Table Ronde – A l’invitation de notre équipe conseil en trésorerie, six éditeurs (Cegid, Diapason, FIS, Kyriba, Neofi, Sage) ont partagé le temps d’un atelier avec nos expertes Iris Rousselière et Jéromine Adler leur vision de la transition aux messages ISO 20022 et la manière dont les entreprises pourront en tirer bénéfice

– Pourquoi aucune entreprise ne doit ignorer la norme ISO 20022, si elle souhaite améliorer ses process de trésorerie ?

Iris Rousselière, conseil en trésorerie, Redbridge : La gestion des systèmes comme les demandes de reporting font partie du quotidien du métier de trésorier. La migration au standard ISO 20022 pour les paiements va impacter ces deux aspects et c’est pourquoi il est important que les corporates anticipent le sujet.

Maîtriser la norme ISO 20022 apporte un élément différenciant à l’entreprise, dans le sens où un reporting plus précis envoie un signal fort, tant aux actionnaires qu’aux fournisseurs et aux clients sur le sérieux et la bonne gestion de l’activité.

Jéromine Adler, conseil en trésorerie, Redbridge : Le reporting de trésorerie est une nécessité managériale. Toutes les initiatives de nature à renforcer sa valeur ajoutée permettent au trésorier, aux équipes dirigeantes et à l’entreprise de mieux naviguer dans un contexte incertain.

Aussi, l’adoption de la norme ISO 20022 est une opportunité pour le trésorier de se distinguer et d’accroître sa visibilité au sein de l’entreprise. Elle fournit l’occasion de se mettre en position de guide et de montrer que la trésorerie est actrice de la transformation digitale de l’entreprise.

– Qui est concerné par ISO 20022 et quand débute la migration ?

Guy Moons, FIS : La migration ISO 2OO22 concerne en premier lieu les banques. C’est un projet de migration qui est, en réalité, plutôt un projet de consolidation, de convergence, de simplification et de centralisation. Ce chantier a déjà démarré et va se conclure en novembre 2025.

Guillaume Metman, Kyriba : La migration ISO 20022 commence par les systèmes interbancaires et les banques. S’il n’y a pas de calendrier précis sur quand les corporates verront les bénéfices de la nouvelle norme, au fur et à mesure que les banques auront mis à jour leurs systèmes et seront de plus en plus nombreuses à traiter nativement les ordres de paiement aux nouveaux formats, il sera possible de transporter plus d’informations et ce de l’initiation du paiement jusqu’au relevé de compte.

En conséquence, l’offre de services bancaires va évoluer. Ce renouvellement de l’offre, initié il y a plus d’une dizaine d’années avec le SEPA, s’accélère. Les formats traditionnels de messages de paiement sont en train de tirer leur révérence.

– Quels changements verront concrètement les corporates ?

Guy Moons, FIS : Le premier changement sera de pouvoir véhiculer beaucoup plus d’informations au sein d’un paiement. La structure des messages de paiement ISO 20022 permet d’intégrer des références qui seront conservées tout au long de la chaîne et faciliteront la réconciliation des paiements entrants avec les factures émises. Les données sont plus structurées et le traitement au sein des banques va s’améliorer. Le taux de STP ou straight through processing devrait progresser dès lors que chaque acteur joue son rôle. A la clé, le système de paiement va devenir plus performant et permettra de proposer plus de solutions.

Guillaume Metman, Kyriba : L’élément peut-être le plus concret à venir pour l’entreprise concerne l’exigence nouvelle sur les adresses. La réglementation exige d’envoyer dans nos systèmes de paiement des adresses de plus en plus précises. Les anciens formats comme le CFONB 320 en France ne pourront pas véhiculer ces informations. Ils sont donc condamnés à moyen terme.

– Quelles actions la trésorerie doit-elle entreprendre pour tirer bénéfice de la norme ISO 20022 ?

Patrick Bert, Neofi : La première chose qu’un trésorier doit faire est de demander à sa banque si elle propose déjà les nouveaux formats qui viendront remplacer les messages MT 101 et MT940 utilisés pour les émissions de paiements et les récupérations des relevés. Les questions sont : puis-je récupérer des relevés au format CAMT 053 ? En ce qui concerne les ordres de paiements, quand passerez-vous en PAIN 001 full XML ?

Abdenasser Chahi, Sage : Une fois discutés ces éléments relatifs aux formats de messages avec ses banques, il va falloir s’assurer en interne que l’ensemble des applicatifs de l’entreprise pourront bien exploiter ces nouveaux flux. Il y aura probablement des besoins de conversion d’un format fixe vers un format XML, et vice versa, pour restituer vers des sorties de comptabilité le résultat de ce travail fait à l’intérieur du TMS.

Patrick Bert, Neofi : C’est donc un projet en deux temps, coté banques et coté trésorerie, avec un chantier conséquent pour s’assurer que tous ces nouveaux formats sont correctement intégrés ou convertis si besoin.

– Le standard ISO 20022 bénéficiera-t-il à d’autres départements que la trésorerie ?

Eric Gayno, Cegid : Il est toujours permis de rapprocher un virement de trésorerie avec quelques informations, mais la valeur ajoutée de la norme ISO s’observe au niveau des chaînes de rapprochement comptable et des retours dans les ERP.  Là, il sera possible de procéder à des lettrages automatiques plus systématiquement, comme nos amis belges le font déjà très bien !

Avec la migration à ISO 20022, il est important de se projeter sur la facturation électronique. C’est la prochaine grande réglementation qui attend les entreprises. Cette réglementation va permettre de mieux faire le lien entre les factures et les paiements.

Les entreprises vont enfin pouvoir optimiser leur chaîne de rapprochement, d’une part, et d’autre part, si elles le souhaitent, renforcer la finesse de leurs prévisions de trésorerie : arrêter de travailler au niveau des paiements et peut-être avoir des prévisions factures par facture. C’est un des gains que l’on attend de ces nouvelles technologies.

Alexandre Sortais, MCC/Diapason : Rappelons enfin que la migration ISO ne concerne que les formats de paiements. Les opérations financières et les confirmations des opérations financières restent sur les messages MT qui sont transmis par la messagerie FIN. Tout ce qui est confirmation d’opérations de marché, de type MT300 et MT500, ne seront pas compris dans le périmètre de la migration.

Finalement, les entreprises vont refaire en 2022-2023 ce qu’elles ont fait en 2012 lors du passage au SEPA et vont en profiter pour rationaliser leur chaîne de paiement et passer en full XML. Cela ne doit pas être un sujet particulier, peut-être à l’exception du sujet des adresses. Il y aura en effet des modifications à faire au niveau du référentiel pour que cette information soit correctement véhiculée à la banque.

Eric Gayno, Cegid : En conclusion, ce projet d’ordre réglementaire pour les banques doit être aussi considéré par les entreprises comme une opportunité de rationaliser ses systèmes et d’améliorer sa productivité. L’enjeu est de simplifier ses formats bancaires pour tout passer sur XML, ne plus avoir de formats locaux et n’utiliser qu’un seul format au sein de l’organisation !

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