Initialement prévue pour débuter fin novembre 2022, l’adoption par les banques de la norme ISO 20022 pour l’échange de messages de paiement internationaux et de reporting (CBPR+ MT de type 1,2,9) a été reportée de quelques mois. Cette migration au nouveau standard permettra aux banques de proposer de nouveaux services aux entreprises, grâce à l’enrichissement des informations qu’implique ces formats. Petit rappel des faits sur ISO 20022.

L’automne dernier, la BCE a annoncé sa décision de reporter de quatre mois la migration des banques de l’Eurosystème vers le nouveau standard de message ISO 20022 pour les formats de message CBPR+, et ce afin de garantir une transition en douceur.

Soucieuse de garantir la continuité des opérations et des activités dans l’ensemble du système financier mondial, le centrale de messagerie financière internationale Swift a aligné en conséquence son calendrier de migration vers la norme ISO 20022 pour CBPR+ sur celui de la BCE. Ainsi, la période de coexistence entre les normes de messagerie ISO 20022 et MT pour tous les utilisateurs débutera le 20 mars 2023.

À cette date, les banques commenceront à migrer tous leurs messages de paiements transfrontaliers à la norme de messagerie financière ISO 20022, dont les messages sont plus structurés et plus riches en données que le format précédent. La période de coexistence entre les deux standards prendra fin en novembre 2025, date à laquelle les messages MT seront supprimés. Les banques sont libres d’adopter le nouveau format à leur rythme entre mars 2023 et novembre 2025. D’ici là, des outils de traduction en flux les aideront à recevoir des messages dans le format de leur choix.

Quelles sont les implications de la migration vers ISO 20022 ?

À première vue, il semblerait que les entreprises n’aient pas à se préoccuper de la migration vers la norme ISO 20022, car elles ne sont pas impliquées dans la sphère interbancaire. Qui plus est, les entreprises ont déjà la possibilité d’envoyer des messages de paiement au format MX ou via FileAct pour les fichiers ISO volumineux.

Mais la réalité est plus nuancée. L’adoption du nouveau standard ne sera pas neutre pour les entreprises, car ISO 20022 obligera notamment à améliorer les échanges entre les services trésorerie, comptabilité, ventes et achats. En effet les fichiers de paiement transmis aux banques devront être enrichis avec de nouvelles informations plus structurées (adresse complète, etc). En revanche, les données plus riches contenues dans les messages ISO 20022 pourraient également faciliter les rapprochements bancaires, les prévisions de trésorerie et l’efficacité des paiements pour les entreprises.

Pour les banques, la migration vers ISO 20022 est bien plus qu’une question de conformité. Elle va leur permettre de rattraper leur retard sur les fintechs, notamment en matière de paiements instantanés (instant payment).

Lors du SIBOS d’octobre 2022, furent présentés deux cas pratiques potentiels pour la nouvelle norme au cours d’un atelier : l’un pour le secteur de l’assurance, l’autre pour les petites entreprises.

Cas pratique dans le secteur de l’assurance : amélioration du traitement des demandes d’indemnisation

Ce cas pratique concerne le traitement d’une demande d’indemnisation, depuis le dépôt et l’approbation de la demande jusqu’au paiement par chèque et la réconciliation des comptes. À l’heure actuelle, il faut généralement entre 5 et 15 jours pour recevoir le paiement d’une demande d’indemnisation. De plus, les saisies manuelles tout au long du processus peuvent entraîner des erreurs, et le coût global du traitement d’un chèque se situe entre 20 et 30 euros en moyenne. Ce coût peut être réduit à 10 euros en utilisant les capacités de la norme ISO 20022, car la réconciliation est plus facile et il n’est pas nécessaire d’émettre et de comptabiliser un chèque.

En intégrant ISO 20022 dans l’applicatif dédié à la demande d’indemnisation, le client peut suivre le processus d’approbation en temps réel et est notifié lorsque le paiement est reçu. Pour que cela soit possible, la banque doit être en mesure de fournir des API de paiement en temps réel à l’assureur par le biais de l’ERP approprié, de veiller à ce qu’il y ait des contrôles en temps réel sur la fraude et la lutte contre le blanchiment d’argent, et d’envoyer des messages d’accusé de réception en temps réel avec des données structurées sur les versements. Dans ce cas, la norme ISO 20022 est utilisée pour la réconciliation de la transaction.

Cas pratique pour les petites entreprises : paiements échelonnés

Ce cas pratique considère les avantages qu’il y a à relier une plateforme de commande en ligne aux capacités ISO, avec un QR code proposant différents types de paiements sur la base des informations de facturation. Les banques pourraient générer des activités supplémentaires en proposant des financements ou des offres additionnelles à leurs clients en se fondant sur la visibilité accrue de leurs activités offerte par la norme ISO 20022.

Les entreprises doivent investir dans les capacités ISO afin de pouvoir intégrer des données de leurs clients et d’accroître l’automatisation grâce au traitement de bout en bout et à la réconciliation des paiements. Elles doivent également investir dans des capacités numériques supplémentaires. Associés à la norme ISO 20022, ces investissements se traduiront par des avantages significatifs pour leurs clients, tels que la facturation associée à un QR code et la possibilité de suivre l’évolution de leurs commandes en ligne. Les entreprises en tireront également des avantages, tels que des économies significatives grâce au passage d’un processus manuel intensif à un processus automatisé de réconciliation et à l’optimisation des opérations de trésorerie.

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