • Michel Yvon, Décathlon
  • Charles Lutran, Critéo
  • Isabelle Olivier, SWIFT…

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